Conakry,20 avril 2013.Le Président Alpha Condé a persisté et signé que les élections législatives se tiendront bel et bien le 30 juin prochain. Pour qui sait qu’il avait déjà annoncé que le train des législatives allait prendre le départ et que ceux qui ne s’y embarqueront pas resterons sur le quai, et qu’entre temps le train n’était pas parti faute de passagers, le Chef de l’Etat guinéen pourrait bien se dédire. Même s’il a soutenu que les législatives n’ont jamais été reportées, puisqu’il n’avait pas signé de décret. La date avait été sans cesse repoussée. Soit !
Aujourd’hui, Alpha Condé voudrait montrer que puisqu’il a fini par signer un décret convoquant le corps électoral pour les législatives au 30 juin, qu’il va respecter sa signature. La parole s’envole et l’écrit reste. Il avait dit que l’opposition marche, marche et marche, mais qu’il ira aux élections.
En fin de compte, l’opposition a marché les 18 et 27 février, pour protester contre la date du 12 mai proposée par la CENI, pour les législatives. Il n’y pas eu de scrutin. La CENI avait même été obligée, suite au dialogue politique amorcé le 04 mars, de geler toutes (ou une partie) de ses activités.
Entre temps, alors que l’opposition et la mouvance se titillaient pour dénicher des facilitateurs pour le dialogue, la CENI a eu l’outrecuidance de proposer le 19 juin pour l’organisation des législatives. Commandant Sékou Resco Camara, Gouverneur de Conakry lui, d’aller jusqu’à proposer la date du 9 juin pour le scrutin législatif….Comme s’il revenait à un gouverneur de proposer la date de la tenue des élections en Guinée. L’opposition n’y aura vu que des foutaises !
C’est dans ce contexte que le Collectif, l’ADP, le CDR et le FDP ont carrément rejeté la proposition du Premier Ministre Saïd Fofana qui avait présenté le Général Lamine Cissé comme « médiateur international » du dialogue guinéen.
Les concertations reprennent à la Primature. Le Premier Ministre Mohamed Saïd Fofana reçoit les anciens premiers ministres-opposants (Cellou Dalein, Sidya Touré et Lansana Kouyaté)… Tout le monde rêvait d’un redémarrage du dialogue. Et patatras !
D’abord le gouvernement annonce qu’il enverra des experts de l’ONU et du PNUD pour assurer aux uns et aux autres de la fiabilité des kits de Way-Mark ( l’opérateur parachuté par Alpha Condé, pour la révision du fichier électoral). Damantang Camara, le porte-parole du Gouvernement d’annoncer ensuite que le Secrétaire Général de l’ONU a désigné M.Saïd Djinnit, son représentant spécial en Afrique de l’Ouest, pour jouer le médiateur entre les acteurs politiques guinéens. Le même soir, un samedi, Alpha Condé signe le décret convoquant le corps électoral pour les législatives au 30 juin. Le dialogue est plombé !
L’opposition annonce qu’elle reprend la rue, pour le 18 avril. Pour protester contre le décret d’Alpha Condé. Chose dite, chose faite. La marche, comme toujours, est violemment réprimée. Il ya eu des blessées par balles et des interpellations dans les rangs de l’opposition.
Ce 20 avril, à Dixinn, Alpha Condé bombe le torse, harangue les foules, persiste et signe que les législatives se tiendront le 30 juin. Cette fois-ci, ce n’est pas de la blague. Il est applaudi par les populations et Bemba Bangoura, l’ancien narco-gouverneur de Faranah. Il est aussi ovationné par Sékou Resco Camara, le gouverneur des ordures de Conakry.
Non loin de Dixinn-Landréah, Cellou Dalein Diallo harangue ses militants à Commandanya. Il dénonce, accuse et promet que l’opposition sera à nouveau dans la rue, le 25 avril prochain, jusqu’à la satisfaction des revendications légitimes du Collectif, de l’ADP, du CDR et du FDP.
Nous sommes dans un véritable discours de sourds. Personne ne veut désormais lâcher du lest. Alpha Condé a les forces de l’ordre pour réprimer, violenter et…tuer. L’opposition estime avoir suffisamment de militants pour braver les services de maintien d’ordre. Chacun campe dans sa position…
Pourquoi Alpha Condé et ses opposants n’arrivent-ils pas à mettre leurs égos et intérêts de côté, pour le bien d’une Guinée qu’ils prétendent tous aimer ?
Mais pour des observateurs avertis, il n’est pas exclu qu’Alpha Condé prenne de la hauteur pour se mettre au dessus de la mêlée. Si, et seulement si, les faucons tapis au Palais Sekoutoureya et les extrémistes du RPG Arc-en-ciel, ne parvenaient pas à prendre le dessus sur les petites colombes… Si Alpha Condé arrivait à se dédire, cela ne ferait que le grandir davantage. Un décret peut être abrogé, non ?
De même, une manifestation peut être annulée…Il ne suffit que d’un tout petit recul ou geste pour enfin remettre les choses à la normale. Pour le bien des Guinéens et de la Guinée. Qui va sauver la Guinée ? La balle est dans le camp d’Alpha Condé, de Cellou Dalein, Lansana Kouyaté, Sidya Touré, Mohamed Saïd Fofana, Damantang Camara, Kiridi Bangoura, Diaby Gassama Khalifa…Excusez du peu !
