Organisation des élections et finalisation des transitions en Afrique: La leçon malienne !

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CONAKRY,13 AOUT 2013-Le Président Alpha Condé (que l’opposition Mouctar Diallo, président des Nouvelles Forces Démocratiques appelle à juste raison président de la transition) doit se mordre les doigts. Depuis qu’il a été élu, le 07 novembre 2010, il est incapable d’organiser les élections législatives. Après plusieurs reports, celles-ci sont programmées pour le 24 septembre prochain.

 

La République du Mali, qu’on avait chahutée pour avoir rompu plus de deux décennies de démocratie (avec le faux coup d’Etat du capitaine Haya Sanogo contre le régime moribond d’ATT), vient à nouveau d’infliger une petite leçon d’organisation d’élections et de finalisation de la transition à la Guinée.

Avec Alpha Condé, les guinéens devraient aussi se mordre les doigts, s’interroger et surtout essayer de hâter les pas. Même le Zimbabwé, avec son tyrannosaure Robert Mugabé nous a dépassé en matière d’organisation d’élections (oui, l’élection de Mugabé a été contestée, elle est contestable et ce n’est point un exemple de démocratie). Mais le symbole est là. Le dictateur a tenu sa parole. Il a organisé la présidentielle à la date indiquée.

En Guinée, Alpha Condé n’est pas un despote (même si certains opposants pensent le contraire), mais jusqu’à présent il est incapable d’organiser les élections législatives. Avant le Mali, il y avait eu la Côte d’Ivoire qui a réussi à organiser ces législatives (pendant qu’en Guinée l’opposition et le pouvoir se pourchassaient dans les faubourgs de la haute banlieue de Conakry, pour ou contre l’opérateur Way-Mark).

Après la Côte d’Ivoire, il y a eu le Sénégal, qui a organisé sa présidentielle et ses législatives Suivra la Sierra Leone, qui a aussi organisé sa présidentielle et ses législatives et municipales.

La Côte d’Ivoire, le Sénégal, la Sierra Leone et le Mali, ont la particularité d’être des pays limitrophes de la Guinée. Les élections qui y ont été organisées n’ont pas été forcément démocratiques. Mais elles ont tout de même eu lieu.

Pour en revenir au Mali, il y a 18 mois, ce pays était en proie à une rébellion islamiste au nord et à des putschistes au sud, précisément à Bamako. Entre ces deux extrémités, il y a quand même eu des hommes et des femmes patriotes qui se sont battus becs et ongles, pour chasser d’abord la junte du pouvoir et remettre un président transitoire au Palais Koulouba.

Ensuite, il a fallu user de toutes les diplomaties, pour contrecarrer les islamistes qui s’étaient installés avec turban et charia dans les principales villes du nord.

La France, l’ancienne puissance colonisatrice est venue à la rescousse pour bouter les jihadistes hors des frontières. Ça avait été tellement facile qu’on se demande aujourd’hui où se trouve le MUJAO ? En ce qui concerne les indépendantistes touaregs, tout le monde sait qu’ils sont à Kidal…Mais Kidal sous contrôle des soldats de la MISMA, a voté. Tout un symbole pour l’intégrité territoriale du Mali.

En un an et demi, le Mali peut se targuer d’être sortie de l’enfer pour le paradis…démocratique. Ça a été tellement facile que Soumaïla Cissé, « en bon démocrate diront certains » , n’a pas daigné attendre les résultats officiels pour reconnaître sa défaite. Il a pris son épouse et leurs fils pour aller faire allégeance au Président démocratiquement élu Ibrahima Boubacar Kéïta. La Fance, elle, non plus, n’a pas attendu les résultats officiels, pour adresser ses félicitations à IBK.

François Hollande, l’ami de l’Internationale Socialiste, très pressé à organiser la présidentielle au Mali, ne pouvait pas ne pas se précipiter. Alpha Condé, toute honte bue, n’a pas, non plus, manqué d’adresser ses chaleureuses félicitations à son ami de l’Internationale Socialise Ibrahima Boubacar Kéïta. Sans doute, quand il rédigeait son message, le Chef de l’Etat guinéen a du se mordre les lèvres….que-dis les doigts.

La leçon malienne aura été cinglante pour la Guinée et les Guinéens. Les législatives, c’est quand déjà en Guinée ?

Azoca Bah

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