Enfin. Après 81 jours passés en prison, Amadou Diouldé Diallo a été libéré ce matin. Le journaliste de la Radio télévision guinéenne (RTG) a été condamné à payer cinq millions de francs guinéens (environ 420 euros) pour “offense au chef de l’Etat”, après son passage dans une émission de la radio privée Lynx FM où il s’était exprimé sur le président Alpha Condé et les violences ethniques dans le pays. Bien que le procureur ait requis cette peine à son encontre le 13 avril dernier, Diouldé Diallo restait en détention. Il était emprisonné depuis le 27 février à Conakry, alors même que la loi sur la presse n’autorise plus les peines privatives de liberté pour de simples délits de presse depuis 2010.
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!Ayant des problèmes de santé, le journaliste avait été transféré le lendemain de son incarcération au service rhumatologie de l’hôpital Ignace Deen, où il restait détenu dans des conditions difficiles, comme l’avait constaté RSF, qui lui a rendu visite lors d’une mission en Guinée en avril dernier. Diouldé Diallo avait ensuite été contraint de retourner en prison deux jours avant son procès prévu pour le 28 avril, et dont la date avait été repoussée à la suite d’une grève de ses avocats.
“Notre organisation accueille avec soulagement la libération du journaliste, qui n’aurait pourtant jamais dû avoir lieu dans un premier temps, la loi interdisant les peines privatives de liberté pour les délits de presse, déclare le directeur du bureau Afrique de l’Ouest de RSF, Assane Diagne. Amadou Diouldé Diallo aura été détenu plus de 80 jours arbitrairement pour un simple passage dans une émission de radio. Il est grand temps que la loi sur la presse adoptée en 2010 soit enfin respectée et que les autorités cessent de mettre en prison des journalistes exerçant simplement leur travail.”
La libération d’Amadou Diouldé Diallo intervient après une série d’actions de mobilisation. Le 8 avril dernier, lors de la mission menée par RSF à Conakry, notre organisation avait plaidé pour sa libération lors d’une rencontre avec le ministre de l’Information et de la Communication, Amara Somparé. Une note a également été transmise au ministre pour lui faire part de nos recommandations en matière de liberté de la presse.
La même semaine, RSF avait publié un communiqué avec l’Association Internationale de la Presse Sportive (AIPS) appelant à la libération sans condition du journaliste, ainsi qu’au respect de la loi mettant fin aux peines privatives de liberté pour les délits de presse.
Les journalistes sont régulièrement arrêtés ou gardés à vue en raison de leur travail dans le pays. Le 4 février, le journaliste sportif Ibrahima Sadio Bah avait été condamné à six mois de prison ferme et à payer une amende de 500 000 francs guinéens (environ 40 euros) pour “diffamation, injures publiques et dénonciation calomnieuse” à l’encontre du président de la Fédération guinéenne de football (FEGUIFOOT), Mamadou Antonio Souaré. Il a été libéré le 11 mai dernier après une série d’actions de mobilisation et après avoir, lui aussi, passé plus de trois mois en prison.
La Guinée a perdu 24 places depuis 2013 et occupe désormais le 110e rang au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.