La Guinée a-t-elle vendu une partie de sa souveraineté sur l’axe routier Dubréka-Télimélé ? Un prêt (même pas un don) chinois de près de 1,2 milliards d’euros en vaut-il le coût ? Tout porte à le croire avec le calvaire qui vivent les usagers qui osent s’aventurer sur la route bitumée par le projet Souapiti et celle bombée par le même projet pour rallier Télimélé-ville via la sous-préfecture de Kollet. Aucun engin de passagers ne roulent sur cet axe entre 08h00 et 11h30 et entre 15h00 et 18h00. Nous y avons vécu l’amère expérience en cette journée du jeudi 23 juillet.
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!Ce qui se passe actuellement sur l’axe Dubréka-Télimélé est inconcévable dans un Etat qui se respecte. Des chinois, dont le pays est l’épicentre de la pandémie de Covid19 qui s’est propagée à travers le monde entier, interdisent aujourd’hui aux taxis brousses de traverser la zone (qui est très loin de la route) pendant leurs heures de travail. Prétexte : les passagers pourraient propager la pandémie de Covid19. « Ils disent que s’il y a un seul cas positif de Covid19 détecté dans le projet, ils vont tout fermer et rentrer en Chine. La Guinée va ainsi perdre un grand investissement. Ils ont installé partout des caméras pour nous surveiller », essaie de nous convaincre un caporal-chef au niveau de la ligne.
Nous avons vainement essayé de faire comprendre à ce soldat qu’un passager même positif au Covid1 ne peut contaminer un chinois encore moins un guinéen employé de Soupiti, parce que tout simple il n’entre pas en contact avec ces personnes. De même, si les chinois veulent préserver leur santé et celle du projet, ils ont installé un kit de lavage de main et un agent a un Thermoflash pour contrôler la température, qu’ils peuvent donc savoir s’il y a au moins de malades qui passent par ce chemin.
Mais rien ne peut convaincre ces policiers et gendarmes guinéens formatés. « Même les ordres de mission délivrées par les sociétés, entreprises et autres ne peuvent pas vous laissez-passer. Les chinois sont catégoriques : tous les guinéens peuvent avoir des ordres de missions. Les seuls laissez-passer valable ici, ce sont ceux délivrés par l’entreprise chinoise, ceux du ministère de la Défense, de la Santé Publique ou ceux du ministère de l’Energie », explique un autre gendarme en nous montrant les documents et instructions affichés sur la cabane qui sert de guérite. Voilà qui confirme l’histoire de ce chinois qui vendait à Kaloum des laissez-passer à des camionneurs à prix d’or…
Vous pouvez utiliser toutes vos connaissances. Ça ne passe pas ! Aucune urgence n’est acceptée.Entre 08h00 et 11h30 la journée et 15h et 18h, si vous avez le malheur d’être à Souapiti, vous devez prendre votre mal en patience. « Parfois mêmes les urgences médicales sont bloquées par ces chinois », nous confie un habitué des lieux. Ce qui est plus choquant, c’est qu’un petit chinois qui est le superviseur de la société chinoise CWE qui gère Souapiti, a le toupet de se pointer régulièrement sur le terrain pour narguer les passagers qui y poireautent. A bord d’un 4×4 bien climatisé, il pianote son téléphone. « Personne n’ose aller lui demander de vous laisser passer. Il vient, il reste quinze à 20 minutes, et puis il repart… », confie un homme en uniforme.
Aux environs de 11h30 effectivement, quand les chinois ont fini leur travail pour aller faire une pause jusqu’à 14h30, la corde a été levée. Le chemin est libre. Vous ne rencontrez ni chinois ni aucun autre travailleur de la CWE. Il faut traverser des contours serpentés pour apercevoir de loin la forte pression de l’eau sortant des turbines de Souapiti. Vous arpentez une longue montagne avant de dire bye bye au goudron pour entamer la route bombée. Mais plus loin, il y a un autre calvaire qui ne dit pas son nom, avant d’arriver à Télimélé. Ça c’est une autre histoire que vous lirez sous peu !
Azoca Bah