Depuis que le Colonel Mamadi Doumbouya a unilatéralement décidé de baptisé l’aéroport international de Conakry Gbessia du nom de feu Ahmed Sékou Touré, la transition guinéenne vacille entre pro Sékou et Anti-Sékou Touré. Trente-sept (37) ans après la mort du tyran, son ombre continue encore à hanter l’espace social, politique et culturel de la Guinée. Mais le fantôme du Responsable Suprême de la Révolution a eu beaucoup plus d’échos ces trois derniers mois.
Dès l’avènement du CNRD au pouvoir, le 05 septembre, les couleurs du PDG/RDA ont commencé à briller auprès de la junte avec la présence des conseillers comme Hadja Saran Daraba et l’ancien Premier Ministre Kabinet Komara. Le premier acte, rappelez-vous, la rumeur avait vite circuler que Kabinet Komara pourrait reprendre les rênes du PDG/RDA afin d’être le candidat du CNRD à la prochaine présidentielle. Jusque-là, personne n’a démenti cette information ni dans le camp de Mamadi Doumbouya encore moins celui de l’ancien PM Komara.
Le deuxième acte de l’influence des sékouréIstes sur le CNRD et le Colonel Mamadi Doumbouya a été la visite du mausolée de l’ancien Président à la Camayenne suivie de celle chez l’ancienne Première Dame Hadja André Touré à Coléah. Comme si tout cela ne suffisait pas, il y a eu cette cérémonie de restitution des cases Belles Vues à la famille de feu Ahmed Sékou Touré. Certains Guinéens ont applaudi. D’autres ont critiqué.
Mais n’en faisant cure, le Prince du Palais Mohamed VI a posé un acte plus cinglant. Le 16 décembre, il a pris un décret rebaptisant l’aéroport international de Conakry du nom d’Ahmed Sékou Touré. Les membres de l’Association des Victimes du Camp Boiro n’ont pas tardé à s’indigner. De milliers d’autres guinéens ont manifesté leur désapprobation via les réseaux sociaux.
Même le Premier Ministre Mohamed Béavogui, un des neveux de feu Diallo Telly tué par Sékou Touré au Camp Boïro, n’en n’était pas informé. Ni consulté. Sans doute on savait qu’il allait marquer son opposition. Le mal étant fait, il ne lui resterait plus qu’à démissionner ou accepter cette gifle de trop.
Ces faits et gestes du Colonel Doumbouya concernant feu Ahmed Sékou Touré et sa famille ne devraient tout de même pas être pris à la légère par les guinéens. L’homme du 05 septembre 2021 doit avoir dans sa tête Sékou Touré ou Sékou Touré se trouve dans sa tête. L’endoctrinement par des conseillers occultes sur le rôle joué par feu Ahmed Sékou Touré dans l’accession de la Guinée à l’indépendance est un des déclics. Les bienfaits du bourreau prévalent sur ses méfaits, selon les partisans de cette réhabilitation toute azimut.
Pourtant, il y a encore des charniers introuvables, des veuves qui n’ont pas fait le deuil de leurs époux tués ou portés disparus durant les 26 ans de règne sans partage de Sékou Touré. Toute la vérité n’a pas été dite concernant les vrais commanditaires des crimes commis sous ce goulag tropical à la guinéenne.
Si Sékou a été héro et tyran, le Colonel Mamadi Doumbouya ne devrait pas n’avoir qu’une seule idée dans sa tête : celle d’un Sékou Touré blanc comme le boubou et le mouchoir qu’il affectionnait tant.
