Sanction de Kalla Conté par l’AGUIPEL : Les journalistes guinéens ont plus que jamais besoin de protection !

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Le journaliste Almamy Kalla Conté, fondateur et Directeur de Publication du site d’informations www.guineelive.com, est suspendu du métier de journalisme dans la presse en ligne pendant six mois. Ainsi en a décidé l’Association Guinéenne de la Presse en Ligne (AGUIPEL). On reproche à Kalla d’avoir publié un article intitulé  « trafic de drogue : Antonio Souaré, Moussa Traoré et Kasus Dioubaté démasqués à l’aéroport ».

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Pour l’AGUIPEL, l’article est diffamatoire et n’a connu aucun effort de recoupement de l’information. En plus d’être « interdit d’exercer son métier de journaliste », Kalla Conté est privé de la subvention annuelle que l’Etat accorde aux médias, des marchés publicitaires, des voyages et autres formations.

Sur le fond, a première vue, il ne revenait pas à l’AGUIPEL de suspendre Kalla du métier de journalisme dans la presse en ligne. Cela constitue une violation de la Loi 002 portant liberté de la presse en République de Guinée. Le Président de l’AGUIPEL, qui a participé à l’élaboration et à l’adoption de cette loi par le Conseil National de la Transition, devrait en être le Premier garant.

Aux termes de l’article 128 de cette loi, alinéa « dans le cas d’injures ou de diffamation envers les particuliers, la poursuite n’aura lieu que sur la plainte de la personne injuriée ou diffamée. Toutefois, la poursuite pourra être exercée d’office par le ministère public lorsque la diffamation ou l’injure aura été commise envers une personne ou un groupe de personne à raison de leur origine, ou de leur appartenance à une ethnie, une nation ou une religion déterminée ».

La Loi L002 n’autorise que le retrait de la Carte Professionnelle par la Haute Autorité de la Communication en collaboration avec les organisations professionnelles des médias. « La carte de journaliste est retirée à tout titulaire :1-ayant fait l’objet  d’une condamnation privative des droits civiques non amnistiée ou qui n’a pas été réhabilitée. 2-Ayant commis une faute professionnelle dont l’appréciation est laissée à la Haute Autorité de la Communication en collaboration avec les organisations professionnelles des médias ».

Sur la forme, on peut saluer la volonté de l’AGUIPEL de renforcer le journalisme de qualité  et éthique.  Encourager l’excellence dans la pratique du journalisme en ligne en Guinée doit être le cheval de bataille de toutes les associations. Dans la pratique d’un journalisme  éthique,  on nous a enseigné dans les écoles et formations internationales, que nous devons tous intégrer  les principes premiers du journalisme dans notre culture. Il s’agira, de dire et rechercher la vérité, s’attacher à la véracité des faits, vérifier et revérifier, anticiper la possibilité d’une erreur ; être prêt à admettre et corriger ses erreurs ; reconnaître qu’une vérité dissimulée ne peut être révélée que par des recherches rigoureuses, des entrevues approfondies et une bonne compréhension du sujet.

Dans le cas précis de la réaction de l’AGUIPEL, tout laisse croire que ce sont les priorités commerciales qui ont été mises à l’avant pour sanctionner Kalla. La société de jeux d’Antonio Souaré (pour ne citer que lui) sponsorise beaucoup de médias en ligne. Antonio Souaré (qui est loin quand même d’être un saint) nourri beaucoup de patrons de presse.  Quand les priorités commerciales et publicitaires interfèrent avec le journalisme, elles en compromettent l’indépendance. 

Aujourd’hui, en Guinée, il est difficile de couvrir les affaires commerciales et financières. Dès que vous touchez un magnat, c’est une pluie d’articles au vitriol contre l’auteur qui tombe. Comme quoi, les journalistes guinéens ont plus que jamais besoin de protection dans l’exercice de leur profession. Si les organisations collectives auxquelles ces journalistes sont rattachées sont incapables de les protéger, ils seront des proies faciles à abattre dans une Guinée où les atteintes à la liberté de presse et les attaques contre les journalistes sont monnaie courante.

 

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