Conakry-Dubréka-Télimélé : Des forces de sécurité rackettent sans se soucier du Covid19 !

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Je reviens sur mon périple sur l’axe Conakry-Dubréka-Télimélé et vice versa. Inutile de revenir sur le comportement de la société chinoise CWE qui continue de bloquer les véhicules à l’entrée et à la sortie au niveau du chantier de Souapiti. L’autre tristesse sur cet axe routier, c’est le comportement des agents des forces de maintien de l’ordre (policiers, gendarmes, douaniers, militaires).

J’ai pu compter au moins dix barrages sur cet axe. Certains diront que c’est normal puisqu’on l’emprunte aussi pour Boffa-Boké-Gaoual. Mais ce qui est anormal, c’est  l’absence à bien des endroits des dispositifs de contrôle sanitaire des passagers en cette période de Covid19. Au moins, si  nous tous nous foulons aux pieds l’interdiction de sortie de Conakry pour l’intérieur du pays, le mieux aurait été de contrôler au moins le port des bavettes , procéder au contrôle de température et obliger à tout un chacun de se laver les mains au niveau de chaque barrage.

Mais ce qui préoccupe ceux qui sont chargés d’appliquer le décret portant sur l’Etat d’urgence sanitaire sur cet axe routier, c’est plutôt comment gagner de l’argent. Il y a un véritable réseau de rackets des passagers et conducteurs. Au niveau de chaque passage, pour lever la corde, le chauffeur doit payer entre 5, 10, 15 ou 20.000 GNF. Ça dépend de l’humeur du policier ou du gendarme qui procède au contrôle.

Je vais juste m’attarder sur ce que j’ai constaté au niveau du barrage de Bawa, à quelques mètres du Pont sur la Soumba en reconstruction. A l’aller,le 23juillet, le chauffeur a cru jouer les malins en glissant 10.000 GNF dans les mains du gendarme. Dès qu’il a remarqué ce comportement, il a piqué une colère noire en criant : « tu ne sais pas que c’est 20.000 GNF ? Vous ne passerez pas si tu ne complètes pas ».  Le chauffeur s’exécute. Mais notre malheur est loin de se terminer. Une jeune dame gendarme qui avait remarqué la scène ordonna de ne pas du tout lever la corde. «  Il faut compléter à 30.000 GNF », insista-t-elle.

Malgré notre implication, notamment en allant voir le chef de poste,  le conducteur a été obligé d’augmenter 10.000 GNF. Une fois loin de ce scénario, le taximan expliqua que c’est le comportement de ces agents qui fait que beaucoup d’autres taximen préfèrent emprunter l’axe Conakry-Coyah-Kindia-Konkouré, pour se rendre à Télimélé. Cet axe constitue un véritable calvaire. Certains peuvent y passer une journée et demie avant de rallier le centre-ville de Télimélé. D’autres taximen préfèrent bifurquer par Coyah via Wonkinfong, puis Forécariah où empruntent d’autres pistes pour ressortir vers Kindia, encore ils vont jusqu’à Sangaréah (Pita) pour traverser le Pont sur la Karkrima pour se retrouver enfin à Télimélé.

au barrage de Bawa, ce 27 juillet 2020. Même scénario avec les forces de défense et de sécurité. Toujours aucuJe reviens n dispositif de contrôle sanitaire concernant la pandémie de Covid19.  Notre taxi brousse  a le malheur de dépasser le nombre de six personnes recommandées pour les véhicules qui prenaient habituellement neuf places.  Il a payé non seulement le droit de passage de la corde à 20.000 GNF. Mais le gendarme a également confisqué les papiers du véhicule. Il a été obligé de payer 20.000 GNF pour récupérer les documents. Si vous n’avez aucune pièce d’identité, ne vous inquiétez pas, vous payer 10.000 GNF. L’autre particularité au niveau du barrage de Bawa, c’est que tous les fonds récoltés sont remis au chef de poste au su et vu de tout le monde. « Ils partagent la récolte à la fin de la journée. Cet argent ne rentrera jamais dans les caisses de l’Etat », fait observer un passager. Voilà la triste réalité que les usagers de l’axe Conakry-Dubréka-Télimélé-Boffa-Boké-Gaoual vivent au quotidien. A l’allure où vont les choses, même un malade de Covid19 peut tranquillement dormir à l’intérieur d’un taxi pour rejoindre l’intérieur du pays. Triste réalité.

Nous reviendrons sur l’état de dégradation avancée de l’axe Kaléta-Souapiti-Kollet-Kasseri-Télimélé.

Azoca Bah

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