Commerce illicite des pièces d’espèces protégées : les croyances de la médecine chinoise donnent l’ampleur au trafic
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!La vente et l’achat d’espèces végétales et animales, que ce soit sous forme de dérivés tels que les os, la viande et la peau sont réglementés par les lois nationales ou internationales. Mais, l’utilisation des peaux et pièces d’animaux sauvages, surtout protégés, pour la fabrication de remèdes traditionnels alimente un trafic illégal et met en péril les espèces les plus prisées.
Cet immense marché noir des pièces d’espèces en voie d’extinction constitue une des menaces de la dégradation de la biodiversité, du coup, du déclin de nombreuses espèces terrestres, aquatiques et végétales.
Outre le fait de mettre en danger l’écosystème, le commerce illicite des pièces d’animaux sauvages protégés décime des populations de lions, de pangolins, de rhinocéros, de léopards, de servals, de girafes et même de zèbres. L’Afrique de l’Ouest est en passe de devenir une zone de transit pour les produits d’espèces sauvages en provenance de l’Afrique centrale et en même temps, une zone source pour plusieurs espèces de flore et de faune sauvages.
Cornes de rhinocéros et écailles de pangolin, peau et griffes de lions réduites en poudre pour traiter le cancer, bile d’ours contre les problèmes de foie, ou encore liqueur d’os de tigre donnant force et vigueur… Les exemples de remèdes de la médecine traditionnelle chinoise concoctés avec des parties d’animaux sont nombreux.
En effet, dans la tradition chinoise, le fauve représente force, énergie et vigueur. Les produits dérivés de l’animal sont donc consommés pour leurs vertus énergisantes. Un produit s’est alors popularisé : la liqueur de tigre, un breuvage obtenu à partir de corps de tigres, décomposés dans des fûts d’alcool. Les restes du corps (os, peau et griffes) sont également récupérés pour être vendus.
Le marché illicite des pièces du tigre sauvage existe encore, avec cette idée, très ancrée dans la culture chinoise, que les produits prélevés directement dans la nature ont de plus puissantes vertus thérapeutiques. En novembre 2018, un abattoir clandestin de tigres a même été découvert à Prague, en République tchèque.
Le lion est de plus en plus braconné pour sa peau, des griffes et des os. L’utilisation de ses dents et parties génitales en médecine traditionnelle chinoise, tout comme pour des rituels vaudous, est aussi un facteur de disparition. S’ajoute à cela la réduction de leur habitat.
On donne plus de valeur aux dents, aux yeux ou aux os de tigre censés soulager l’arthrite et les rhumatismes selon les croyances de la médecine chinoise traditionnelle. Le commerce de produits issus du tigre ou du rhinocéros s’était brièvement interrompu en Chine avant de reprendre de plus belle fin 2018.
Finalement, l’Afrique compte aujourd’hui davantage de lions en captivité qu’à l’état sauvage. Et pourtant les prélèvements dans la nature s’intensifient encore, notamment parce que les chasseurs de trophées sont plus intéressés par les animaux libres que ceux élevés en captivité.
Au Togo, la lutte contre la criminalité faunique a pris une nouvelle dimension avec l’arrestation des nommés YEKPON Lucien et DAKO Marc, pour flagrant délit de détention, de circulation et de commercialisation de dépouilles d’espèces animales intégralement protégées par la CITES et les textes togolais portant classification et protection des espèces sauvages.
Même si les peaux saisies, ne provenaient pas de la faune et des réserves du Togo, le pays reste une plaque tournante d’exportation et de transit de spécimens d’espèce de faune et de flore sauvages. Mais les autorités, à part les textes nationaux et internationaux sur la protection des espèces protégées ratifiés, s’activent en contribuant à la lutte contre la criminalité liée au trafic illicite d’espèces de faune et de flore sauvages tout en assurant une sécurité environnementale.
Aussi, l’article 761 du nouveau code pénal dans son volet environnement, sanctionne toute personne qui détruit ou fait le commerce direct ou indirect sans droit d’espèces animales ou végétales, à une peine d’un à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende d’un million à cinq millions de francs CFA sans préjudice de toute autre disposition au code.
Rappelons que le braconnage commercial n’est que l’une des menaces qui pèsent sur la faune sauvage. À côté de ça, le développement constant des populations humaines grignote chaque année un peu plus les habitats naturels des autres espèces.
La déforestation, pour l’agriculture ou l’habitation, entraîne la disparition des forêts de toutes sortes où résident pourtant une quantité colossale d’espèces. Et puisque l’espace vital de la faune sauvage se rétrécit, les animaux sont amenés à s’approcher un peu plus près des hommes mais la cohabitation est bien souvent difficile.
Pour de nombreux produits dérivés de la faune sauvage, la demande est motivée par des traditions, dont beaucoup n’ont aucun fondement scientifique. L’éducation du public sur l’importance des animaux et le poids de la désinformation pourrait contribuer à réduire cette demande, et à freiner le cœur de l’industrie du braconnage. (EAGLE-Togo/juin/2023)
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Nicolas Koffigan E. ADIGBLI
Journaliste, Maître en Communication
Directeur Aspamnews, DP « Le Nouvelliste »
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