Ibrahima Lamarana Bah : Ce guinéen naturalisé Néerlandais veut conquérir l’électorat d’une province du Sud des Pays-Bas !

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CONAKRY,28 FEVRIER 2014. Nul n’est prophète en son pays ! Cet adage, le jeune guinéen Ibrahima Lamarana Bah le confirme. Naturalisé Néerlandais, il brigue en mars prochain à l’occasion des élections communales hollandaises un poste de conseiller communal. Il est cinquième sur la liste des Verts à Leiderdorp, une localité de la province du Sud des Pays-Bas. Cette circonscription électorale compte près de 27 000 habitants.

 

Ibrahima Lamarana Bah alias Zico est né à Conakry. Ingénieur en Bâtiment sorti de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, il a d’abord travaillé dans un cabinet d’études dans la capitale guinéenne avant de se rendre aux Pays-Bas. Il y poursuivra ses études à l’Institut des Hautes Etudes Techniques d’Amsterdam. Après, il fera d’autres études en droit administratif et droit de l’urbanisme et de l’environnement.

 Actuellement, Zico travaille à la mairie d’Amstelveen-Aalmeer comme Sénior Ingénieur Inspecteur dans le bâtiment. Il avait été auparavant coordinateur des ingénieurs inspecteurs de ladite commune. Il a été aussi ingénieur à l’Agence de l’Eau, un organisme public garante d’une eau de surface de qualité et d’un niveau de protection élevé contre les inondations. Parallèlement, il est président d’une association africaine qui regroupe 15 associations locales représentants quelques villes des Pays-Bas.

 A la question de savoir comment il a intégré la politique aux Pays-Bas et comment il a été admis dans le parti Les Verts, Ibrahima Lamarana Bah répond : « d’abord le parti demande toujours aux candidats potentiels au sein du parti s’ils veulent exercer la fonction de conseiller communal. En plus, les responsables du parti donnent leur avis de soutien surtout s’ils voient en la personne une certaine qualité. Les candidats potentiels passent devant une commission pour répondre aux questions relatives à  leurs propres ambitions, mais aussi le pourquoi du choix du parti. Le candidat répondra surtout à la question essentielle qui est de savoir ce qu’il voudrait apporter de plus à la ville de Leiderdorp. Quand tous les candidats sont passés devant la commission, elle élabore une liste, tout en procédant à un classement par ordre de préférence en fonction de la capacité de chacun . Cette liste est présentée en assemblée générale où les membres du parti ont l’occasion de voter et de se déterminer sur les capacités du candidat à assumer les responsabilités d’un conseil communal. Après le vote des membres, la liste est définitivement élaborée et l’on attribue à chaque candidat un rôle pour la campagne. Comme vous pouvez constater je suis passé devant cette commission et finalement je me suis retrouvé en 5eme position sur la liste ».

Zico sait qu’obtenir 5 élus dans une ville de 27 000 âmes n’est pas une partie de plaisir. Mais il compte bien l’emporter. « Les chances existent, mais je vais un peu nuancé. Elles sont petites et grandes à la fois. Elles sont petites parce que la ville est de tradition libérale. Depuis des années, le parti libéral VVD, a toujours  remporté les élections ici. La ville compte beaucoup d’intellectuels et d’entrepreneurs qui votent traditionnellement ici aux Pays-Bas pour le parti libéral », répond Zico.

Il compte profiter de la dislocation d’un parti local appelé BBL, dont le premier responsable a démissionné, pour engranger des voix. « Il y a un autre point non négligeable. Actuellement, le pays (Les Pays-Bas) est dirigé par une coalition  des Libéraux et les des Socio-démocrates. Ces deux partis présentent aussi des candidats dans notre ville. Et l’actuelle coalition mène une politique d’austérité qui n’est pas du tout populaire auprès des électeurs. Cela pourrait se retourner contre les partis de la coalition lors de ces élections locales.  On espère que ces facteurs vont multiplier nos chances pour avoir entre 5 et 6 sièges au conseil communal (Les Verts ont 3 sièges actuellement dans le Conseil Communal, ndlr) », ajoute Zico.

 La campagne pour les communales aux Pays-Bas n’est pas comparable à celle qu’on mène en Guinée. Là-bas, les candidats peuvent mener campagne dans les écoles et certains endroits publics. Ibrahima Lamarana Bah en profite largement tout en faisant du porte-à-porte. Son statut d’immigré maîtrisant les lois néerlandaises l’aide aussi. « Étant immigré, parfois les gens sont étonnés quand je les interpelle pour leur parler des lois néerlandaises et leur expliquée de façon détaillée notre programme dans leurs langue maternelle. Ils me posent beaucoup de questions du genre comment t’as fait pour comprendre toutes ces lois et parler couramment avec presque sans accent notre langue. Je pense que cela peut jouer en ma faveur, car ils peuvent me considérer comme un exemple d’intégration réussie au sein de la société néerlandaise. Je vais à la bibliothèque aussi pour lire des histoires aux enfants et leur parler de l’Afrique. Cela peut amener leurs parents à penser que je pourrais faire l’affaire de la commune et voir que je suis socialement impliqué dans ma commune et leurs pousser à votre pour moi/ pour notre parti », enchaîne Zico.

Ibrahima Lamarana Bah est le premier guinéen  d’origine à se porter candidat à une élection locale aux Pays-Bas. Pour y parvenir, il est passé par tous les étapes et gravi tous les échelons. D’autres guinéens, comme lui, sont tout de même engagés dans la politique en Hollande.

 « Rentrer dans la politique est un choix purement personnel. Moi ce que je voudrais dire aux Guinéens et aux autres africains naturalisés néerlandais, c’est d’essayer de s’intégrer d’abord. Je ne dis pas de s’assimiler mais de s’intégrer, c’est-à-dire apprendre très bien la langue, comprendre comment les services publics fonctionnent, parce que si tu ne me maitrises pas ces choses là, il sera très difficile pour toi de réaliser certains de tes projets », conseille Zico.   Un bel exemple à suivre !

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