Comment changer la Guinée ? Dr.Bano Barry, sociologue, répond à la question à travers une analyse pertinente !

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CONAKRY,25 DECEMBRE 2013-Comment changer la Guinée ? Cette question je me la pose publiquement, car elle hante les Guinéens depuis l’indépendance. Dans les organisations de masse, les média, les cafés, les maquis, autour du thé et dans les bus bondés de la capitale, on rencontre souvent des Guinéens qui se la posent. Les politiciens ne sont pas en reste. Plusieurs parmi eux en ont fait un slogan de campagne. Tous les régimes qui se sont succédé ont déclaré, ouvertement ou dans les lignes de la gestion du pouvoir, la volonté de changer la Guinée et aucun ne l’a réussi depuis cinquante cinq ans. Personne n’a réussi à assurer à la Guinée ni la prospérité ni la cohésion parfaite au sens noble du terme.

 

Sous la première République, le Parti Démocratique de Guinée a inscrit son action sous le vocable de la « Révolution » qui a connu tous les superlatifs de progression et de radicalisation jusqu’à atteindre celle dite de la phase de « l’exigence globale et multiforme ». Sous la seconde République, Lansana CONTE et ses compagnons se contenteront de la notion de « redressement », en sous-tendant de ce que la révolution avait tordu. Moussa Dadis CAMARA et son CNDD vont être plus ambitieux en voulant « la démocratie et le développement ». Après les deux présidents du CNDD, la Guinée n’avait ni l’un ni l’autre. Le Président Alpha CONDE choisira lui la notion de « changement » en le faisant précéder de celle d’« ensemble ». Lors de la dernière campagne des législatives, l’UFDG et son leader Cellou Dalein DIALLO vont eux vouloir la « rupture », probablement par rapport au changement de son adversaire du second tour de la présidentielle.

Dans quelques jours, les députés vont aller reprendre les sièges du CNT et eux aussi vont vouloir « changer » la Guinée à leur tour. Eux, comme tous les Guinéens, veulent « changer » la Guinée, en tous cas ils le déclarent. Cependant, n’ayant pas vu en Guinée une réponse théorique articulée à cette interrogation du changement ou de la rupture, je me suis dit qu’il est temps que je m’assume en essayant d’y répondre. Je vais me tromper, parfois grossièrement. Je souhaite que d’autres, plus intelligents et mieux structurés, me rectifient, mais par écrit s’ils en éprouvent l’envie et se donnent le temps.

 

  1. C’EST QUOI LE CHANGEMENT ?

Je reprends donc la question : comment changer la Guinée ? Pour y répondre, je vais faire un détour pour revisiter, pour le plaisir des lecteurs qui ont de la patience, les fondements du changement social à la lumière de la théorisation de mes illustres devanciers en sociologie. Cet ancrage théorique me permettra de dire, dans un second temps, les difficultés qui se rattachent au changement en Guinée. Enfin, je vais suggérer des pistes pour refonder la Guinée, car pour moi ce pays a besoin de plus qu’un changement. Il a besoin d’un nouveau contrat social, un pacte de la République, qui ne peut venir que d’une refondation.

La question du changement est centrale en sociologie. La sociologie, elle-même, est née du changement de la société rurale et agraire occidentale à celle industrielle du 19ème siècle. Elle est née dans une société en plein changement, celle du monde occidental du 19ème siècle marquée par la paupérisation d’une catégorie nouvelle : des paysans devenus des ouvriers. Depuis, la sociologie est restée une science qui prospère dans les sociétés en situation de crise, de mutations rapides comme les pays d’Afrique au Sud du Sahara. Elle est la seule discipline qui fasse du changement social un enseignement spécifique.

Académiquement, le changement est le passage d’un état à un autre. Pour les pères fondateurs de la sociologie « le changement social est une série de transformations observables et vérifiables sur le moyen terme, localisables géographiquement et socialement. Il est nécessairement un phénomène collectif ».

Pour les spécialistes de la question, le changement est à la fois processus et aboutissement du processus. Ce changement, pour être réel, doit atteindre les structures profondes de la société et :

  1. affecter les conditions ou les modes de vie, ou encore l’univers mental du plus grand nombre d’individus ;
  2. transformer les structures durablement, c’est-à-dire modifier l’organisation sociale dans sa totalité ou dans certaines de ses composantes à partir d’un point de référence dans le passé ;
  3. affecter le cours de l’histoire d’une société.

C’est au regard de ces indicateurs de changement que les pères de la sociologie disent que : « le changement social est bien un changement de société, plus qu’un changement dans la société ». On aura donc compris que le changement, pour être une réalité en Guinée, devrait déboucher sur une refondation de la nation.

C’est au regard de ces dispositions queGuy ROCHER dit, dans son ouvrage intitulé « Introduction à la Sociologie Générale », le changement social est « toutes transformations observables et vérifiables dans le temps qui affectent d’une manière qui n’est pas provisoire la structure ou le fonctionnement d’une collectivité et qui en modifie le cours de son histoire ». Le changement n’est donc ni superficiel, ni éphémère, ni partiel. Il n’est pas non plus « un simple remplacement des uns par les autres », même s’il implique des hommes « neufs » (par les idées et les pratiques) pour impulser des actions originales et porteuses de progrès. Le changement est donc une modification qui s’inscrit dans la permanence et la totalité.

Après ce détour sur les paramètres du changement que l’on peut compléter en lisant Guy ROCHER, on peut dire concrètement, après plusieurs auteurs, que pour changer une société il faut :

1)      Projeter le changement (dessiner une vision claire de l’avenir en y indiquant la logique recherchée et le degré de modification souhaité) ;

2)      Communiquer celui-ci (pour créer un sentiment d’urgence afin de mobiliser les acteurs, de les faire adhérer et de les faire participer) ;

3)      Anticiper sur les risques (gérer les aspects émotionnels et les enjeux de pouvoir afin de supprimer les résistances et les blocages) ;

4)      Définir et mettre en œuvre une démarche participative pour les segments d’acteurs présentant plus de synergies que d’antagonismes et recourir aux principes du projet latéral afin de mobiliser et d’organiser les alliés afin qu’ils agissent de concert et prennent l’initiative à la fois dans la mise en place du changement et la reconquête des acteurs passifs ou opposés au projet.

On aura compris que le changement est plus qu’un slogan, il est une philosophie et une action philosophique. Le changement est le fait d’acteurs conscients des enjeux, préparés à l’assumer et disposant de la stratégie nécessaire pour le conduire jusqu’à son terme. En fait, des femmes et des hommes engagés.

Dans le processus de changement, il y a donc ceux qui pensent le changement, ceux qui le décrètent, ceux qui ont en charge de le mettre en œuvre, ceux qui subissent, mais dont-on a besoin pour réussir. Tous ces acteurs sont des bénéficiaires du changement.

Certains de ces individus sont les élites (idéologues et décideurs), les membres supérieurs d’une société selon la terminologie de PARETO, c’est-à-dire ceux qui représentent des qualités remarquables dans un domaine particulier.

D’autres acteurs majeurs sont ceux qui agissent à travers le mouvement social (organisation significative dans l’exercice collectif). C’est normalement, les contre-élites, ceux qui poussent les élites à la perfection en étant « la voix des sans voix ».

Les autres enfin constituent le citoyen ordinaire. Tous ces individus sont des groupes d’acteurs qui représentent le moteur du changement social. Ces agents sont motivés par des enjeux, des valeurs, des idéologies, des intérêts parfois convergents et des fois opposés.

On le voit donc, dans un processus de changement, plusieurs acteurs sont concernés et qui s’interrogent tous en ces termes : Qu’est-ce que j’ai à perdre et qu’est-ce que j’ai à gagner ? Si les uns et les autres ne sont pas informés du bien fondé du changement, ne participent pas à la définition de celui-ci, ont l’impression que celui-ci se fait contre eux et leurs intérêts, alors le changement sera bloqué avant d’échouer.

Je viens de terminer, pour le besoin d’un article de vulgarisation, de dire quelques éléments sur le changement, sa méthode, ses enjeux et ses acteurs. Je vais maintenant passer aux choses « guinéennes » en disant ce qu’il faut refonder, en quoi il apparaît difficile de changer la Guinée et comment faut-il procéder pour néanmoins la changer.

 

  1. DIAGNOSTIQUER AVANT DE CHANGER

La première difficulté du changement en Guinée est liée au fait que les préalables du changement ont été occultés, escamotés et/ou pas du tout fait. Pour changer un pays, n’importe lequel, la première contrainte est d’avoir un diagnostic le plus exhaustif et le plus objectif possible de la réalité à changer. Ce diagnostic exige une connaissance suffisante des hommes, de la société et de l’histoire du pays, bref la sociologie du pays. Il faut aussi avoir des données suffisantes et actualisées sur les contraintes, les menaces, les forces, les faiblesses qui pèsent sur le pays ; les atouts et les opportunités sur lesquels il est possible d’agir. C’est sur ce diagnostic précis et complet que l’on bâti un projet de société.

Ce projet de société ne doit être rédigé ni par des conseillers, ni par des assistants techniques et autres sommités intellectuelles exogènes déconnectées de la réalité du pays en question, ni pensé en dehors des élites nationales qui doivent être au centre du dispositif de la réflexion et de l’action à venir.

C’est vrai, les partis politiques de la Guinée, qui drainent des foules derrière eux, ont des projets de société qui sont tous, d’une certaine façon, un projet de changement. Pourtant, on peut douter que ces projets aient été conçus suivant les règles de l’art (diagnostic exhaustif, élaboration participative, rigueur, etc.) et s’appuyant sur des données exhaustives, actualisées et fiables.

Pour moi, et c’est là un des éléments de mon argumentaire sur la difficulté à changer la Guinée, les élites politiques guinéennes, celles qui aspirent à diriger la Guinée et celles qui la dirigent, ont une connaissance insuffisante et faiblement actualisée de la réalité guinéenne.

A titre d’exemple, il me plaît de rappeler que la quasi-totalité des données sur le chômage en Guinée sont erronées, car personne en Guinée ne connaît la situation exacte de l’emploi et/ou du chômage. D’abord, il n’y a pas de structure unique et suffisamment performante pour collecter et traiter les données sur l’emploi. Celles qui existent sont disparates et se répartissent entre plusieurs ministères et n’ont ni l’expertise ni les moyens de centralisation et de diffusion des offres d’emplois, des demandes de travail et de suivi des demandeurs d’emplois. Ces insuffisances institutionnelles se trouvent renforcer par le fait qu’il n’existe pas une culture de recherche d’emploi salarié par un mécanisme public. Plus souvent qu’autrement, l’emploi et sa recherche relèvent des relations informelles. De sorte que la rentrée à l’emploi et sa sortie ne sont pas comptabilisées par des services dédiés à cet effet.

Ce scepticisme qui m’amène à douter de la connaissance de la Guinée et de sa réalité par les élites qui ont dirigé, qui la dirige et/ou qui espère la diriger me vient de l’histoire de la Guinée : Cinquante cinq ans durant, des hommes et des femmes de trois générations parfois des mêmes familles, ont accédé au pouvoir en Guinée. Chaque groupe d’hommes en prenant le pouvoir a dressé un réquisitoire implacable contre ses prédécesseurs (Sékou TOURE et ses compagnons d’indépendance ont dit du colon et de la chefferie ce que le CMRN reprendra à son compte contre les dirigeants du PDG. Ceux qui ont succédé au CMRN ont fait le même exercice : le précédent est mauvais et l’actuel est parfait). Pourtant, un demi-siècle après son indépendance, la Guinée s’enfonce, se paupérise et la misère se répand avec son cortège de déstructuration sociale, l’électricité est rare et l’eau tombe du ciel mais rarement du robinet. Bref, en Guinée, les Guinéens ont l’impression que chaque régime est pire que le précédent.

Pour moi, lorsque des élites ont une connaissance suffisante d’un peuple, elles trouvent les ressorts qui permettent de produire de la richesse nationale et de la partager pour que la cité soit prospère et en paix afin d’assurer la reproduction de l’espèce. Pour moi, et c’est ma thèse, les élites guinéennes sont en mesure de dresser une liste exhaustive des maux qui assaillent la société guinéenne. Mais elles ne disent rien de nouveau. Cette liste de problèmes qu’énumèrent les élites guinéennes est celle que tous les Guinéens font partout (cafés, bus, taxis, émissions interactives et les maquis).

En fait, lorsque le médecin ne sait pas faire un diagnostic précis, car il manque de maîtrise et/ou de moyens pour diagnostiquer avec certitude, il prescrit une longue liste des médicaments avec l’espoir qu’un de ces produits soignera le malade. Le mécanicien qui ne sait pas déceler la cause exacte de la panne, en raison d’une insuffisance de compétences et/ou d’absence de matériels de diagnostic, fait payer et changer à son client plusieurs pièces à la fois ou à la suite.

Ces exemples sont le fait de la Guinée et de ses élites politiques. Lorsque les élites sont dans l’opposition, elles critiquent et contestent le choix de l’équipe dirigeante. Lorsqu’elles perdent le pouvoir et se retrouvent dans l’opposition, elles retournent les mêmes arguments contre la nouvelle élite au pouvoir, car la nouvelle élite au pouvoir peine aussi à savoir que faire et par quoi il faut commencer. Pourtant, il est d’une intelligence simple que de dire qu’en l’absence d’un diagnostic précis, on ne peut guérir le mal.

Il est vrai qu’il est très laborieux de diagnostiquer avec précision le mal de la Guinée en raison de ses origines et de son ampleur. Contrairement à ce que pensent des millions de Guinéens, le problème de la Guinée n’est pas seulement politique. Les dysfonctionnements de la vie politique sont un révélateur, la pointe de l’iceberg, l’expression la plus visible de ce qui touche l’ensemble des composantes et des structures de la Guinée. La Guinée est malade et depuis très longtemps. Elle est atteinte d’un « cancer généralisé » qui gangrène, ronge et détruit tantôt lentement tantôt de façon accélérée ses fondements vitaux.

De tous les problèmes qui assaillent la Guinée, quelle est la problématique première qui explique toutes les autres ? De quoi souffre la Guinée en 2013 ? Par quoi faut-il commencer dans l’optique d’une résolution de problèmes ? Sur quoi faut-il agir et avec quelle méthode ? A ces interrogations, vous me permettrez des réponses simples et forcément parcellaires en raison de l’exigence d’un article de presse.

 

  1. REFORMER LE CAPITAL HUMAIN

Après avoir dit cela, il est possible de dire le plus simplement que de tous les maux de la Guinée, le mal le plus important, celui qui affecte tous les autres est la faiblesse de la quantité et de la qualité intellectuelle de ses ressources humaines.

Pour cette raison, la porte d’entrée du changement en Guinée doit donc passer par l’amélioration qualitative et quantitative de ses ressources humaines, d’abord à l’école ensuite au poste de travail.

Notre école, celle de la Guinée de 2013, est et reste encore celle coloniale avec la même finalité : celle de produire des demandeurs d’emplois, des commis de l’administration plus prompte à pomper l’argent de l’Etat qu’à travailler. Cette école a un rendement interne et externe faible et des niveaux d’apprentissage qui rebutent maints employeurs, y compris à la fonction publique. Le niveau de maîtrise de la langue française est tellement faible que les pays francophones du monde occidental imposent aux jeunes guinéens des tests réservés habituellement aux non francophones.

En Guinée, le seul sous secteur de l’éducation qui est valorisé par les familles est celui de l’enseignement supérieur. L’orientation dans l’enseignement technique et professionnelle est le résultat de l’échec et non d’un choix de carrière et les écoles de métiers du temps colonial (comme à Koba et à Pita) qui permettaient de répondre aux besoins de l’économie nationale ont disparu.

Pourtant, il n’y a pas de pays émergent sans l’émergence du savoir, car celui-ci est une arme pour comprendre et affronter un monde de plus en plus complexe et difficile et où la concurrence est rude. Il est temps de faire de notre école un instrument de préparation d’« employeurs », des « créateurs de richesses nationales » en mettant en œuvre un certain nombre de réformes philosophiques, structurelles et pédagogiques.

Des millions de Guinéens pensent que nous en avons suffisamment de cadres et qu’ils sont mal utilisés. C’est vrai, mais ce n’est pas suffisant pour cerner la réalité. Souvent, les personnes confondent l’obtention d’un diplôme et l’acquisition de la compétence. Un diplôme est un parchemin qui dit que vous avez satisfait aux exigences du programme. Il ne garantit pas que vous possédiez une autonomie, des habiletés et des capacités à produire du savoir et à résoudre des problèmes.

Souvent aussi, on prend le particulier pour le général. La Guinée possède des cadres de très haut niveau, surtout dans le secteur privé et parapublic là où les revenus sont les plus attractifs et même dans l’administration publique. Mais de façon générale, c’est-à-dire la grande masse des diplômés du système éducatif guinéen est porteuse de lacunes dans le savoir scolaire (en français, cette réalité est propre aux générations qui ont subi les conséquences de l’enseignement en langues nationales) et en méthode de travail intellectuel (collecter de l’information, la traiter et en produire du nouveau par la jonction du lu, du vécu et de la réflexion).

Plus souvent qu’autrement, les cadres guinéens, même ceux des anciennes générations, souffrent, de ce que les spécialistes nomment, l’insuffisance des « connaissances conditionnelles » qui permettent la mobilisation, l’intégration et l’agencement stratégiques et efficaces des connaissances déclaratives et procédurales. Cette capacité, ce savoir-agir complexe qui correspond au 6ème niveau de BLUM (1956, 1964) et qui permet de construire du nouveau en activant les acquis, est un handicap certain chez plusieurs des cadres de l’Etat.

De façon générale, l’analyse (la décomposition d’un tout en ses éléments et la détermination des relations qui existent entre ces éléments) est une compétence courante chez les cadres du secteur public guinéen, mais la synthèse, c’est-à-dire la capacité de composer un tout à partir de ses éléments et des liens supposés existants entre eux, reste une compétence marginale des élites administratives.

La Guinée souffre aussi d’un déficit important dans la quantité des ressources humaines de très haut niveau exerçant dans le pays. Dans les limites de ses frontières, la Guinée compte un docteur en philosophie, trois en sciences politiques, trois en sociologie, moins d’une dizaine en droit, en linguistique, en lettres, etc. Parfois, lorsque le pays compte une vingtaine dans une spécialité (Mathématiques, Chimie, Biologie, Physique), les titulaires ont l’âge d’aller à la retraite ou plus de la moitié est non opérationnelle. Et même les rares élites qui ont de la compétence ont cessé d’assumer, préférant s’aligner sur les normes de la fourberie (critiquer dans les salons et les bureaux fermés et se taire en public) en s’accommodant des détournements et autres vols déguisés.

Lorsqu’un pays ne possède pas de ressources humaines de très haut niveau dans le domaine des affaires courantes de la cité (les sciences sociales et humaines), et qu’il dépend « d’étrangers » pour « dire » ce qui est bon ou n’est pas bon pour le pays, ce pays est voué à l’échec. Car le développement se pense avant de se mettre en œuvre.

Sous la première République, on a pensé que la formation des scientifiques était plus avantageuse pour la Guinée que des gestionnaires des affaires courantes de la cité. Cinquante cinq ans après, c’est les sénégalais, malien, ivoirien, burkinabé qui pensent pour nous dans toutes les institutions ou se partagent le financement et les projets. Et même lorsqu’il s’agit de monter des projets, d’élaborer des politiques, c’est vers les élites de ces pays que la Guinée tournent la tête. Le résultat d’une telle situation est que la Guinée est devenue un pays sous-financé et cobaye pour des experts en mal d’innovations.

Si l’on ne peut former et assurer l’expérience des cadres de haut niveau dans un très court délai, il est néanmoins possible de mettre en place une politique d’incitation au retour de nos compatriotes de l’étranger.

 

  1. REFORMER L’ETHIQUE ET LA MORALE COLLECTIVE

Le troisième problème majeur de la Guinée, qui prolonge le premier et est sa conséquence, relève de la perversion de l’éthique et des valeurs morales d’honnêteté, de respect pour le savoir, l’âge et le modeste. Cette morale nouvelle est pourtant en contradiction avec notre devise nationale « TRAVAIL-JUSTICE-SOLIDARITE ».

Par rapport au « Travail », on peut dire, sans se contredire, qu’il y a des millions de Guinéennes et de Guinéens qui se couchent tard et se lèvent tôt et qui vivent à la sueur de leur front. Malheureusement, ce travail routinier, régulier est très souvent inscrit dans la recherche du quotidien.

Le paradoxe de la Guinée réside dans le fait que ceux qui ne travaillent pas, qui n’aiment pas le travail et qui jouissent du travail des autres sont toujours ceux qui ont gouverné, qui gouvernent et qui, probablement continueront à le faire. Dans tous les pays du monde, l’élite consciente, celle qui a des privilèges est aussi celle qui se fixe des obligations envers son peuple. En Guinée, nous avons une élite qui ne fait que jouir bassement comme une clique de prédateurs, qui prélèvent mais ne remplacent pas, et ne travaillent donc pas.

Est-il nécessaire de faire la démonstration que la « Justice » s’est évanouie depuis très longtemps de la Guinée. L’absence de Justice en Guinée n’est pas seulement le fait que le fort brime le faible, que le riche opprime le pauvre et que le puissant écrase l’humble. C’est aussi le fait que nous ne savons même pas être justes, dire ce qui est vrai, trancher avec justesse pour être en accord avec sa conscience de mortel.

Lentement, mais surement notre « Solidarité » est devenue trompeuse, mécanique, circonstancielle et cérémoniale. Nous finançons le mariage des pauvres, car c’est une occasion pour nous d’apparaître, d’afficher notre réussite et d’entendre dans la bouche de l’indigent que nous sommes « bons ». Nous ne soignons pas le malade, ne nourrissons pas l’affamé, mais immolons des bœufs au décès du parent pauvre pour soulager notre conscience et entendre dire que nous avons réussi.

De la première République à la troisième République, la classe politique a imposé la morale collective selon laquelle le « fort », « le riche » et « le puissant » peuvent se permettre tout et en tout temps. En face de l’homme qui a du pouvoir (politique ou économique) ou de la force (physique ou en armes), le Guinéen est appelé à céder, à plier, à s’effacer et à s’affaisser. Même la règle non écrite de notre code de route est fondée sur ce principe : « les grosses voitures passent avant les petites, les neuves avant les vieilles, certains types de numéro avant d’autres, certaines catégories de conducteurs avant d’autres ». Pourtant, il y a une morale universelle qui veut qu’un pays dans lequel le savoir, l’âge et l’indigent ne sont pas respectés est un pays voué à l’échec.

Cette perversion de l’éthique explique la falsification de la date de naissances de cadres pour ne pas aller à la retraite, de la fraude permanente dans nos élections, de la famille qui paie pour qu’un autre fasse l’examen à la place du rejeton familial, de l’étudiant et/ou l’élève qui s’installe en classe supérieure ou dans un autre cycle avec le nom d’un autre (homonymie, comme disent les enseignants) et du chercheur d’emploi avec un diplôme fabriqué au coin de la rue.

C’est cette perversion de l’éthique qui explique que l’on fouille des blessés et des cadavres pour leur soutirer de l’argent sur le lieu de l’accident au lieu de leur porter secours ; que l’on perce la cuve d’une citerne accidentée pour siphonner le carburant ; que l’on se dénude en pleine rue et en public (« ce que l’on vend, on le montre ») pour dit-on danser.

 

  1. REFORMER L’ETAT

On ne peut changer la Guinée, sans changer son Etat et en premier lieu l’administration publique nationale et locale. Même dans un monde libéral, qu’on ne s’y trompe pas, le vecteur de la coordination et de l’impulsion des actions de développement reste l’administration. De sa qualité, de son organisation et de son efficacité dépendra l’attrait de la Guinée, l’assurance des investisseurs et le volume des investissements.

Pour cette administration publique, il a été décidé de créer une école nationale. C’est bien, mais c’est insuffisant. Pour que l’effet de cette école soit bénéfique, il faut répondre à une question stratégique simple : quel est le modèle administratif guinéen ?

Comme à son habitude, la Guinée ne répondra pas à cette question : elle décidera de ne pas décider. L’aboutissement de cette indécision décidée sera de continuer comme dans le passé à avoir une organisation administrative « bricolée » et disparate. Exactement comme les « allah kabon » que l’on rencontre dans les rues de Conakry : « un véhicule de marque française, un moteur russe, un châssis fabriqué par les forgerons de Guinée, des pneus chinois et parfois des pièces dont-on a décidé de se passer car considérées comme inutiles par le mécano du quartier ».

La nouvelle administration publique centrale de Guinée doit avoir un environnement de travail plus stimulant et plus productif. Pour cela, il est préférable qu’il soit sous le même toit (un immeuble commun) ou l’espace de travail sera pensé pour assurer la transparence des actes administratifs (vitre claire, espace commun pour chaque direction nationale, etc.), le partage de l’information (en imposant un système d’intranet pour les réunions et des vidéoconférences impliquant tous les employés d’un département et/ou de plusieurs départements ministériels) et l’efficacité au poste de travail en empêchant l’accès des marchands, vendeurs des biens, des services dans les espaces de travail. Le rez-de-chaussée de l’immeuble devrait servir de lieu de réception et de délivrance du courrier des usagers du service public. Un système de contrôle informatisé devrait permettre de limiter l’absentéisme, inciter à la ponctualité et réduire les promenades aux heures de service.

Ces modifications et d’autres, comme la mise en place d’un plan de carrière et d’un niveau de rémunération concurrentiel à celui du secteur privé, devrait réduire le commérage, l’oisiveté, la politisation du poste de travail pour qu’enfin la Guinée puisse se doter d’un Etat avec une administration de développement. Car un Etat faible génère l’ethnocentrisme. Un Etat injuste entretien l’ethnocentrisme. Un Etat clientéliste propage l’ethnocentrisme et ne peut plus se reformer.

Dans l’administration et les autres postes de travail, le problème de la qualification pourrait être résorbé avec une formation continue en cours de carrière, une organisation rationnelle du poste de travail et par un système de promotion et de responsabilisation fondée sur le mérite. Mais lorsque par le jeu des relations népotiques, clientélistes et autres tares fonctionnelles de notre administration et autres services publics, des médiocres atteignent des sommets dans le commandement de l’administration et/ou de l’armée, il se développe deux choses :

1)      Le compétent se décourage et se réfugie dans l’isolement, le mutisme et parfois démissionne sans quitter son poste en se trouvant un autre emploi plus gratifiant pour son niveau d’expertise et ;

2)      Le médiocre, pour garder sa position, verrouille le système en mettant en place un système de réseaux des incompétents et des malhonnêtes (les deux frères siamois de la gabegie).

De sorte qu’on peut dire, un système de promotion fondé sur des critères subjectifs enfonce l’Etat, son administration et le pays dans les abîmes de la pauvreté. Car la richesse comme la pauvreté sont des créations humaines.

 

  1. DE-ETHNICISER LA GUINEE

La troisième porte d’entrée du changement en Guinée doit porter sur la « dé-ethnicisation » du pays. Cette « dé-ethnicisation » passe par la transparence à tous les niveaux, la réduction des pouvoirs exorbitants accordés à certains responsables et l’imposition de la méritocratie comme principe de désignation de tous les responsables à tous les postes. Il faudra donc changer les textes, tous les textes et les pratiques discrétionnaires qui engendrent les abus.

L’instrumentalisation de la question ethnique a d’abord été le fait du colon pour contrôler et dominer. Il l’a ensuite été et est encore le fait des élites (politiques, économiques, administratives, etc.) qui cherchent à contrôler l’Etat et ses ressources (les marchés publics, les services sociaux que l’Etat est sensé mettre à la disposition des citoyens, les postes de l’administration publique qui passent par le contrôle de l’exécutif qui possède un pouvoir discrétionnaire exorbitant dans la désignation des hauts responsables de l’Etat guinéen), les avantages qu’ils procurent et les privilèges qui s’y rattachent.

Le groupe ethnique ne vient pas de l’Etat et n’a pas jamais empêché celui-ci de fonctionner. Tous les Etats africains comptent des dizaines et parfois des centaines d’ethnies et plusieurs parmi eux fonctionnent normalement. En Guinée, après avoir raté notre développement, nous y avons ajouté une tribalisation outrancière. Partout et en tout temps, nous réveillons les vieux démons. Nous ne cherchons pas seulement l’ethnie de notre interlocuteur, nous cherchons celle de sa mère, de ses aïeux et parfois même la « pureté de son ethnicité ». Nous vivons dans un pays paradoxal : « nos élites politiques font tout pour que nous allions à la guerre civile et le peuple refuse », jusqu’à quand ?

 

  1. REFORMER NOS LOIS

Pour changer la Guinée, ou si vous voulez pour la refonder, il faudra remettre en question nos textes (constitution, lois, règlements) pour qu’elles émanent de la population et reflètent nos valeurs. La remise en cause de nos textes doit permettre de questionner notre classe politique, la société dite civile et nos forces de défense et de sécurité.

Dans l’article que j’ai publié dans le Lynx n° 1191 et les excellentes contributions de Monsieur TOUNKARA dans les Lynx suivants ont montré, pour ceux qui ont pris la peine de les lire, la faible pertinence de notre régime et de son adaptation à la réalité sociologique de la Guinée. Je persiste à croire que le régime présidentiel à la française, avec un monarque seul à la tête de l’Etat, n’est pas bon pour la Guinée et les Guinéens. Si nous voulons sortir du « piège ethnique » de nos politiciens, il nous faut une constitution qui brouille le repérage ethnique en choisissant soit :

1)      Un régime présidentiel à l’américaine ou à la nigériane avec un ticket (un président et son vice président) sans premier ministre ;

2)      Un régime parlementaire ou le président serait un monarque qui incarne la continuité de l’État et ne participe pas à l’exercice du pouvoir en dehors de la nomination du chef du Gouvernement.

Quelle que soit la formule retenue, on se souviendra et les dernières élections l’ont montré, l’élection à la proportionnelle sur une liste nationale réduit la valeur du député et surévalue celle du leader. Ce chantage des leaders des partis qui permet d’élire des copains, sans base électorale, est préjudiciable à la démocratie. De même, il est temps de supprimer les dispositions discriminantes qui limitent le droit d’éligibilité aux seuls partis politiques, sauf si on adopte le régime parlementaire. Dans ce cas et seulement dans celui-ci, il est possible de réserver le droit d’éligibilité aux postes de députés aux partis politiques, mais pas celui de la présidence.

Les Guinéennes et les Guinéens doivent se convaincre qu’il n’est pas possible de faire la démocratie sans des démocrates. Il est impossible d’avoir des partis « individus », « familles », « copains » et/ou « entreprises personnelles » sans aucune démocratie interne et espérer la démocratie.

Il est aussi préférable d’avoir un pays sans « société civile » que d’en avoir une qui est appendice et prolongement nocturne de la classe politique. Un match sans arbitre peut conduire à l’arrêt avant terme. Un match avec un arbitre partial et partisan conduit d’abord à des disputes, des insultes, l’arrêt du match avant la bagarre. La refondation de la société civile guinéenne est, à mes yeux, une priorité absolue.

Il faut que s’arrête la création d’ONG qui deviennent des « Individus Non Gouvernemental », des ONG entreprises qui prennent cette étiquette pour éviter de payer des taxes et impôts. De toutes les associations, les « coordinations » méritent une attention particulière. Le problème des coordinations en Guinée n’est pas leur composition, c’est le fait d’exercer un mandat qu’elles n’ont pas (représenté une ethnie) et d’empêcher le fonctionnement de la République. Avec les coordinations, l’Etat perd de sa substance et le citoyen se tourne vers sa communauté.

On doit aussi s’entendre sur le fait que la refondation de la Guinée va coûter des moyens importants et une réallocation du budget national vers ces nouvelles priorités. Cet argent, avant d’aller le chercher à l’étranger, il faut le prendre là ou il se trouve : dans le budget de l’armée. Les militaires guinéens doivent savoir qu’ils ne sont pas la Guinée, tous les Guinéens ne peuvent pas travailler pour eux et ils ne peuvent pas avoir plus de 10% du budget national de développement (BND). C’est le prix d’une autre Guinée, moins militarisée, plus juste et plus prospère.

 

  1. AVOIR UN PARTENAIRE STRATEGIQUE

Enfin, pour terminer sur ce qu’il faut changer en Guinée, les Guinéennes et les Guinéens doivent se convaincre que nous ne pourrons pas profiter pleinement de nos potentialités minières et agricoles en l’absence d’un appui, d’un pays développé qui assurera le rôle de partenaire stratégique pour la Guinée.

Je sais, depuis 1958 et notre fameux « Non », les Guinéennes et les Guinéens ont intériorisé un discours « nationaliste » qui est repris en refrain par tous et parfois pour protéger des intérêts individuels. Mais il me plaît de rappeler aux Guinéens que depuis Yalta, le monde est partagé.

Sous la première République, nos gouvernants avaient opté pour le camp de l’Est avec le résultat que l’on sait. Depuis, nous assumons notre « indépendance » en regardant dans un horizon de 180 degré sans véritable doctrine diplomatique ni un partenaire stratégique. Cette situation, conjuguée à la faiblesse de l’épargne nationale et des ressources humaines, place la Guinée dans une fragilité en face des grosses multinationales. Non seulement nous n’avons pas les informations stratégiques du marché mondial (asymétrie en matière d’informations), mais nous n’avons pas aussi l’expertise nécessaire pour négocier et écrire des contrats qui ne nous défavorisent pas. Pour toutes ces raisons, je propose aux Guinéennes et aux Guinéens et en particulier aux élites de ce pays de conclure avec une grande puissance mondiale un partenariat stratégique pour nous servir de tête de pont dans cet univers mondialisé. Le pays idéal pour moi serait la France.

En disant cela je prends un risque énorme. On m’a vivement conseillé de rester dans la généralité et de ne pas prononcer le nom d’une puissance, surtout pas la France. Car, m’a-ton-dit, les dignitaires de la Première République vont m’accuser d’être un valet de ce pays. J’ai décidé de passer outre en prenant mes responsabilités et en disant à tous le fond de ma pensée, sans complexe et sans la peur des étiquettes.

Pour moi, le France est un bon choix pour la Guinée. Les raisons de ce choix sont multiples et me semblent pertinentes les unes que les autres. Ce n’est pas seulement notre ancien colonisateur et un membre permanent du Conseil de Sécurité, c’est aussi un pays qui possède des expertises avérées dans maints domaines. La France peut apporter à la Guinée ses ressources humaines pour faire fonctionner notre Etat. Notre sol et notre sous-sol demandent la réalisation d’infrastructures importantes (routes, chemin de fer, barrages hydroélectriques). La France possède une expertise avérée dans ses domaines et est en mesure d’assurer la mobilisation des ressources indispensables à la mise en valeur de nos ressources.

Il faut savoir être opportuniste et profiter des difficultés actuelles de l’économie française. Le décollage de notre économie serait un formidable levier pour la croissance française. Car nous avons dans notre sol, dans nos eaux et dans notre sous-sol les richesses nécessaires pour participer à la ré-industrialisation de la France. Un pacte stratégique entre la France et la Guinée est une relation de gagnant-gagnant. C’est maintenant qu’il faut saisir notre chance, après nos voisins.

 

  1. CONCERTATION NATIONALE

La dernière question que je me pose est de savoir quelle méthodologie pour le changement ? Le processus de changement fait toujours courir des risques à un pays. Mais ne pas changer est aussi un autre risque plus grand : celui de voir la Guinée se balkaniser sous l’effet conjugué et/ou séparé de sociétés minières et/ou d’un pays voisin.

Il y a urgence à se parler, à discuter et à négocier en utilisant le vocabulaire qu’on voudra dans la formule voulue (Etat Généraux de la nation, Conférence nationale, Assise nationale, etc.). S’il y a des mots qui dérangent, utilisons ceux qui ne fâchent pas. Cependant les Guinéennes et les Guinéens doivent savoir que la Guinée ne peut faire l’économie d’une concertation nationale pour poser les problèmes, tous les problèmes et proposer des pistes d’un nouveau pacte républicain.

Ce changement que tous les Guinéens appellent de tout leur être doit aussi, pour réussir, être participatif. Le changement participatif implique que les citoyens adhèrent et deviennent acteurs du changement au même titre que les leaders politiques et d’opinions. Ce caractère participatif ne peut s’obtenir, qu’à l’intérieur d’un climat de confiance et de discussions franches et constructives. Au sortir de ce dialogue inclusif, participatif, véridique et dépassionné, la Guinée pourra réformer :

      La Guinéenne et le Guinéen (redéfinir les rôles, modifier les comportements, proposer des nouvelles valeurs et améliorer les conditions psychologiques du travail) ;

      Les structures administratives, politiques et autres institutions (assurer les réorganisations des structures pour les rendre plus fortes, multiplier les réseaux de communication, moderniser les techniques et les modes de production) ;

      La Culture (revenir à des valeurs culturelles saines comme le Travail, la Justice et la Solidarité).

Je viens de terminer de livrer le fond de ma réflexion. Elle est le fait d’un mortel qui a voulu rassembler dans un texte, qui se veut cohérent, quelques idées. Il est fort à parier que d’autres connaissent mieux que moi la réponse à ma question principale. Il est probable que mon texte manque de plusieurs choses. J’assume mes insuffisances et sollicite l’indulgence des Guinéennes et des Guinéens, car celui qui n’écrit point ne se trompe jamais.

 

Alpha Amadou Bano BARRY (Ph.D ; Sociologie ;

Maître de Conférences ; barybano@hotmail.com)

 

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