« Si nous évitons toute forme d’excès, d’injure, de diffamation, d’incitation à la violence ou à la haine ethnique, nous ne respecterons aucun code imposé par le politiquement correct ou une quelconque bien-pensance. Comme le veut Albert Londres, pour une saine pratique du journalisme, nous allons pointer la plume sur la plaie. Un diagnostic sans complaisance est une étape indispensable à toute thérapie efficace ». Prouesse de Cheikh Yérim, grand journaliste qui a fait ses preuves (en bien et en mal) en passant Jeune Afrique. C’est la seule réponse qu’il a eue à donner à ceux qui ont trouvé ses articles teintés d’ethnocentrisme depuis qu’il a lancé, le 08 juin dernier, le site conakryactu.net.
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Quand un journaliste parle de « code imposé par le politiquement correct ou quelconque bien-pensance », ça nécessite un petit arrêt. Comme le souhaitent les partisans d’une initiative pour un journalisme éthique, le respect d’un code déontologique est un élément important dans la définition du journaliste.
Dans son livre « Vous dire la vérité, initiative pour un journalisme éthique », Aidan White écrit ceci : « les reportages couvrant des sujets interculturels, telles que les questions raciales, d’asile, d’immigration et de religion, requièrent une attention particulière et bon nombre de journalistes ont déjà adopté des directives internes ou un « style maison » permettant d’éviter l’emploi d’une terminologie incorrecte ou inappropriée. Une formation et des discussions sont nécessaires pour l’intégration effective de ces normes aux pratiques journalistiques ».
Albert Londres, que notre confrère cite disait ceci :« je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie » (source wikipédia).
Aidan White, rappelle tout de même que « clichés et stéréotypes sont les ennemis d’une bonne information. Il ajoute qu’un reportage (ce n’est pas le cas chez Yérim) sur des minorités et des groupes régulièrement victimes de stéréotypes dans la presse exige de la vigilance.
De nos jours, malheureusement, des journalistes en quête de sensationnalisme font fi de l’éthique et de la déontologie. S’ils doivent mettre la plume dans la plaie pour promouvoir la haine, l’ethnocentrisme et le régionalisme, les organes de régulation doivent se réveiller. La chasse à l’audience ne devait pas nous pousser à franchir le Rubicon.
« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrais jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire », disait un célèbre écrivain français. Dans un contexte guinéen déjà très pourri, personne n’interdit à Yérim de mettre la plume dans la plaie. La Constitution guinéenne et la Loi L002 portant liberté de la presse lui en donnent les pleins droits pour ne pas dire les pleins pouvoirs.
Depuis 1996, je pratique le métier de journaliste. Je connais les réalités sociales et politiques guinéenne autant que vous M.Yérim. Nous devons nous battre pour la pratique d’un journalisme responsable et de qualité. Nous devons nous montrer prudents lorsque nous abordons les questions concernant les ethnies.