Carnet de route : Je reviens de Télimélé, et j’en pleure !

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Samedi 21 décembre, nous quittons Conakry pour Télimélé aux environs de 06h du matin. Le premier choc intervient lorsqu’on arrive au rond-point de Kagbellen. Nous avions l’habitude de virer à droite en passant devant les usines de tôles pour rejoindre la nationale Coyah-Kindia-Télimélé. Cette fois-ci, le virage est à gauche, direction Dubréka-Koubia-Souapiti-Kollet-Sinta-Gougoudjé et la Commune Urbaine.

 

Aucun repère pour moi sur ce chantier méconnu. Aucun souvenir. Aucun village me rappelant le passé glorieux sur l’axe Kindia-Télimélé. Aucun paysage familier.J’étais comme perdu vers une destination inconnue.

Le deuxième choc a été la  découverte de cette fameuse route de Souapiti-Télimélé. Entre Dubréka-Koubia et le site du barrage, le bitume n’est pas mal sur quelques 70 kilomètres. Des camions et autres gros porteurs sont fréquents sur le trajet provoquent parfois d’énormes embouteillages. Une fois la traversée du pont (paraît que c’est l’un des plus longs de la Guinée) effectuée, le calvaire et la peur s’installent. Il faut arpenter une route plus ou moins bombée serpentant une montagne.

De part et d’autres des fissures sont visibles sur la colline. Le petit fossé d’évacuation des eaux de ruissellement en prend également des sérieux coups.  Ce qui présage des lendemains incertains pour les usagers de cette route, notamment en saison pluvieuse. Après ce tronçon aménagé en terre latéritique, c’est le calvaire. L’Etat qui savait que la voie de Bangouyah-Konkouré allait être impactée par les travaux de construction du barrage de Souapiti a brillé par son manque de stratégie. La route n’existe que de nom.

Au moment où nous étions  sur les lieux, un bulldozer et quelques hommes s’activaient à défricher le sentier pour, dit-on, en faire une vraie route bombée. En attendant, chacun se débrouille à emprunter la route qui lui semble la plus courte pour arriver à Télimélé.  Entre des bowés au sol parsemé de gravier et de cailloux, le sable mouvant, la terre argileuse, les chauffeurs de taxis font la course. La poussière enveloppe les rares villages traversés. Des ponts en mauvaise construction par des ingénieurs amateurs agrémentent ce paysage. Une chaîne de montagne verdoyante ceinture  au loin le passage et semble indiquer qu’il est difficile de franchir cette étape. Entre Souapiti et le point de ralliement à l’ancienne route au niveau de Siraya (Sinta), il n’y a que 50 kilomètres de galère. Vous pouvez banalement y perdre trois à quatre heures.

Mais le pire est devant. De Siraya en passant par Kambayah, Balayah, Saressin, Gougoudjé, Kasséry, la route n’a pas connu le moindre aménagement depuis 2010. Partout des nids d’éléphants, des fossés, des ponts cassés et des nappes d’eau bloquent la circulation. Beaucoup de passagers font remarquer que depuis l’accession du Président Alpha Condé au pouvoir, le Ministère des Travaux Publics n’a pas cherché à réhabiliter cette route. Pendant le règne de feu Général Conté au moins, une fois tous les deux ans, elle était réhabilitée et « bombée ». Moustapha Naïté, Ministre des Travaux Publics, est averti.

Lorsqu’on arrive à l’entrée de la ville de Télimélé, malgré la peinture presque invisible sur le « Rectangle de Triomphe », on pousse un ouf de soulagement à cause du goudron. On peut désormais rouler à vive allure sans risque d’entendre un bruit au niveau du parechoc. La ville, s’offre à vous. Après quatre ans d’absence, je suis complètement perdu. Les habitants ont réussi à développer l’habitat. De belles maisons poussent partout. Les quartiers où le bitume est passé ont changé de visage. De Dara à Mindia en passant par Kouramouké, Kolly, Barkère, Manghol,  jusqu’à la résidence du préfet, la ville brille sous l’effet du goudron.

Cependant, il y a encore beaucoup d’efforts à faire. L’entreprise Guicopres n’a pas achevé le bitumage. L’axe carrefour Nokoyi-Lycée Ley-Wendou sa toujours pas reçu sa part de bitume. La poussière est la chose la mieux partagée par les habitants du quartier Hafia et alentours. Un véritable paradoxe orchestré par les autorités communales de l’époque qui avaient mal opéré les stratégies. Mais il y a de l’espoir puisque les travaux d’aménagement ont repris. Beaucoup espèrent qu’il ne s’agit tout de même pas de la poudre aux yeux à l’occasion de l’approche des élections législatives. 

Je reviens de Téliméle, j’en pleure à cause toujours de l’enclavement de cette préfecture-carrefour. Saviez-vous que de Télimélé, vous pouvez vous rendre à Boffa, Fria, Pita, Gaoual,Dubrék,  Lélouma et Kindia ?

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