Tribune/Guinée: Infinis dialogues et monologues…

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Avril 2011 : réception de Cellou Dalein Diallo. Bilan : arrestation de plusieurs cadres du parti et un mort : Zakariaou Diallo.  Malgré la douleur, l’injustice, les bases d’un dialogue entre pouvoir et opposition sont jetées.  C’est aussi le début de la bataille pour des élections législatives avec le Collectif des Partis Politiques pour la Finalisation de la Transition et l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP). Initialement prévues en décembre 2010, elles sont reportées sine die. Néanmoins, dans les jours qui suivent, on accepte de prendre part à ce qu’on a appelé à cette époque le « Cadre de dialogue inter-guinéen ».  Septembre 2011 : les premières manifestations se soldent par trois morts.  Décembre de la même année, on compte déjà 5 morts. Alors, on dialogue ou pas ? Bien sûr qu’on dialogue.  Août 2012 : du gaz lacrymogène perturbe le repos des leaders dans leurs domiciles et une trentaine de militants et le fils d’un leader est coffré. On boycotte le dialogue ? Non ! Il n’y a pas mieux que le dialogue tout de même. Ou bien ?  Mars 2012 : On enfume les principaux leaders politiques de gaz lacrymogènes cloîtrés dans leurs véhicules… et encore de nouveaux morts, des blessés et des arrestations. On vient au dialogue quand même. Les résolutions adoptées ne sont pas suivies d’effet.  Mai 2013 : 17 morts à déplorer pour des élections législatives prévues en juin.  2013 est certainement l’année la plus meurtrière. Pas moins de trente morts. C’est l’année des accords à la suite d’un dialogue avec un certain Saïd Djinnit. La communauté internationale a été réclamée à cor et à cris. Le Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest est venu. Résultat du dialogue qu’il a conduit ? Dans les tiroirs. Moralité : l’habit ne fait pas le moine.  Lorsque la présidentielle de 2015 pointe le nez, elle trouve sur la table les revendications de la tenue des élections communales et une cohorte de morts qui a gonflé au fil du temps. On s’approche inexorablement du chiffre tragique de cent morts. Malgré tout, l’élection présidentielle est organisée avec la participation de l’opposition. On connaît la suite. C’est le fumeux coup K.O. Et les élections communales réclamées ne seront organisées qu’en 2018, après une série de manifestations, de morts et de participation à un nouveau dialogue. C’est d’ailleurs le summum de l’acceptation du dialogue. Puisque le chef de file de l’opposition rencontre le Président de la République. C’était le 1er septembre 2016 pour un entretien qui dura presque deux heures.  Et si maintenant on parlait un peu des présidents, facilitateurs, observateurs et le vocabulaire associé à nos fameux dialogues.  Alhassane Condé, ça vous dit quelque chose ? Oui, c’est lui-même. Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation. Je me souviens encore du jour où il est venu au QG de l’UFDG. Je m’en souviens comme si c’était hier. Puisque c’est le jour où on avait voulu m’alpaguer pour avoir fait un documentaire intitulé : L’axe de la Répression.  Et le Général Bouréma Condé ? Vous voyez de quel gugusse il s’agit, non ? Un autre patron du MATD et Président du cadre de dialogue en 2016. Avant lui, c’était un certain Cheick Sako, ci-devant ministre de la Justice, garde des shows… spectacles au dénouement prévisible. La mise en œuvre des conclusions ? Revenez demain et on verra s’il reste encore un peu de gnôle pour arroser votre espoir déchu.  Alhassane, Bouréma, Cheick, même si les trois sont ministres, les deux premiers sont-ils à la tête du MATD comme un certain Mory Condé ? Peut-être bien que oui. Peut-être bien que non. À vous de juger.  On va au dialogue avec trois ministres dans un régime arrogant et assassin. Mais, on snobe le dernier dès la fin de la première réunion qu’il organise, dont on se fout comme un circoncis de son prépuce sectionné. Mory n’est pas Alassane, encore moins Général ou grand avocat en France. Un point. Un trait.  Continuons notre devoir de mémoire pour se rappeler des démarches d’un certain imam Saïd Fofana et son chapelet mandatés en 2013 par Alpha Condé pour ouvrir un cadre permanent de dialogue. Il est Premier Ministre. Mais il n’est pas Bernard Gomou. Le premier est Elhadj. Le second est docteur. Dans un pays où Dieu est taxé de complice de toutes les conneries humaines, il vaut mieux avoir la tronche d’un religieux que d’un médecin ou d’un quelconque intello binoclard à deux pennys.  Et la CEDEAO dans tout ça ? Pardon de faire mon fouille-merde. Mais ce n’est pas elle qui se fendait de communiqués usités, incolores, inodores et sans saveur face à la centaine de jeunes fauchés par le régime d’Alpha Condé ? Jean-Claude Kassi Brou, ça vous cause ?  Et on me dira que je ne comprends rien à la politique lorsque je m’interroge sur le rapprochement circonstanciel RPG/UFDG. Bourreau et victime d’hier font front pour dégommer un ennemi qu’ils se sont facticement inventés. À moins que ce ne soit une façon à la mords-moi-le nez de redéfinir le concept de syndrome de Stockholm. Il parait qu’en politique on n’a pas d’amis, on a des intérêts… et des désintérêts au gré de vents d’ouest.  En attendant, on perd du temps dans des nuances lexicales (concertation/dialogue), des tiraillements de celui qui dirige ou compose le cadre, des formats de la parlotte, etc. On crache sur le mot concertation ? C’est vrai que dans « concertation », il y a « concert » et on n’est pas là pour jouer. Alors, on veut au menu un mot à mille lieues de concert-tension : dialogue. Le grand-frère Larousse n’a qu’à pardonner si on doute de la synonymie qui se balade dans le blanc de ses pages.  Sinon, un petit ministre aux commandes ? Hors de caution ! euh… hors de question, je voulais dire. Allez, voici le premier des ministres. Un arrêté pour la mise en place du cadre ? Pas de panique. On vous sert le décret colossal du colosse de Mohamed V. Satisfait ? Non ! Réponse : un seul pronom, un seul verbe, un seul temps de conjugaison : ON REJETTE !  Mais, une chose est sûre : certaines phrases insistantes résonneront toujours dans des petites caboches comme la mienne : «La rue nous coûte chère. Nous devons aller au dialogue chaque fois que nous en avons l’opportunité, même si on se fait rouler dans la farine. Même si certains pensent qu’on est naïf». Et chaque à chaque désignation d’un nouveau président cadre de dialogue, une phrase belle éclot comme la rosée d’un matin de printemps : «Nous le jugerons aux actes».  Alors, ce serait bien de venir au dialogue et juger aux actes. Laisser le bénéfice du doute. Ne pas faire de procès d’intention. Le pays y gagnera en apaisement, en maturité, dans la fraternité et la complicité.  Soulay Thiâ’nguel

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