(Mise à jour)-Près de 50 groupement d’éleveurs de la commune rurale de Koumban ,située à 35 Km à l’Ouest du chef lieu de la préfecture de Kankan ont récemment fait les frais d’une attaque de la part des autochtones de ce village. Le bilan a été désastreux. Des maisons brûlées ,des bœufs massacrés et d’autres emportés. « Des panneaux solaires, des lits et autres objets, ont été emportés. Ils ont tué 207 bœufs et emporté 156 têtes d’agneau » a témoigné Elhadj Saidou Diallo, éleveur qui est l’une des victimes.
Selon cette victime l’élection présidentielle du 18 Octobre dernier a été à l’origine de ce dégât.« Une semaine avant le 18 octobre le jour de l’élection, des gens du RPG sont allés là-bas pour faire la campagne. Ils ont demandé aux habitants de là-bas de voter pour eux. Ces éleveurs ont donné leur accord mais à condition qu’ils ne soient pas chassés des lieux. Mais le directeur de campagne du RPG AEC dans le coin leur a dit que c’est une chose difficile à faire », témoigne Elhadj Saïdou.
D’après notre interlocuteur au retour du directeur de Campagne du RPG à Kankan, il a exposé le problème au préfet. Ce dernier aurait à son tour fait un compte rendu aux éleveurs.« Mais on lui a dit qu’on ne peut pas quitter à l’heure actuelle parce que y’a des champs agricoles que les gens ont cultivés. On ne peut pas prendre nos troupeaux et faire passer par leurs champs les bœufs vont détruire tout. De nous attendre au moins jusqu’à la saison sèche » , confie Elhadj Saïdou.
Mais au lendemain de l’élection présidentielle, lundi 19 Octobre, des missionnaires viennent donner jusqu’au jeudi 22 Octobre comme date butoir pour que les troupeaux quittent les lieux. Passé ce délai, ils menacent de s’attaquer aux bouefs. Le Préfet de N’Zérékoré a été de nouveau informé de ce dernier développement. Le sous-préfet de Koumba également a été mis au parfum des intention des villageois. « On avait un accord, qu’il allait nous attendre un peu. Après ils ont venu tout saccager. On ne pouvait pas déplacer 3000 à 5000 têtes de bœufs en deux jours », regrette Elhadj Saïdou Diallo.
Pourtant, avant de s’installer dans ce village pour faire paître leurs bœufs, ces éleveurs s’étaient acquittés de tous les droits selon les coutumes de la localité. Ils ont donné le prix de cola et même qu’ils participaient aux cérémonies de baptême, mariage et autres décès. Malgré les tentatives de certains de profiter de leurs faiblesses pour les arnaquer, ces éleveurs n’auraient jamais imaginé être victimes de cet acte de banditisme. Il a fallu que la politique se mêle aux affaires sociales pour que tout capote dans ce village. Malheureusement, ni le préfet, ni le Sotikémo encore moins l’imam de Koumban n’ont daigné intervenir pour stopper cette razzia.
Aux dernières nouvelles, le reste du bétail qui n’avait pu être décimé est introuvable. Selon Elhadj Saïdou Diallo, les animaux qui n’avaient pas l’habitude de voir plus de cinq personnes ont été effrayés par les coups de feu. Ils se sont sauvés dans la nature, certains se retrouvant jusqu’à 15 voire 20 km de Koumban.
Selon un dernier inventaire des dégâts fait par les victimes, à la demande des autorités de Kankan , les pertes sont : 207 bœufs ; 86 moutons ; 67 chèvres ; 52 poulets tués par les citoyens de Koumban. Ensuite, plusieurs bien matériels ont été incendiés et d’autres emportés : 9 Couvertures ; 6 valises ; 11 complets femmes ; 9 attaches bols ; 16 marmites ; 14 lits ; 6 portes ; 6 tables ; 3 bâches ; 12 marmites ; 2 chaises ; 6 matelas ; 2 panneaux solaires et batteries (170 w) et une somme de 860.000 GNF.
Aux dernières nouvelles, les victimes souhaitent porter plainte auprès de la justice. Mais le Gouverneur de Kankan saisi du dossier souhaiterait un règlement de l’affaire à l’amiable. Une rencontre est prévue ce dimanche au Gouvernorat de Kankan.
Abdoul Karim Barry
