Guinée:Douze ans après, les communales donneront-elles les résultats escomptés ?

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Les guinéens seront aux urnes ce 04 février pour choisir de nouveaux élus locaux au niveau des communes rurales et urbaines. L’élection est historique en ce sens que depuis 2005, les guinéens n’avaient pas voté pour leurs maires. Puisque cette situation de non-élection arrangeait les dirigeants qui se sont succédé à la tête de l’Etat, personne n’avait pensé à les organiser.

 

Entre 2011 et 2017, il y a eu beaucoup de manifestations de l’Opposition Républicaine pour réclamer la tenue des communales. Mais il a fallu attendre 2018 pour les organiser. Maintenant la question que bon nombre de guinéens se posent est celle de savoir si le scrutin sera libre et transparente, afin de permettre la désignation d’hommes capables pour conduire aux destinées des communes rurales et urbaines.

La transparence du scrutin préoccupe beaucoup d’observateurs en ce sens qu’il permettra une recomposition de la scène politique guinéenne. Ce qui a conduit les principaux leaders politiques à se substituer aux candidats en tête de listes pour battre campagne. Alpha Condé en personne s’est fortement impliqué dans le processus en sillonnant certaines localités du pays. Reste à savoir si l’homme, fin renard de la politique qu’il est, jouera franc jeu face à ses adversaires. Seulement voilà !

La franchise du jeu en matière d’organisation d’élections en Guinée ne peut être qu’un rêve. Déjà la veille de ces communales, il se dit que des urnes préalablement remplies de bulletins RPG Arc-en-ciel auraient été saisies dans plusieurs hameaux du pays. Cela n’augure rien de bon dans un pays où les habitudes en matière de fraude électorale ont encore la vie dure.

En effet, il y en a au sein de la mouvance présidentielle des caciques de l’ancien système de feu Conté qui croient que les temps n’ont pas changé. Ils n’hésitent pas à souffler dans les couloirs qu’Alpha Condé et son RPG Arc-en-ciel pourraient par exemple rafler les cinq communes de la capitale. Une chose impossible pour qui connaît la défaite cinglante infligée au parti présidentiel dans les cinq communes de Conakry pendant les législatives de 2013. Aucun député uninominal pour le RPG Arc-en-ciel qui avait misé sur des mauvais chevaux. Ce qui aurait d’ailleurs poussé Alpha Condé à exiger qu’il n’y ait aucune tête de liste sur les candidatures du RPG pour ces communales.

Le Président guinéen qui caresse toujours le rêve de briguer un troisième mandat souhaiterait faire un autre coup K.O à ces adversaires politiques à l’occasion de ces communales. Histoire de justifier une popularité dans l’ensemble du pays afin de déclencher des mouvements de soutien réclamant qu’il reste au pouvoir au-delà de 2020 afin de parachever le programme qu’il ne parvient pas à finir depuis 2010. Mais ça serait sans compter avec l’opposition guinéenne incarnée par le parti UFDG.

Cellou Dalein Diallo, président du parti UFDG et chef de file de l’opposition guinéenne, sait qu’il jouera sa dernière carte en 2020. Il sait également qu’avec toutes les erreurs commises en 2010 et 2015 et acceptées par l’UFDG, Alpha Condé et son RPG AEC ne lui feront aucun cadeau. Quitte même à le faire complètement chuter pendant ces communales en le confinant avec des maires rien que dans son fief traditionnel de la Moyenne Guinée.  Ce qui permettrait au pouvoir en place de démontrer à nouveau que l’UFDG n’a pas une assise nationale.

La stratégie bien calculée par Alpha consistera à accorder certaines communes rurales et urbaines à des partis politiques proches du RPG AEC et à d’autres candidats indépendants soutenus financièrement par le pouvoir. Certains politiciens ont déjà accepté de jouer le jeu de cette division rien que pour obtenir quelques conseillers. Voilà le contexte dans lequel les guinéens vont aux urnes ce 04 février 2018. Des surprises sont donc attendues à tous les niveaux.

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