Guinée : Le CNRD face désormais à l’épreuve de la réalité de l’exercice du pouvoir !

0
966

L’exercice du pouvoir lorsqu’on y accède, quelle que soit la voie ou la forme par laquelle on y arrive, est loin d’être une partie de plaisir, faite exclusivement de délices et d’honneurs.

Il est aussi et à la fois une véritable sinécure, une course d’obstacles comportant de nombreuses épines et embûches à surmonter au quotidien que l’on était loin d’imaginer au moment de la prise du pouvoir.

Ces aspects difficiles occultés au début par l’euphorie qui accompagne généralement une alternance au sommet de l’état, même lorsque celle-ci survient de manière brutale ou brusque (coup de force), donne souvent la fausse impression d’une totale symbiose avec les populations et d’une forte adhésion de celles-ci aux nouvelles autorités .

A l’évidence le CNRD, après l’euphorie du temps de grâce des premiers moments, fait désormais face à la réalité du pouvoir avec ces défis politiques, économiques, sociaux divers et variés.

Aujourd’hui, les difficultés et défis jusqu’alors contenus explosent dans toute leur acuité.

Cette situation, comme on le constate présentement, rend difficile et complexe la gestion de la transition.

Et depuis le déclenchement de l’opération de récupération du patrimoine bâti et non bâti de l’état et des poursuites judiciaires à l’encontre d’anciens gestionnaires par le CNRD, la tâche est devenue davantage ardue.

Les actions annoncées et conduites dans ce cadre ont ravivé et exacerbé les tensions politiques et sociales, en donnant le sentiment à plus d’un que la conduite de la transition est devenue compliquée et serait même au bord du péril.

Et que la transition, que le CNRD souhaite inclusive et apaisée, si elle n’a pas encore pris du plomb dans les jambes commencerait à tanguer sur une mer en agitation.

Des houles et des vagues surgissent à l’horizon que l’on cesse de scruter pour ne point être surpris par l’apparition soudaine d’obstacles imprévus dans un pays où les régimes politiques précédents ont mis en mal l’aspiration populaire au bien-être économique et social, hypothéqué un rêve devenu inaccessible pour la majorité des Guinéens.

Par ailleurs le fait que ces mesures de récupération aient touché certains barons déchus et dignitaires d’anciens régimes, qui nourrissent encore de forte ambition à revenir au pouvoir, prouve la détermination du CNRD à faire table rase des mauvaises pratiques du passé même si l’opération peut paraître risquée, politiquement compliquée.

En effet, les concernés trouvent ces actions orientées, arbitraires, inopportunes et seraient de nature à porter atteinte à la paix sociale.

En dépit de ces protestations et velléités de recourir à leurs militants si toutefois leur droit de « propriété consacré par des textes légaux » venaient à être remise en cause, le CNRD est resté serein dans la forme et dans le fond en réaffirmant sa ferme détermination à aller jusqu’au bout de son engagement, tout en rappelant avec force qu’aucun désordre ne sera toléré.

La volonté du CNRD de récupérer la totalité des biens spoliés de l’état a suscité de nombreuses réactions et interprétations politiques souvent malsaines, partisanes et négatives.

Ainsi, certains ont prétendu que ces opérations viseraient somme toute à écarter quelques leaders de la prochaine présidentielle en raison de leur poids politique incontestable.

Surtout que, parallèlement à la poursuite des actions de récupération des biens de l’état, la CRIEF, récemment mise en place, a aussi fait une entrée remarquée en engageant des procédures à l’encontre de nombreux hauts cadres soupçonnés de détournement et de corruption au moment où ils avaient en charge la gestion des deniers publics.

Pourtant, ces actions qui s’inscrivent dans le cadre de la moralisation de la vie publique et qui ont eu dans l’ensemble un échos favorables auprès des populations méritent d’être soutenues par tous les patriotes.

Il est important de retenir que ces actions du CNRD visent à lutter contre les fléaux qui ont pour noms le vol, le détournement, la corruption, le blanchiment qui étaient malheureusement devenus l’ADN de la haute administration afin d’imprimer une nouvelle gouvernance plus vertueuse au sein des administrations et favoriser le bien être des populations Guinéennes qui demeurent l’aspiration et l’objectif politique ultime que poursuit le CNRD.

À suivre !

Par Djigui Camara, ancien ministre de la Coopération Internationale

Commentaire