Pendant une quinzaine de jours, les internautes guinéens n’ont pas pu consulter les actualités publiées sur le site d’information en ligne Guinée Matin. Le média est désormais accessible grâce à un site miroir créé par Reporters sans frontières (RSF) dans le cadre de son opération Collateral Freedom.
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!L’accès à Guinée Matin, site d’information à grande audience, était interrompu depuis mi-août sur le territoire guinéen, sans aucune explication. Le 30 août, RSF a débloqué l’accès au site en créant une copie miroir, accessible sur ce lien. Cette action intervient dans le cadre de l’opération Collateral Freedomlancée par RSF en 2015, qui a permis de contourner la censure de plus de 80 médias en ligne dans une vingtaine de pays.
L’inaccessibilité de Guinée Matin, sans motif, privait depuis plus de deux semaines les citoyens guinéens de leur droit d’accéder à l’information. Nous sommes heureux de pouvoir le rendre de nouveau accessible sans avoir besoin d’avoir recours à un VPN. Il s’agit d’un signal fort envoyé aux détracteurs de la liberté d’informer.
Contacté par RSF, le fondateur de Guinée Matin, Nouhou Baldé, confirme que rien n’explique l’interruption du site : “Nous n’avons pas fait d’article particulièrement critique dernièrement, ni même de papier d’opinion. Mais tout le monde dans le pays sait que Guinée Matin est un journal libre et indépendant. Ce qui me fait peur, c’est que cela puisse arriver à d’autres sites d’information…”. Selon lui, la création du site miroir aide à la fois son média, mais aussi, symboliquement, “tous les médias guinéens”.
Pour protester contre l’inaccessibilité du média, l’Association guinéenne de la presse en ligne (AGUIPEL) a porté plainte contre X le 28 août 2023 pour interruption des services internet du site et a adressé une lettre au président de la Haute autorité de la communication (HAC), l’organe de régulation des médias, pour qu’il prenne des « dispositions urgentes » pour rétablir son accès. En réaction, ce dernier s’est adressé au directeur de l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT) pour qu’il « l’aide à trouver une solution idoine à cette situation ».
L’accès au site d’information avait déjà été interrompu en mai dernier, dans un contexte de protestations et d’appels à manifester lancés par l’opposition contre la junte. Le média avait pu reprendre ses activités le lendemain de la “Journée sans presse” du 23 mai, opération au cours de laquelle les médias s’étaient interrompus pour dénoncer la multiplication des atteintes à la liberté de la presse depuis dix jours.
Au mois de mai, plusieurs sites d’informations avaient subi le même sort. Pendant plus d’une semaine, les réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, Whatsapp ou Tiktok ont été coupés, l’accès à internet restreint et les ondes de certaines radios avaient été brouillées, constituant des entraves inédites de la liberté de la presse depuis l’arrivée au pouvoir de la junte militaire en septembre 2021.