A ces cas d’agressions et d’intimidations s’ajoutent des tentatives d’empêcher les journalistes de faire leur travail. Les autorités du Nigeria et du Libéria ont décidé de limiter l’accès à la présidence à une poignée de médias, presque tous contrôlés ou proches du pouvoir. Celles du Cameroun ont exclu de la communication gouvernementale plusieurs médias privés critiques très populaires. Et à Madagascar, les programmes de libre antenne dans lesquels des auditeurs sont susceptibles d’intervenir et d’exprimer leur opinion sur la pandémie et sa gestion sont désormais interdits.
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!Enfin, les pressions policières et judiciaires s’accentuent. Pour avoir révélé deux cas de coronavirus à la prison d’Abidjan dans une enquête dont les conclusions ont été démenties par l’administration pénitentiaire, deux journalistes ivoiriens ont été condamnés à 5 millions de francs CFA d’amende (7622 euros) chacun pour “diffusion de fausses nouvelles”. Des faits qui sont désormais passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à six mois de prison en Afrique du Sud qui vient de durcir sa législation dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Au Mali et au Congo, un journaliste de L’indépendant et une équipe de la DRTV ont été brièvement arrêtés à la suite de reportages sur l’épidémie.
“Agressions, intimidations, arrestations de journalistes, censure et exclusion de médias critiques, la liberté de la presse ne doit pas être une victime collatérale de cette épidémie mondiale, estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. S’en prendre aux professionnels de l’information est sans doute l’un des pires moyens de lutter efficacement contre la propagation du virus. Nous exhortons les autorités des pays concernés à ne pas se tromper de combat en garantissant aux journalistes la possibilité d’exercer librement leur métier sans crainte de représailles à l’heure où leur mission d’information auprès du public est plus que jamais essentielle.”
La stratégie qui consiste à s’attaquer à la liberté de l’information peut avoir des conséquences particulièrement graves en ce moment. Dans une publication reprenant la chronologie des tentatives d’étouffer ou de minimiser l’ampleur de la crise sanitaire, RSF a récemment fait la démonstration des ravages de la censure et du contrôle de l’information par les autorités chinoises. Si les journalistes et médias de ce pays avaient pu effectuer librement leur travail, des milliers de vies auraient sans doute pû être épargnées et l’épidémie ne serait peut-être pas devenue une pandémie mondiale.
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REPORTERS SANS FRONTIÈRES/ REPORTERS WITHOUT BORDERS
Arnaud Froger
Responsable du bureau Afrique / Head of the Africa desk
+33 1 44 83 84 76
CS 90247 75083 Paris Cedex 02