I. Les cinq (5) piliers du « new deal » une nécessite dans la gouvernance des Etat fragiles.
Monsieur le Premier chef du Gouvernement de la Transition!
Vous venez de bénéficier de la confiance du CNRD et de son président à travers votre nomination à cette prestigieuse fonction.
Je mesure l’immensité de la tâche qui vous attend. Il serait très prétentieux de dire ici que vous pourrez seul relever les nombreux défis qui vous incombent et à mon sens aucune personne au monde n’y arrivera seul.
À ce titre, je formule le souhait que vous méritiez la confiance octroyée afin que les guinéens connaissent le chemin de la résilience et du Développement durable.
Notre chère Guinée est parmi les 20 pays les plus fragiles au monde et est membre du comité international des États fragiles depuis plusieurs années.
Il est fortement recommandé aux décideurs des États fragiles de mettre en œuvre le
« New Deal » pour bouter la fragilité et promouvoir le Développement durable. Je vous propose cinq (5) piliers qui pourront guider l’action gouvernementale.
1. D’initier des politiques légitimes et inclusives: toute décision qui engage la vie de la nation doit refléter l’avis de la majorité avec le respect de la minorité. Par exemple la mise en place des institutions de la transition et l’organisation des prochaines élections permettront d’évaluer l’atteinte de cet objectif.
2. De promouvoir la sécurité des personnes et de leurs biens.
3. De Réformer la Justice : En permettant aux guinéens d’avoir accès à la justice de façon équitable, de remédier aux injustices du passé.
4. De jeter les bases des fondements économiques, infrastructures et emplois jeunes par la promotion de politiques publiques incitatives, inclusives, distributives et pérennes.
5. De doter la Guinée d’une administration de développement tournée vers la satisfaction de l’intérêt de la collectivité nationale par le renforcement des capacités et la dépolitisation de l’administration.
Voici Monsieur le premier Ministre ma première contribution après votre nomination qui porte un immense espoir aux guinéens partout où ils sont.
Comme vous le savez, la Guinée n’a atteint aucun objectif des agendas mondiaux de Développement pilotés par les Nations Unies.
Il est temps de rompre avec le pilotage à vue et de renouer avec la planification du développement et la prospective.
Votre action permettra à la Guinée d’être apaisée, réconciliée afin que les Guinéens se choisissent enfin leurs propres dirigeants.
II. La Réconciliation nationale une priorité́ du CNRD et du colonel président de la République. Comment y parvenir?
Monsieur le premier Ministre chef de Gouvernement de transition!
Un des grands chantiers auxquels le président Colonel attache du prix est la question de la réconciliation nationale.
En votre qualité́ de Coordinateur de l’action gouvernementale vous devez placer cette problématique au cœur de vos préoccupations quotidiennes.
Ainsi, je fais cette deuxième contribution qui, j’espère bien vous sera utile dans la conduite de l’action gouvernementale.
Pour aborder cette thématique de la « Réconciliation Nationale », vous me permettrez de poser trois(3) questions auxquelles je vais me résoudre à répondre.
1. Pourquoi la réconciliation nationale?
2. Qui faut-il réconcilier (protagonistes) ?
3. Comment se fait la réconciliation nationale?
Au titre de la première question relative au pourquoi de la réconciliation ? Il convient de noter que la réconciliation nationale est intervenue dans les localités, pays où il y a eu de graves violations des droits de l’homme.
Si nous faisons la « périodisation » de l’histoire de la Guinée de 1958 à nos jours peut- on identifier des événements tristement célèbres qui se sont traduits par des violations avérées des droits de l’homme ? Oui il y en a eu certes!
A travers les témoins des différents régimes nous pouvons certes les identifier et les qualifier selon la nature du crime (Génocides, Crimes de Guerres, Crimes contre l’humanité́ que sais-je ?).
Donc, la réconciliation nationale sied à notre cher pays la Guinée qui a connu des événements douloureux dans son histoire lointaine et récente.
Ma deuxième question traite de qui faut-il réconcilier ? (les protagonistes).
Plusieurs analystes se trompent sur la réponse à cette question! Tout d’abord, il ne peut jamais y avoir de violation des droits de l’homme sans l’Etat.
C’est pourquoi il faut déloger la réconciliation nationale entre les communautés, les religions, les régions qui ont toujours vécu dans l’acceptation mutuelle et sont condamnées à le faire par l’histoire et la géographie.
La réconciliation nationale doit être logée entre l’Etat et sa population. Ceux qui ont exercé une portion d’autorité́ de l’État ou ont bénéficié des autorisations d’exercer en politique, développement et autres Corporations sociales doivent expliquer pourquoi il ya eu tel et tel conflits à telle période et dans telle localité? Pourquoi telle localité́ est en conflits avec les localités voisines? Quelles sont les causes ? Qu’est-ce que l’État a fait pour prévenir ou garantir la non répétition de tel ou tel crime commis?
Monsieur le premier Ministre vous comprendrez aisément que la tâche est ardue car si ce n’est pas l’État le responsable à travers ses dirigeants, il faudrait envisager par exemple, des rencontres entre toutes les personnes vivantes et celles qui naîtront toujours pour régler un cas de « génocide » par le pardon. Tant qu’une seule victime restera la question sera pendante. Cette approche me parait utopique.
La réconciliation nationale doit se faire entre l’Etat et la population c’est seulement à travers cela que nous pourrons savoir comment l’autorité́ de l’Etat a été́ utilisée autrement que les missions régaliennes.
Des décideurs publics népotistes peuvent se concerter pour commettre des crimes à cause de la religion ou la culture différente de celles des autres compatriotes. Dans ce cas, même si c’est un « génocide », il concerne une localité́ bien connue mais pas l’ensemble des personnes d’ethnies et ou de religions différentes des leurs.
Si l’on généralise le risque de voir une maman présenter des excuses à son propre fils de culture différente et vice versa pourrait arriver cela n’est ni envisageable ni souhaitable. Sans l’Etat il ni ya pas de violation des droits de l’homme. La preuve est qu’aucune réconciliation nationale n’est possible sans l’Etat, ses dirigeants et une volonté politique réelle.
La troisième et dernière question quant à elle fait allusion à la manière de procéder à la réconciliation nationale? Si les conditions de violations sont avérées et existantes en Guinée, à ce niveau le paradigme dominant est celui de la « Justice transitionnelle ». Celle-ci n’a rien à voir avec une transition par coïncidence de vocables et de moment.
Par définition, la justice transitionnelle, encore appelée la « JT » par sigle, est un ensemble de mécanismes judiciaires et non judiciaires qui permettent de passer d’un passé conflictuel douloureux vers un avenir partagé.
C’est de cela que le CNRD et son président veulent pour la Guinée et les guinéens. Nous devons y veiller sous votre leadership en jetant les bases.
Pour y parvenir je vous propose 5 piliers aussi:
1. La recherche de la vérité́
2. Les réformes institutionnelles
3. Les poursuites pénales
4. La réparation
5. Le pardon.
Somme toute, la réconciliation nationale ne se dicte pas, elle se cultive, c’est un processus à longue haleine possible pour notre chère Guinée que nous avons en commun.
III. Les défis du Conseil National de la Transition :
Ce que je demande aux membres du prochain Conseil National de la Transition (CNT).
En attendant la mise en place du conseil national de la transition, je voudrais anticiper pour m’adresser à ses membres encore méconnus mais parmi nous.
La gouvernance c’est aussi la prévision, l’analyse prospective.
Notre CNT fera office de parlement, nos lois seront adoptées par ces membres.
A cet effet, je vous demande: » d’observer les faits sociaux comme des choses ».
Observer les faits sociaux comme des choses signifie 2 choses.
1. De faire une rupture avec les préjugés, les idées préconçues et les fausses évidences.
2. De les observer en dehors de toutes considérations individuelles, partisanes et sentimentales.
L’application de cette règle de Durkheim permettra d’éviter l’adoption des lois sociales taillées sur mesure pour satisfaire une partie ou frustrer une autre partie de la société.
Les lois sociales sont l’émanation de la volonté générale ou du moins de la grande majorité de la population.
Montesquieu dans l’esprit des lois nous indique clairement la typologie des lois:
Dieu a ses lois
la nature a ses lois
Les sociétés ont leurs lois.
Nos lois sociales doivent alors transcender l’individu parce qu’elles proviennent de la société.
La « Société » est un tout dont chaque élément contribue à l’équilibre de l’ensemble.
La disparition d’un élément de la société ne doit pas dysfonctionner l’évolution de l’ensemble.
« Prochains parlementaires » les lois doivent transcender la volonté individuelle qui a toujours caractérisé nos lois organiques et « constitutions » antérieures.
Mettez la société au dessus de tout.
L’observation, l’écoute, l’analyse et le patriotisme doivent guider vos actions et choix.
La société guinéenne que nous voulons tous dépendra dans une large mesure de l’image que vous lui donnerez au lendemain du référendum.
Donnez nous l’image d’une société unie, juste, équitable, paisible, solidaire, travailleuse que sais-je encore?
IV. Fragilité du Tissu Social en Guinée : Une conséquence de la faillite de l’Etat et de la nation :
Comment y remédier ?
Le lourd héritage issu de tous les régimes qui se sont succédé atteste à suffisance la tragédie de la manipulation pour des fins liées au pouvoir. Une véritable faillite qui a mis en péril la Construction d’un Etat et l’édification d’une Nation en République de Guinée
La Guinée revisitée de la lutte pour l’indépendance nationale à nos jours est riche en épisodes de manipulations ethniques dans le double sens de : « la conquête et de l’exercice du pouvoir ».
« La Nation » où est la nation guinéenne ? Spécialistes des sciences sociales et humaines n’est-ce pas un défi de démontrer en toute objectivité l’existence d’une nation guinéenne ?
Si une nation se reconnait par l’unité linguistique et culturelle. Où est la nôtre ? Quelle langue parlée par 2/3 des guinéens ? Quel repas national avons-nous dans ce pays ? Quelles normes communes dans l’union sacrée des êtres humains ?
Regardons les voisins immédiats qui parlent dans leur écrasante majorité une langue commune, disposent d’un repas commun et des normes qui fonctionnement comme substrat de la vie en société.
Chaque citoyen de l’autre côté de la rive se reconnait en l’autre à travers des valeurs communes qui les transcendent. La nationalité est au-dessus de la région, et de l’identité ethnique.
La langue commune, les coutumes, le comportement vestimentaire, l’accent prouvent à suffisance leur unicité malgré la diversité.
Rappelons pour attester : Le Sénégal (Wolof) le Mali (Bambara), la sierra Léone (Créole) le Libéria (Créole), le Nigéria (Haoussa), l’Afrique de l’est (Souahili).
Voulez-vous que je rajoute le repas national préparé et consommé par chacun de ces pays nonobstant les innombrables mets délicieux ?
Revenons chez nous en Guinée où un citoyen de Coyah à 50km de la capitale après ses vacances voyage avec une famille qui parle une langue qui différente de celle de l’unique passager qui a compléter le nombre de places.
Où se trouve l’unité linguistique ? Bon Dieu ! Qui sont ces dirigeants qui ont toujours exaltés les différences en lieu et place de l’unité basée sur la culture, la langue ?
Je la revendique aujourd’hui « la nation guinéenne » par mimétisme afin de compléter mon identité nationale qui est « Une et indivisible », oui mon identité, celle qui va me permettre de voir un guinéen comme tel, lui tendre la fraternité, l’estime et le besoin d’appartenance sociale.
Les fondamentaux d’une nation et d’un Etat sapés à cause de la conquête et de l’exercice du pouvoir.
Quel dommage causé au peuple ?
«L’Etat » c’est tout simplement une autorité souveraine qui s’exerce sur un peuple vivant sur un territoire. Oui, les critères sont bien remplis mais hélas ! le fonctionnement de l’Etat a fait que le citoyen a souvent pensé à l’existence d’un Etat « partisan », un Etat « fictif » ou simplement un Etat « démissionnaire » en lieu et place d’un Etat perçu comme un régulateur social qui est le garant de la souveraineté, la dignité humaine, les interactions sociales, l’unité dans la diversité.
Aux nouvelles autorités de la transition, « Il n’y a pas de réalité sociale en dehors d’elle-même ». Le déficit de Nation et la déliquescence de l’Etat ont des causes endogènes, chaque guinéen doit y travailler pour relever les défis qui s’imposent en cette nouvelle ère où le guinéen espère enfin être traité comme tel dans son propre pays qui ne lui disait presque plus rien dans un passé récent à cause de l’omniprésence d’un Etat « Fictif » qui se résume en une ou très peu de dignitaires aux objectifs irrationnels et non éclairés.
La construction d’une nation guinéenne et la refondation de l’Etat sont tributaires de la reconnaissance de l’effectivité et de l’objectivité des faits hérités de nos ainés et devanciers (avec tout le respect que nous leur devons).
Loin de moi, ma prétention d’épuiser de façon exhaustive l’épineuse question de la fragilité sociale et la fébrilité de l’Etat héritée de la manipulation des différents régimes, je vous propose de prendre en compte ces quelques propositions dans la gestion des affaires publiques pour jeter les bases des fondamentaux de la nation et de l’Etat.
• La promotion de l’égalité d’opportunités de chance entre tous les fils du pays
• L’adoption d’un crédo national à réciter en prélude de toute activité citoyenne
• La reconnaissance du mérité
• Le respect de l’équilibre dans localisation des projets et programmes d’investissements publics
• La reconnaissance de la mémoire collective du pays à travers l’histoire des grands hommes ;
• La promotion de l’inter-culturalité ;
• La promotion et l’enseignement obligatoire du civisme avec le « label Guinée » ;
• L’application strict de la loi sans discrimination aucune ;
• L’encadrement juridique des questions de replis identitaires au profit d’une identité nationale guinéenne ;
• La recherche de nouveaux paradigmes nationaux de développement issus de nos mœurs et coutumes ;
• La constitutionnalisation des équilibres identitaires dans la conduite des affaires publiques ;
• L’adoption des lois répressives contre ceux qui se rendent coupables d’ethnocentrisme et d’ethno stratégie ;
En conclusion, les guinéens ne sauraient être opposés les uns les autres par des hommes dont la vie est très éphémère par rapport aux institutions qui demeurent.
Les dommages peuvent être corrigés si l’écrasante majorité se reconnait aux institutions Etatiques, aux décisions politiques inclusives non partisanes et parcellaires.
L’analyse sociologique se veut être « génétique, synchronique et diachronique ».
Cette lumineuse pensée de Jean Piaget a inspiré mon analyse pour apporter cette nouvelle contribution loin d’être parfaite, exhaustive mais qui j’espère peut servir de balise pour une réflexion de nos réalités sociales.
V. Les sources de Financement de la Transition :
Mon colonel président de la République !
Une des conséquences de la prise du pouvoir autrement que par les urnes est l’isolement diplomatique avec pour effet immédiat la suspension des financements.
Comment conduire la transition avec de nouvelles sources de financement ?
L’autonomie dans le financement des priorités nationales doit reposer sur la mobilisation des ressources internes.
Dans le cas spécifique de la Guinée, je vous propose :
1. La réduction de la taille de l’équipe gouvernementale et des gaspillages liés à ce train de vie de l’Etat ;
2. La réduction des représentations diplomatiques et des dépenses de prestiges ;
3. La lutte vigoureuse et résolue contre la corruption et le détournement des deniers publics ;
4. L’interdiction formelle de la tenue des comptes bancaires hors du territoire national par l’ensemble des dirigeants des organes de la transition ;
5. Le rapatriement de l’argent volé au peuple par les dirigeants véreux et insouciants ;
Somme toute, réduire le train de vie de l’Etat pourrait augmenter le niveau de l’épargne publique et contribuer à stimuler et à mobiliser l’épargne privé.
VI. Notion de Société Civile :
La société Civile : un contre pouvoir ou un contre poids?
La société civile est l’un des secteurs clés d’un État moderne.
Les organisations de la société civile représentent des canaux à travers lesquels des actions collectives peuvent être entreprises.
Loin d’être un contre-pouvoir, la société civile se veut être un contre poids, un instrument de veille, une force de proposition, un creuset des savoirs et bonnes pratiques non inféodée à un gouvernement où à la politique.
Les associations professionnelles, les syndicats, les organisations culturelles, religieuses, les médias indépendants, les institutions académiques et de recherche font partie de la société civile.
La crédibilité des organisations de la société civile dépend de ses membres.
Les acteurs de la société civile sont volontaires, indépendants et ne sont pas assujettis à un gouvernement ou à un parti politique. La violation de ce principe est un facteur de discrédit de toute organisation de la société civile.
Toutefois, les acteurs/activistes participent activement à la vie de la nation, leurs avis comptent sur l’ensemble des questions qui engagent le fonctionnement de l’Etat, la vie de la nation.
La compétence d’un acteur de la société civile peut être sollicitée par les décideurs pour jouer un rôle spécifique, celui perd la qualité de membre dès qu’il est inféodé à la politique et aux considérations partisanes.
Tant que ce citoyen parlera et jouera un rôle politique, il perd ses qualités de membre de la société civile.
Aussi, voudrais-je noter qu’un acteur de la société civile qui arbore une tenue société civile la journée et une autre tenue de militant d’un parti politique la nuit constitue un danger pour l’unité de la nation, le développement économique et sociale du pays.
La démission d’un tel membre des organisations de la société civile peut paraître aux yeux de l’opinion publique comme un acte de « salut et de salubrité publique ».
Je le dis au nom de la bonne gouvernance qui signifie «La création d’institutions crédibles qui fonctionnent bien et qui sont considérées comme légitimes par les citoyens qui leur confèrent le pouvoir de prise de décisions qui affectent leurs vies quotidiennes ».
Quel avenir pour la société civile guinéenne?