Transition militaire  en Guinée : Pourquoi le diplomate Saïd Djinnit aurait dû se taire ?

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L’entretien que Saïd Djinnit , ancien représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, a accordé à Jeuneafrique le 09 avril fait les choux gras de la presse guinéenne. Le diplomate algérien s’est, en effet, prononcé sur la durée de la transition en Guinée.

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A la question de savoir quel regard portes-t-il  sur la transition menée par le colonel Mamadi Doumbouya , Saïd Djinnit note «  qu’il n’y a pas de visibilité quant à la transition, pas de feuille de route. L’équipe au pouvoir semble vouloir se pérenniser. Ce régime militaire est une mauvaise solution à un vrai problème. Pour moi, la transition doit être la plus courte possible ».  Plus loin, il dit qu’il ne revient pas à l’armée de traiter les sujets éminemment politiques. « C’est aux partis, à la société civile, d’activer ce genre de réformes. Le cas contraire revient à prendre la démocratie en otage », souligne-t-il.

Le diplomate onusien plaide pour l’arrivée du médiateur (national ou international) en Guinée. Selon lui, les militaires au pouvoir ne mesurent pas l’énormité de la crise dans laquelle se trouve la Guinée. Seulement voilà !

Pour beaucoup d’observateurs, Saïd Djinnit aurait dû se taire concernant la junte au pouvoir en Guinée. Parce que lui-même fait partie du problème de la crise en Guinée. En 2013, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki Moon l’avait nommé pour servir de facilitateur dans le difficile dialogue entre le gouvernement guinéen et son opposition. S’il avait réussi à obtenir un accord politique entre l’opposition pilotée à l’époque par Cellou Dalein et le pouvoir d’Alpha Condé, force est de constater que les résultats des législatives de 2013 ont été fortement contestées.

En plus, malgré toute la facilitation menée par Djinnit, la Guinée a continué à s’enfoncer dans la crise. Le caractère dictatorial du régime Condé que l’opposition guinéenne dénonçait à l’époque n’aura fait que gagner du chemin. Beaucoup d’observateurs soutiennent que si la bande à Djinnit avait bien mené les négociations, notamment en prenant en compte toutes les revendications de l’opposition et des acteurs de la société civile, la Guinée ne se trouverait pas à parler d’une nouvelle transition en 2022.

En effet, les signes annonciateurs du troisième mandat d’Alpha Condé étaient  perceptibles par tous ces diplomates qui avaient un accès facile au Palais Sekhoutoureyah.  Saïd Djinnit, Ibn Chambass, Jean-Ping et Cie étaient fréquents à Conakry à l’époque. Au lieu d’élaborer des stratégies à long terme pour asseoir une véritable démocratie en Guinée, ces diplomates ont fait des raccourcis en se focalisant sur la tenue d’élections législatives. Ils ont laissé Alpha Condé gouter au pouvoir de 2010 à 2013 pour le pousser à organiser le scrutin législatif.

On peut comprendre que Saïd Djinnit se rende compte de l’erreur commise à l’époque pour chercher aujourd’hui à mettre la pression sur la junte au pouvoir à Conakry. Ce n’est pas mauvais en soi. Mais il aurait dû commencer par son ami Alpha Condé. En ce qui concerne le Colonel Mamadi Doumbouya, il n’a pas besoin de montrer aux guinéens ce qu’ils voient de leurs propres yeux. Personne n’est dupe.

Les Guinéens observent et attendent la définition rapide de la feuille de la route de la transition. Les Guinéens savent qu’une transition est différente d’un mandat. Les politiques et les acteurs de la société civile ne cessent de réclamer  leur prise en compte dans la gestion de la transition.

 

 

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