Guinée : la CEDEAO, le colonel Doumbouya, Alpha  et les incohérences de la transition !

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Près de deux  semaines après la chute d’Alpha Condé, les Guinéens ne connaissent toujours pas les couleurs des membres du Conseil National pour le Rassemblement et le Développement (CNRD). Soit la coquille est vide. Soit c’est une stratégie pour échapper aux sanctions (qui étaient attendues) imposées par la CEDEAO contre les membres de la junte et leurs familles. Les nouveaux maîtres du pays ne semblent pas presser. La CEDEAO, elle, est vraiment pressée. Elle exige six mois aux putschistes pour organiser des élections (législatives et présidentielles). Elle a entièrement raison.

Malgré l’acclamation du coup du 05 septembre 2021 par une grande partie des guinéens, il ne faudrait pas permettre à ces bidasses à la solde du Colonel Doumbouya de prendre goût au pouvoir. Six mois, c’est bon. Il ne faudrait pas se moquer des guinéens. Ce qu’Alpha Condé n’a pas réussi en 11 ans, ce n’est pas évident que Doumbouya et ses ouailles le fassent en six mois, trois ans ou cinq ans.

Le mieux serait donc d’aller très vite en remettant le pouvoir aux civils. N’en déplaise à ceux qui s’agitent aujourd’hui au sein d’une certaine classe politique et d’une société civile politisée pour crier sur les toits qu’on doit donner du temps aux putschistes.  Des vrais spécialistes en retournement de veste qui, à leur tour, souhaitent profiter de la transition pour se servir au lieu de servir. Quitte à mobiliser des jeunes pour aller conspuer des chefs d’Etat venus s’enquérir de la moralité des putschistes à durer ou pas au pouvoir.

Il est vrai que ce machin que l’on appelle CEDEAO n’a pas joué pleinement son rôle pour empêcher le coup d’Etat constitutionnel qui a conduit au troisième mandat éphémère d’Alpha. Mais cette institution reste quand même une sorte de verrou face aux militaires qui ont pris goût à renverser des présidents « démocratiquement élus ». Et bonjour l’instabilité des institutions futures.

Les guinéens ne devraient point se leurrer. Ils ont essayé feu Sékou Touré qui, durant 26 ans, aura géré le pays d’une main sanguinaire. Ils avaient cru au Comité Militaire de Redressement National (CMRN) qui avait fait le coup d’Etat contre le cadavre de Sékou Touré en 1984. Un certain Colonel Lansana Conté ( ça a dû inspirer Doumbouya) était à la tête des putschistes du 03 avril 1984. Il est resté à la tête de la Guinée jusqu’au 22 décembre 2008 en mourant de sa belle mort au pouvoir. Ce sont-là des erreurs du passé qu’il ne faudrait plus commettre. Le colosse Doumbouya l’a, d’ailleurs, affirmé à plusieurs reprises. Reste à savoir s’il n’amuse pas la galerie.

En attendant, la junte poursuivra ce samedi les consultations entamées mardi dernier.  Mais à quoi serviront tous ces memos que partis politiques, religieux, acteurs de la société civile, miniers, syndicalistes, diplomates et autres vont déposer sous le chapiteau du Palais du Peuple ?  Rien.  On rangera tout ça dans des tiroirs pour dérouler le vrai agenda de la junte. Alpha Condé, vous vous en souvenez , avait utilisé le même stratagème des consultations à la Primature pour justifier son troisième mandat. On connaît la suite.

AZOCA BAH

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