Mort du Dr Dioubaté à Kankan: Le Parquet Général désapprouve la sortie du préfet

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Dans un communiqué publié dans la soirée de ce vendredi, 4 octobre 2024, le parquet général près la cour d’appel de Kankan a apporté des précisions sur les causes de la mort en détention du Dr Mohamed Dioubaté. Une mort qui suscite assez d’interrogations et de spéculations, surtout depuis la sortie tonitruante du préfet Kandja Mara tendant à faire croire que ce médecin pédiatre a été tué parce qu’il a tout simplement osé mettre le feu à une effigie du président de la Transition à Kankan. De nombreuses voix se sont élevées pour exiger des enquêtes, voire même engager des poursuites judiciaires contre le préfet de Kankan pour élucider les causes et les circonstances de la mort du Dr Mohamed Dioubaté. Le parquet général près la cour d’appel de Kankan vient donc d’apporter sa réponse.

 

“Le parquet général près la cour d’appel de Kankan a appris par voie de presse les déclarations faites par monsieur le préfet de Kankan lors de la cérémonie d’inauguration de la statue de monsieur le président de la République à Kankan. A ce propos, le parquet général près la cour d’appel de Kankan informe l’opinion publique nationale et internationale que suivant l’expertise médico-légale d’un corps (…) en date du 27 septembre 2024 délivrée par la direction générale de l’hôpital régional de Kankan, les circonstances liées au décès de feu Dr Mohamed Dioubaté (paix à son âme), médecin, âgé de 48 ans, sont à retracer à un cas de idiopathique. C’est pourquoi, suite la demande de restitution du corps formulée par la famille du défunt le même jour, monsieur le procureur de la République près le tribunal de première instance de Kankan a délivré la réquisition aux fins de restitution et d’inhumation (…) du 27 septembre 2024. Il est à préciser par ailleurs que l’état de santé du défunt lors de sa détention a conduit monsieur le juge d’instruction en charge du dossier à délivrer successivement l’ordonnance (…) en date du 17 septembre 2024 d’expertise psychiatrique, ainsi que l’ordonnance (…) en date du 26 septembre 2024 portant suivi et traitement médical. C’est dans ces circonstances que le défunt a rendu l’âme à l’hôpital régional de Kankan. C’est le lieu de déplorer les propos tenus par monsieur le préfet de Kankan relayés sur les réseaux sociaux et qui sont de nature à troubler l’ordre public. Le parquet général invite en conséquence les autorités administratives à tous les niveaux de son ressort à s’abstenir de tenir tout propos, discours et autres moyens de communication de nature à créer la confusion au sein de l’opinion publique nationale et internationale en cette période cruciale de la conduite de la Transition”, a écrit le parquet général près la cour d’appel de Kankan.

Les propos du préfet Kandja Mara qui ont mis le feu aux poudres

Le contrôleur général de police et préfet de Kankan est monté sur ses grands chevaux le 2 octobre dernier contre les “fauteurs de trouble” s’amusent à dégrader les portraits du président de la Transition, Général Mamadi Doumbouya, dans sa juridiction. Kandja Mara a notamment proféré une mise en garde colorée de menaces contre toute personne qui va s’évertuer à brûler les effigies du chef de l’Etat à Kankan. C’était à l’occasion d’une cérémonie d’inauguration d’un carrefour au quartier Banankoroda, dans la commune urbaine de Kankan.

« Ce monument, en tant que préfet et représentant du pouvoir central, doit rester intact. Certains individus malintentionnés pourraient songer à le brûler, à le salir, ou à y inscrire des graffitis pendant la nuit. Si nous attrapons une seule personne, elle subira le même sort que l’autre. C’est un acte symbolique qui ne doit pas être profané », a déclaré le préfet Kandja Mara dans une allocution où il alterne français et maninka.

Cette déclaration du contrôleur général de police Kandja Mara rappelle inéluctablement la mort en prison du Dr Mohamed Dioubaté, le seul individu qui a d’abord osé mettre le feu sur une effigie du Général Mamadi Doumbouya à Kankan. C’était le 7 septembre dernier au rond-point Komarala Loisirs. Il avait été immédiatement interpellé, placé en garde à vue et finalement conduit en détention à la maison centrale de Kankan. Malheureusement, près de trois semaines après son incarcération (le 26 septembre 2024), ce médecin (qui était en service à la pédiatrie de l’hôpital régional de Kankan) a été trouvé la mort.

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