Bambeto:Dans le vent du gaz lacrymogène transporté dans les maisons !

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Le jeune élève Mamadou Saidou Diallo, âgé de 24 ans, tué le 07 décembre dernier jour de l’inhumation des huit dernières victimes de l’opposition, a rejoint sa dernière demeure ce vendredi 27 décembre. Si tout c’est bien déroulé pendant la prière et l’enterrement au cimetière de Bambeto, des échauffourées ont éclaté entre agents des forces de maintien de l’ordre et des jeunes, après l’inhumation.

 

Aux environs de 15h, alors que nous nous trouvions dans une cérémonie de lecture du Saint-Coran au niveau du quartier Bambeto, dans le coin communément appelé « Nétéhoun », deux pick-up bourrés de gendarmes armés jusqu’aux dents débarquent sur les lieux. Boutiques et magasins sont fermés à la vitesse de l’éclair. Des jeunes, pour la plupart des enfants regroupés non loin du Groupe Scolaire Djibril Tamsir Niane commencent à  lancer des cailloux.

Des gendarmes traversent la rue pour les pourchasser dans le quartier. Ils n’hésitent pas à dégainer du gaz lacrymogène qui pollue l’atmosphère et trouble la vue. C’est le sauve-qui-peut. Les « petits » résistent en continuant à jeter des pierres qui tombent dans les concessions voisines. Un de mes sœurs échappe de justesse à un caillou qui l’efflore au niveau de l’épaule.  Ce qui perturbe naturellement toute la cérémonie.

Une petite accalmie, je me hasarde à sortir pour m’enquérir de la réalité. Je m’avance vers deux gendarmes postés au niveau du pont, pour leur dire que nous sommes bloqués dans ce quartier et que nous souhaiterions vraiment que le calme soit rétabli pour nous en aller. L’un avec sa ceinture -crosse entre les mains et l’autre un gros bout de bois menaçant les « marmots » à l’autre bout de la ruelle. Un motard s’aventure dans les parages. Il est vite stoppé et prié de rebrousser chemin. De loin, un reporter qui était dans les parages remarque ma présence et vient aussitôt aux nouvelles. Je lui explique l’objectif de ma présence sur les lieux. C’est lui qui dira aux gendarmes : « c’est un journaliste. Il est le Rédacteur en Chef de Lynx FM ». « Ah, Lynx FM » ? s’interroge le gendarme. Le confrère de quitter les lieux.

Je reprends la conversation avec les deux agents  de maréchaussées. Ils m’expliquent que la faute incombe aux « enfants mal éduqués par leurs parents » qui leur lancent des pierres. Ils profèrent des injures grossières avant d’ajouter : « mais si nous attrapons quelqu’un, il passera la fin d’année à la Maison Centrale de Conakry », martèle un des gendarmes.  Pendant ce temps, la route Le Prince est complètement vide de voiture en circulation. Quelques motards seulement osent défier ce calme précaire.

Faute de trouver une solution de sortie, je reviens sur mes pas. J’essaie de parler aux gamins se trouvant à une vingtaine de mètres. Ils me répondent par des jets de pierre. La famille s’inquiète et me demande de rentrer. «  Il faut arrêter de jouer les journalistes dans cette situation » rouspète une de mes sœurs.  J’entre pour rejoindre tout ce beau monde au salon. Quelques minutes après, encore des jets de pierre sur la toiture. Les gendarmes répliques en tirant du lacrymogène. Tout le monde inhale le gaz dans le salon. Il y a de la fumée partout. En plus, les cailloux pleuvent sur les tôles. Les gendarmes à nouveau reviennent sur leurs pas et se mettent à la poursuite des jeunes. Ils traversent le petit pont au niveau du Groupe Scolaire Djibril Tamsir Niane avec leurs deux pick-ups. Le calme revient dans le quartier. Mais, les habitants habitués à cette accalmie précaire nous conseillent de patienter, puisque ça peut dégénérer à tout moment. Trente minutes après, étant rassurés que désormais il n’y aura pas de pagaille, nous sortons. Au même moment, les gendarmes quittent l’intérieur du quartier pour revenir sur la route Le Prince.

En sortant, nous constatons que la circulation est toujours déserte sur l’axe Hamdalla-Bambeto-Coza. La route est enveloppée d’une fumée blanche obstruant la vision aux conducteurs.  A partir du rond-point de Hamdallaye, la vraie vie reprend son cours normal avec les embouteillages sur l’axe Hamdallaye- Taouyah-Kipé.

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