CONAKRY,28 FEVRIER 2014-Entre émeutes contre les délestages d’électricité de Guinée dans les quartiers de Conakry, manifestation contre la cherté de la vie à Fria, protestation des élèves du lycée de Donka contre le mauvais comportement des médecins du CHU du même nom, la semaine qui s’achève aura été très chargée pour le pouvoir d’Alpha Condé. A cela s’ajoute l’attente interminable de l’arrivée du roi Mohamed VI en Guinée, les sorties infructueuses du Gouverneur de Conakry Sékou Resco Camara et les menaces de Cellou Dalein de descendre dans la rue…
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Depuis les années 2000, la Guinée est à la croisée des chemins. A chaque fois qu’on estime qu’une étape est franchie pour repartir de l’avant, des blocages politiques et sociaux surviennent. Le régime de feu Lansana Conté avait été sérieusement malmené par les revendications syndicales. Celles-ci avaient permis, en 2007, d’obtenir un Premier Ministre dit de consensus. Lansana Kouyaté parachuté à la Primature commença des réformes. Mais il ne tardera pas à se heurter aux caciques du système qui finiront par remporter la bataille.
Entre 2007 et 2008, la Guinée a traversé ce qu’on a qualifié d’atmosphère de fin de règne marquée par la recrudescence du grand banditisme et du narcotrafic, les détournements des deniers publics et la maladie du Général Conté. Lorsque le 22 décembre 2008 le Général Conté s’est éteint, une partie de l’armée qui était complètement minée par des querelles générationnelles et la corruption, s’empara du pouvoir. Le Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD), sous la férule du capitaine Moussa Dadis Camara promis monts et merveilles.
Les trois premiers mois d’apprentissage de gestion du pouvoir par le capitaine Camara ont été teinté d’initiatives encourageantes notamment dans les domaines de lutte contre la corruption et le trafic de drogue. Mais le capitaine Dadis, paranoïaque inventa une autre forme de gouvernance fondée sur les déballages et les nominations en direct via la Télévision. Le feuilleton « Dadis Show », mettant en scène les folies de grandeurs d’un ancien gestionnaire du carburant devenu Président de la République de Guinée.
Tourmentée et caressant le rêve de s’éterniser au pouvoir, Dadis Camara franchira le Rubicon en annonçant sa probable candidature pour les élections présidentielles. On connaît la suite avec le massacre du 28 septembre 2009 et la balle que le capitaine Camara reçue à la tête en décembre de la même année.
Vint la transition avec l’inénarrable Général Sékouba Konaté. Fin amateur de la bière, des femmes et de l’argent, El Tigre parviendra néanmoins en 2010 à organiser les élections présidentielles. Le premier tour, beaucoup d’irrégularités ont été constatées. Des observateurs disent que Cellou Dalein Diallo, candidat del’UFDG l’avait remportée dès ce premier tour. Mais c’était compter sans le Général Konaté, Bernard Kouchner et les autres. La Guinée va battre le record du timing pris entre les deux tours d’une élection.
Entre ces deux tours, le pays a failli basculé dans la guerre civile à cause de l’ethno-stratégie entretenue par Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo, les deux candidats admis au second tour. Bon an, mal an, l’élection fini par avoir lieu. Alpha Condé l’emporta dans l’étonnement général. Vive la Troisième République.
Depuis maintenant trois ans qu’il est au pouvoir, Alpha Condé se cherche. Il n’a pas réussi à combler les attentes des populations. La fourniture d’électricité, un des grands défis que tous les candidats à la présidentielle promettaient de relever, reste encore une priorité. L’accès à l’eau potable et aux services sociaux de base est loin d’être acquis. A cela s’ajoutent l dans les pertes d’emplois avec l’arrêt de l’usine Rusal Friguia et la fermeture de la Sotelgui.
Mais ces derniers temps, c’est le manque d’électricité dans certains quartiers de Conakry qui préoccupent. Que ça soit à Dabompa, Lansanaya, Enta, Simbaya Gare, Matoto, Hamdallaye, Coza, les populations qui en ont marre de vivre dans l’obscurité sont descendues dans les rues. Autant des signes qui ne trompent pas.
Malheureusement, au lieu de regarder les faits en face et proposer des solutions, nos gouvernants font de la fuite en avant. A l’allure où vont les choses, si Alpha Condé n’y prend garde, les émeutes sociales liées au manque d’électricité et à la cherté de la vie pourraient bien emporter son régime. Les élections communales et communautaires, si elles se déroulent en 2014, pourraient aussi constituer des sources potentielles de conflit. Et dire qu’en 2015, il y a l’élection présidentielle !