Sur 71 Guinéens initialement sanctionnés par l’Union européenne (UE) dansle règlement du Conseil du 22 décembre 2009, cinq individus font actuellement l’objet de restrictions renouvelées (interdiction de voyager sur le territoire des États membres de l’UE et gel des avoirs qui y sont détenus) pour leur implication dans ce massacre. Il s’agit deMoussa Dadis Camara, ex-chef du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), résidant actuellement au Burkina Faso, de Jean-Claude Pivi, alors chargé de la sécurité présidentielle, de Moussa Tiégboro Camara, ex-ministre des Services spéciaux, de la lutte antidrogue et du grand banditisme, d’Abdoulaye Chérif Diaby, ex-ministre de la Santé, et de l’ancien aide de camp de Dadis Camara, Toumba Diakité.Mais dans une « lettre sur la situation des droits humains en Guinée » datée du 8 avril, 32 eurodéputés rappellent au haut représentant et vice-président de la Commission européenne Josep Borrell que « les auteurs présumés du massacre du 28 septembre 2009 […] conservent des positions élevées au sein de l’administration civile et militaire, et participent activement à la répression des manifestations pacifiques de l’opposition ». Parmi eux, ils identifient Ansoumane Camara, dit Baffoe, directeur général de la police, Ibrahima Baldé, haut commandant de la gendarmerie nationale, et Tiegboro Camara, actuellement secrétaire à la présidence chargé de la lutte contre le trafic de drogue, la criminalité organisée et le terrorisme en Guinée.
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!25 personnalités guinéennes ciblées pour violations des droits humains
Ces responsables de l’appareil répressif figurent dans une liste jointe à la lettre des eurodéputés de 25 « personnalités du régime Alpha Condé » qui font « preuve de zèle pour supprimer l’opposition et violer les droits de l’homme ». Car les 32 signataires, issus de divers groupes parlementaires (groupe des Verts, groupe de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates, groupe de la gauche, groupe Renew Europe, groupe des conservateurs et réformistes européens) dénoncent aussi l’implication de ces 25 personnalités dans la mort de « 250 personnes, souvent tuées à proximité par des agents des forces de défense et de sécurité » lors de manifestations de l’opposition organisées depuis 2010. Et demandent à Josep Borrell de recourir au nouvel instrument de sanctions dont s’est dotée l’UE le 7 décembre 2020 pour« cibler les responsables de graves violations des droits de l’homme et de graves atteintes à ces droitspartout dans le monde, quel que soit le lieu où elles sont commises et quelle que soit l’identité de ces personnes ».
Les 25 personnalités en question sont au cœur de l’appareil d’État. À commencer par le Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana. Neuf ministres guinéens, dont le ministre de la Défense Mohamed Diané, et le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Albert Damantang Camara, sont également listés, ainsi que les présidents de l’Assemblée nationale Amadou Damaro Camara, de la Cour constitutionnelle, Mohamed Lamine Bangoura, et le directeur de la Caisse nationale de sécurité sociale, Malick Sankhon. En somme, tout l’édifice du système politique actuel.
Avec Le Point Afrique