Le Pape François est mort: Le Cardinal Guinéen Robert Sarah parmi ses potentiels successeurs
Après la mort du pape François, le conclave pour élire son successeur devrait s’ouvrir entre les 5 et 10 mai. Parmi les 135 cardinaux électeurs, dont environ 80% choisis par François lui-même, certains sont présentés comme favoris.
Les cardinaux du monde entier vont rejoindre Rome pour les obsèques du pape François, qui auront lieu ce samedi 26 avril à 10 heures, et participer aux congrégations générales avant le conclave. Parmi eux, 135 cardinaux électeurs, ceux âgés de moins de 80 ans, prendront part au vote. Diplomates, hommes de terrain, théologiens ou médiateurs: voici 15 d’entre eux dont la voix comptera au moment du vote.
Si certains sont régulièrement présentés par les observateurs comme « papabili », c’est-à-dire favoris pour succéder à François, l’issue du conclave est toujours imprévisible, rendant tout pronostic très hasardeux.
Pietro Parolin (Italie), numéro deux du Vatican, 70 ans

Secrétaire d’État (numéro deux du Vatican) pendant la quasi-totalité du pontificat de François, ce diplomate très chevronné a été le bras droit du pape et un homme de premier plan sur la scène internationale.
Silhouette légèrement courbée, voix fluette et tempérament calme, il a voyagé dans le monde entier et est connu de nombreux dirigeants politiques comme de l’ensemble de la Curie romaine (appareil administratif du Saint-Siège), dont il connaît tous les rouages.
Membre du Conseil des cardinaux, parfait connaisseur des dossiers, il a eu un rôle clé dans la signature en 2018 d’un accord historique entre le Saint-Siège et la Chine sur les nominations d’évêques.
• Pierbattista Pizzaballa (Italie), patriarche latin de Jérusalem, 60 ans

Fin connaisseur du Proche-Orient, ce franciscain et théologien italien parlant l’hébreu et l’anglais est arrivé à Jérusalem en 1990.
En septembre 2023, il devient le premier patriarche de Jérusalem – la plus haute autorité catholique d’Orient – en exercice à être créé cardinal. Un mois plus tard éclate la guerre entre le Hamas et Israël, avec ses répercussions dans le région. Ses multiples appels à la paix l’ont placé sur le devant de la scène.
• Matteo Maria Zuppi (Italie), archevêque de Bologne, 69 ans

Ce diplomate discret et expérimenté effectue depuis plus de 30 ans des missions de médiation politiques à l’étranger. Membre de la communauté romaine de Sant’Egidio, le canal officieux de la diplomatie du Saint-Siège, il a été médiateur au Mozambique et émissaire spécial du pape François pour la paix en Ukraine.
Archevêque de Bologne, il est depuis 2022 président de la Conférence épiscopale italienne (CEI). Cet homme svelte au visage jovial jouit d’une grande popularité en Italie pour son action auprès des plus démunis. Il prône l’accueil des migrants et des fidèles homosexuels au sein de l’Église.
• Claudio Gugerotti (Italie), 69 ans

Fin diplomate, polyglotte, cet Italien originaire de Vérone est un expert du monde slave. Sa carrière l’a amené à servir en tant que nonce (ambassadeur du Saint-Siège) dans plusieurs pays de la région (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan, Bélarus, Ukraine) ainsi qu’au Royaume-Uni. Consulté par le pape sur la guerre entre l’Ukraine et la Russie, il était depuis 2022 préfet du Dicastère (ministère, ndlr) pour les Églises orientales.
• Jean-Marc Aveline (France), archevêque de Marseille, 66 ans

Né en Algérie, descendant d’une lignée de pieds-noirs andalous, Mgr Aveline a passé presque toute sa vie à Marseille, dont il est devenu une figure emblématique. Nommé archevêque de Marseille en 2019 et créé cardinal en 2022, ce défenseur de la fraternité interculturelle à la personnalité souriante et affable a très tôt cherché à favoriser un dialogue interreligieux apaisé et à oeuvrer pour la défense des migrants, deux piliers du pontificat de François.
Elu début avril président de la Conférence des évêques de France, il a également été le principal artisan de la visite du pape à Marseille en 2023.
• Anders Arborelius (Suède), évêque de Stockholm, 75 ans

Ce luthérien suédois s’est converti au catholicisme dans un pays dont l’écrasante majorité de la population est protestante mais qui compte aussi parmi les plus sécularisés de la planète. Premier évêque catholique de nationalité suédoise, il a été créé cardinal en 2017. À l’unisson de François, Anders Arborelius défend l’accueil en Europe des migrants.
• Mario Grech (Malte), évêque de Gozo, 68 ans

L’évêque de Gozo, la deuxième plus grande île du petit archipel méditerranéen de Malte, a joué un rôle crucial au cours du synode sur l’avenir de l’Eglise voulu par François.
Mgr Grech a été le secrétaire général de cette assemblée mondiale qui a délibéré de questions cruciales comme la place des femmes et des divorcés remariés. Dans ce rôle, il s’est livré à un délicat exercice d’équilibriste, suivant la volonté de François de créer une Église ouverte et attentive, tout en étant à l’écoute des préoccupations conservatrices.
• Peter Erdö (Hongrie), archevêque de Budapest, 72 ans

Cet intellectuel austère parlant sept langues est apprécié pour son expertise théologique et son ouverture aux autres religions. Fervent défenseur du dialogue avec les chrétiens orthodoxes, il accorde aussi une attention particulière à la communauté juive. Il affiche des vues très conservatrices, aussi bien concernant les divorcés remariés que les couples homosexuels.
On lui a reproché son silence face aux dérives antidémocratiques du gouvernement de Viktor Orban, alors que l’Église hongroise a au contraire salué ses initiatives pour rénover les lieux de culte et re-christianiser les écoles au nom de la défense de la chrétienté en Europe.
• Jean-Claude Hollerich (Luxembourg), archevêque de Luxembourg, 66 ans

Jésuite comme François, ce cardinal féru de littérature allemande et de culture japonaise a aussi été membre du dicastère de la Culture et de l’Éducation, ainsi que de celui pour le Dialogue interreligieux.
Spécialiste des relations culturelles entre l’Europe et l’Extrême-Orient, sensible aux questions environnementales, il passe pour un théologien ferme sur le dogme mais ouvert sur les évolutions sociétales, à l’image du défunt pape dont il était proche.
• Antonio Tagle (Philippines), 67 ans

L’ancien archevêque de Manille Antonio Tagle est une figure modérée n’ayant pas hésité à critiquer l’Église catholique pour ses manquements, notamment dans les affaires de pédocriminalité.
Comme le pape François, il est en pointe dans la défense des pauvres, des migrants et des personnes marginalisées, au point d’avoir été surnommé le « François asiatique ».
Cet homme charismatique aux lunettes rectangulaires, à l’allure juvénile et au sourire facile, surnommé « Chito », a été créé cardinal par Benoît XVI en 2012 et il avait déjà été considéré comme un possible candidat à l’époque du conclave de 2013 ayant abouti à l’élection de François.
• Charles Maung Bo (Birmanie), archevêque de Rangoun, 76 ans

Président de la Fédération des conférences épiscopales d’Asie, Mgr Bo a été créé en 2015 par le pape François cardinal, le premier et unique de Birmanie.
Ce Salésien a appelé au dialogue et à la réconciliation dans son pays en proie à des conflits et, après le coup d’État militaire de 2021, a appelé les manifestants de l’opposition à rester non violents. Lui-même originaire d’une minorité ethnique, il a défendu les Rohingyas, majoritairement musulmans, persécutés, et s’est prononcé contre le trafic d’êtres humains qui bouleverse la vie de nombreux jeunes Birmans.
• Peter Turkson (Ghana), 76 ans

L’un des cardinaux africains les plus influents, Mgr Turkson a souvent été présenté parmi les favoris pour devenir le premier pape noir de l’Église.
Né dans une famille modeste de 10 enfants, Mgr Turkson parle six langues et s’est rendu à plusieurs reprises au Forum économique mondial de Davos pour alerter les chefs d’entreprise des dérives de l’économie libérale.
• Fridolin Ambongo (République démocratique du Congo), 65 ans

Voix puissante du mouvement pour la paix en République démocratique du Congo, un pays meurtri par des décennies de violences, Fridolin Ambongo pourrait rassembler sur son nom des votes de cardinaux jugés conservateurs.
Il avait en effet joint sa voix aux protestations soulevées par la publication en décembre 2023 par le Vatican du document « Fiducia supplicans » (« La confiance suppliante ») ouvrant la voie aux bénédictions de couples de même sexe. Archevêque de Kinshasa depuis 2018 et cardinal depuis 2019, il était aussi membre du « C9 », le conseil des neuf cardinaux chargés de conseiller le pape sur la réforme de l’Eglise.
• Robert Francis Prevost (États-Unis), 69 ans

Natif de Chicago, Mgr Prevost était depuis 2023 le préfet du puissant Dicastère des évêques, chargé de nommer les évêques du monde entier. Mgr Prevost a passé des années en tant que missionnaire au Pérou et est l’archevêque-évêque émérite de Chiclayo dans ce pays d’Amérique du Sud. Il est également président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine.
• Timothy Dolan (États-Unis), archevêque de New York, 75 ans

Le chef conservateur du puissant archevêché de New-York est un extraverti jovial qui apprécie le sport, la bière et qui s’efforce d’apporter plus d’optimisme à l’Église.
Bien que conservateur sur le plan théologique, farouche opposant à l’avortement, ce cardinal costaud au visage rougeaud a un humour plein d’autodérision. Médiatique, très présent sur les réseaux sociaux, il a coordonné la lutte contre la pédocriminalité de 2002 à 2009, dans le diocèse de Milwaukee, dans le Wisconsin.
• Robert Sarah (Guinée), 79 ans

Robert Sarah est un cardinal ultra-conservateur notamment sur les questions d’homosexualité et d’immigration. Il a été au coeur d’une polémique en 2020 après avoir écrit un livre défendant avec vigueur le célibat des prêtres. Cela avait été perçu comme un défi à l’autorité de François.