CORONAVIRUS – “Si je peux être provocateur”. La séquence diffusée sur LCI suscite de nombreuses indignations. En plateau, Jean-Paul Mira, chef de la réanimation à l’hôpital Cochin de Paris et Camille Locht, directeur de recherche à l’Inserm évoquent les études sur un vaccin contre le coronavirus et notamment celles qui se concentrent autour du vaccin BCG.
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!Jean-Paul Mira suggère alors de réaliser ces études en Afrique. “Si je peux être provocateur, est-ce qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitements, pas de réanimation? Un peu comme c’est fait d’ailleurs pour certaines études sur le Sida. Chez les prostituées, on essaye des choses parce qu’on sait qu’elles sont hautement exposées et qu’elles ne se protègent pas”, propose le médecin.
En face, Camille Locht acquiesce à la proposition: “Vous avez raison, on est d’ailleurs en train de réfléchir à une étude en parallèle en Afrique”. La séquence a notamment été repérée par le rappeur Dosseh, avant d’être plus largement reprise et critiquée.
— D O $ $ € # | 2020 (@DossehLaFamine) April 1, 2020
La chercheuse Kaoutar Harchi, professeure à Science-Po, déplore sur Twitter une terrible “réduction”: “Les corps féminins, pauvres, racisés, sont plus que jamais ramenés à leur fonction de cobaye, de doublure, d’essai, sans valeur”.
La réalisatrice Amandine Gay, dénonce également une intervention “raciste”, “putophobe” et “sérophobe” et invitent notamment à saisir le CSA. De Rokhaya Diallo à Yassine Bellatar en passant par Olivier Dacourt ou Christine Kelly, d’autres personnalités connues des médias ont fait part de leur indignation.
Le STRASS, le syndicat des travailleurs et travailleuses du sexe a également dénoncé la séquence sur Twitter.
Merci Amandine Gay de signaler ces propos. Les travailleuses du sexe africaines et en Asie servent régulièrement de cobayes. Assez des essais non éthiques au profit des labos occidentaux tandis que l’accès aux traitements reste réduit aux pays riches.https://t.co/E9Zb3cqTZB
— STRASS (@STRASS_Syndicat) April 2, 2020
Réagissant dans l’après-midi de ce jeudi, SOS Racisme a annoncé son intention de saisir le CSA et réfléchit par ailleurs aux poursuites à donner, a fait savoir son président Dominique Sopo.
Des personnalités politiques, comme le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, sont également montées au créneau.
Ce n’est pas de la provocation, c’est tout simplement du racisme. L’Afrique n’est pas le laboratoire de l’Europe. Les Africains ne sont pas des rats ! #COVID19https://t.co/jazSxopHXb
— Olivier Faure (@faureolivier) April 2, 2020
L’Inserm a de son côté publié un communiqué dans lequel l’institut évoque pour sa part une vidéo tronquée et qui fait dès lors “l’objet d’interprétations erronées”. “Des essais cliniques visant à tester l’efficacité du vaccin BCG contre le Covid-19 sont (…) sur le point d’être lancés dans les pays européens et en Australie. S’il y a bien une réflexion autour d’un déploiement en Afrique, il se ferait en parallèle de ces derniers. L’Afrique ne doit pas être oubliée ni exclue des recherches car la pandémie est globale”, assure entre autre l’institut.
#FakeNews Une vidéo tronquée, tirée d’1 interview sur @LCI d’1 de nos chercheurs à propos de l’utilisation potentielle du vaccin #BCG contre le #COVID19 fait l’objet d’interprétations erronées sur les réseaux sociaux. Voici les bonnes explications. ⬇️⬇️ pic.twitter.com/3QRcLgOkso
— Inserm (@Inserm) April 2, 2020
Contacté par Le HuffPost, Jean-Paul Mira nie une quelconque forme de racisme et se dit profondément heurté par de telles accusations, désolé par ailleurs si ses mots n’ont pas été “clairs”.
Il explique avoir été pris de court dans un échange qui était rapide, et surtout avoir voulu faire référence également aux différentes études mentionnées par l’INSERM.
“L’Afrique est touchée mais il y a peu de tests effectués pour le prouver (…) L’Afrique pourrait être encore plus exposée aux formes graves car il y aura peu de masques, et peu de confinement du fait de la structure sociale. Il me semblait alors intéressant que en plus de la France et de l’Australie, un pays Africain puisse participer à cette étude dont je n’avais jamais entendu parler avant l’émission”, détaille-t-il avant d’ajouter: “Pour illustrer cela j’ai donné l’exemple d’une étude faite pour protéger des prostituées en Afrique du Sud car un grand pourcentage de clients sont séropositifs donc elles sont très exposées (…) Les essais cliniques se font partout. Moins en Afrique”.
Le médecin se dit par ailleurs miné des menaces et insultes qu’il reçoit depuis son passage sur LCI: “Depuis quatre semaines, je me bats contre le Covid19. Le virus n’a pas de haine. Nous allons le vaincre car nous sommes unis dans les hôpitaux. Seule cette solidarité me permet d’être debout ce soir”.
Source huffingtonpost.fr