Deux jeunes filles (Diary Sow et Adji Sarr) ont fait basculer ces dernières semaines la sphère sociale et politique du Sénégal. Diary Sow avait volontairement disparu des radas à Paris. Ce qui avait suscité un émoi national et international autour de celle qui était considérée la meilleure élève du pays de la Teranga. Au finish, l’affaire n’aura accouché que d’une souris au grand dam de tous ceux qui s’étaient mobilisés pour la retrouver.
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!En l’espace de quelques semaines, c’est Adji Sarr qui vient complètement éclipser Diary Sow. Au début du mois de février, une jeune masseuse professionnelle de 20 ans , travaillant dans un cabinet privé situé à Sacré Cœur 3, dépose une plainte contre Ousmane Sonko, le leader de Pastef. Elle l’accuse de viol et de menaces de mort avec une arme, rapporte la plupart des médias sénégalais.
Dans les deux cas, on se croirait dans un scénario digne d’un film Holywoodien. Le pays qui a sorti la série à succès « La maîtresse d’un homme marié » n’en finit pas de nous étonner. Le dernier acte en date concerne cette affaire de « massage » qui a viré à une plainte pour « viol et menace de mort » dans un club qui porte bien son nom « Sweet Beauté ».
Cette affaire n’aurait sans doute pas, été aussi médiatisée, si elle ne concernait pas Ousmane Sonko, jeune politicien figure de l’opposition et député. Ousmane Sonko est le président du parti PASTEF devenu député depuis juillet 2017. Il est arrivé 3e de la présidentielle du 24 février 2019 avec 15,67 % des suffrages, derrière le président sortant Macky Sall et l’ancien Premier ministre de Wade, Idrissa Seck.
Malgré les sorties de la patronne de la boîte qui a tenté de disculper le politicien, l’affaire continue à faire grand bruit. Ousmane Sonko, convoqué, refuse de répondre tant que la voie légale consistant à lever son immunité parlementaire n’est pas suivie. Ses partisans vont jusqu’à brûler des pneus et procéder à quelques actes de vandalisme pour le soutenir.
La classe politique sénégalaise, divisée, essaie chacune de se positionner. Les uns parlent d’une cabale contre un challenger à Macky Sall qui caresse le rêve de briguer un troisième mandat. Les autres se demandent bien ce que cherchait le leader du PASTEF dans un salon de massage à des heures tardives et de surcroît en période de couvre-feu dû à la pandémie de Covid19.
Naturellement, Sonko va tenter de se justifier, affirmant avoir été à plusieurs reprises dans ce club à cause « des douleurs cervicales depuis son enfance et indiquant qu’il n’a pas les moyens de suivre un traitement couteux à 200 000 francs Cfa ». Il réfute les accusations de viols et de menaces de mort et parle de « complot d’Etat contre lui ». Une élection présidentielle est programmée au Sénégal en 2024. Si l’action en justice enclenchée contre Sonko arrivait à aboutir, le leader du PASTEF pourrait ne pas être candidat.
Aujourd’hui, l’opposant est visé par une procédure de levée de son immunité parlementaire. Une requête a été transmise dans ce sens par le ministère de la Justice a transmis, mardi 9 février, à la demande du procureur général. La note est adressée au président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse. Ce dernier n’a pas tardé de convoquer les membres du bureau de l’Assemblée le 11 février pour examiner le dossier.
La procédure a été activée « pour la manifestation de la vérité ». Une commission ad hoc a été mise en place pour écouter le jeune politicien. Il pourrait être entendu lundi 15 février prochain par cette commission dont les noms des membres ne sont pas encore divulgués.
L’affaire d’Oumar Sonko, relance le débat sur non seulement le comportement des hommes politiques dans la vie sociale, mais aussi, mais surtout, sur les coups bas que les pouvoirs en place pourraient faire à l’encontre de leurs opposants. La coalition Jotna soutient à laquelle appartenait Sonko n’a pas hésité de parler d’une «tentative de museler un adversaire gênant». Ces opposants à Macky Sall ont mis en garde l’Etat sénégalais de chercher à profiter de ce dossier. Les jours, semaines et mois à venir nous édifieront.