« Force reste à Degg J » (Par S.Thi’ânguel !

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Une fan du duo Mbaye avait posté, récemment, sur son mur Facebook que les Degg J Force 3 sont d’une terrible mocheté, résultat peut-être de la fabrication d’un Dieu trop pressé. Mais elle admettait aussi qu’ils savent quand même incroyablement bien chanter. Entre nous, on attend d’eux qu’ils soient des mannequins qui font baver ou qu’ils nous concoctent des mélodies que même dans les mosquées ou les églises on se surprend à fredonner ? En plus ce qu’elle a oublié la gonzesse au regard de biche aux aguets et aux nibards foutrement gonflés, c’est que le succès et un peu de tune sont passés par là pour améliorer la « beauté » de nos rescapés de Boulbinet.

L’âge et le mariage s’en étant mêlés, ils peuvent désormais  se la péter. Parce que souvenez-vous, juste un petit souvenir, capté dans les recoins de notre cerveau par la galère fouetté. Je peux vous garantir qu’à les voir il y a quelques années, dans le fameux clip Kiridi où on les voyait gigoter, vêtus de la couleur de la mort et de ses affidés, on sent bien aujourd’hui qu’elle est bien passée, dans les parages, la maturité. La maturité ! Le mot clé ! C’est par elle que se livre et qu’on love le nouvel album délicatement léché que le duo se prépare à nous lâcher sur le marché. On serait tenter de gueuler que c’est un Skandal qu’il aussi bien mâché et inspiré. Même s’il y a la baguette magique d’un Moussa auquel le Seigneur donna le pouvoir de fendre une mer agitée. Quatre singles exhibés, quatre tubes certifiés. Quatre extraits balancés, quatre succès assurés. Quatre souffles lyriques, quatre flots aux flows qui vous arrachent les poils du corps avec volupté. Eclectique et électrique, les chansons vous démangent les pieds et vous font dodeliner de la tête comme un vieux lézard en plein soleil surchauffé. Chaque son monte d’un ton presque révolté, provoquant à souhait, prenant des virages inattendus et déroutés, comme pour titiller ceux qui pensent qu’ils se font trop vieux les fêlés. Comme pour prouver le bon adage populaire de notre mère Guinée qui enseigne que c’est dans les bonnes vieilles marmites que les succulentes sauces se font mijoter.

Oui, certes ils sont pas trognons nos garçons de Boulbinet. Oui, c’est clair qu’ils ne font pas non plus l’unanimité dans la cité, en particulier dans le milieu dont ils sont les rejetons affirmés et qu’ils devraient d’ailleurs travailler sur ce registre pour mieux améliorer leur image souvent écornée, mais du talent ils en ont à refiler. Comme on dit dans ce cas particulier, même quand t’aimes pas le clébard qui t’aboie dans les oreilles avec nervosité, il faut lui reconnaître qu’il a des dents bien blanches et argentées. On a beau raconter tout ou rien à leur sujet, ils sont partis encore une fois pour nous bluffer. Surprise, Ablaye se met à chanter ! Surprise, Moussa se met à rapper ! Nom d’une pipe cassée, on est complètement sur le cul devant de telles performances contre-indiquées.

Cinq ans se sont écoulés depuis que l’album Débrouillard avait été enfanté. Et tout le monde attendait que la fratrie saigne leur retour sur la scène pour nous expliquer pourquoi ils étaient tout ce temps cachés. La grossesse avait beaucoup trop longtemps duré. Apparemment, épouses et enfants les ont fortifiés pour fabriquer une Dynastie de toute beauté, un héritage qu’ils pourront assumer avec fierté. Apparemment, non fidèles à leurs femmes au pays mariées, ils se sont laissés partout partouzer. A fakoudou, de vraies prostituées. Se laissant sauter par toutes sortes de programmateurs insensés, sur toutes les tables de mixage de tous les studios aliénés, à travers tous les continents disséminés. Au final, Degg J accouche d’un môme métissé, traversé de sperme du rap au Reggaeton excité, de pures ovules RNB au Pop attisé, du sang du Dancehall aux nervures mandingues névrosées. C’est une palette d’influences bien frappée qui nous emporte et notre cœur de toutes les émotions est innervé. Pour avoir été de ceux qui ont écouté l’album en totalité, je peux vous affirmer que les premiers singles ne sont que la partie émergée d’un iceberg magnifiquement planté et le meilleur reste à déguster. Si je peux me permettre un plagiat d’un refrain de ma petite canaille de Djanii déjanté, je dirais : ça ne fait que commencer, ils ne vont jamais s’arrêter et à chaque sortie ils vont nous écorcher.

Le 16 avril 2017, je serais loin du Palais. Ainsi les circonstances et les manœuvres politiciennes en ont décidé. Si j’ai le cœur qui se met à chialer, au moment où certains voudraient que ce spectacle tant attendu soit annulé, au moment où soudainement on cherche des poux sur des crânes rasés, c’est parce que je n’ai pas de doute que ceux qui vont se déplacer ne vont pas le regretter. Ils vibreront du talent d’un duo qui s’est enveloppé d’une énorme force de maturité, qui leur offrira un album incroyablement sensible et enchanté. Pour ceux qui encore seront emmerdés par leur physique de l’homme du Neandertal mal épilé, lançons un petit défi plutôt risqué, mais laissons-nous nous défier, un p’tit pari bien osé : si l’esplanade du Palais déborde de spectateurs surexcités, Ablaye et Moussa s’engagent à consacrer une partie des recettes pour une p’tite chirurgie esthétique afin qu’on puisse les regarder, les admirer sans être choqué. D’ici ce jour où leurs bouches et leurs nez seront divinement redessinés, savourons les extraits sur notre langue et nos papilles posés. Et le 16 avril, avec eux, pensez à chanter et danser un peu pour votre fidèle foulèdi qui ne peut être à vos côtés. Alors, je pourrais continuer à m’ouvrir larges les narines pour me moucher mes débilités. En attendant, je ferme ma gueule et… la suite vous connaissez !

Soulay Thiâ’nguel           

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