ARTICLE 19 est profondément préoccupé par l’état de la liberté d’expression et du droit de manifester en Guinée suite à l’interdiction d’une manifestation pacifique contre le projet de révision constitutionnelle, la violence physique et l’expulsion du journaliste Thomas Dietrich et l’arrestation de deux militants de la société civile que sont Koundouno Sekou et Ibrahima Diallo, membres du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC).
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!Fatou Jagne Senghore, Directrice régionale de ARTICLE 19 a déclaré :« Nous demandons la libération immédiate de Koundouno Sekou et d’Ibrahima Diallo, ainsi que de toutes les personnes détenues pour avoir exprimé leurs opinions et exercé leur droit à la liberté d’expression. Le droit d’accès à l’information, d’exprimer une opinion et de manifester sont des droits fondamentaux, qui doivent être protégés en Guinée ».
« Nous appelons également le gouvernement à assurer la sécurité des journalistes, qui jouent un rôle crucial en fournissant des informations au public et en demandant des comptes au gouvernement ».
Interdiction d’une manifestation pacifique par les autorités
Le 4 mars 2020, les autorités guinéennes ont interdit une manifestation pacifique contre le projet de révision constitutionnelle, organisée par le FNDC, qui devait avoir lieu le lendemain. Ceci était en violation de l’article 10 de la Constitution guinéenne de 2010 qui stipule que : « Tous les citoyens ont le droit de manifestation et de cortège ». Les manifestations jouent un rôle essentiel dans la vie politique, économique, civile et sociale de toute société et sont une garantie pour une ouverture démocratique. Toute restriction doit être légale, proportionnée et nécessaire pour garantir qu’il n’y ait pas de violation du droit de manifester.
Attaques contre le journaliste Thomas Dietrich
Le 05 mars 2020, Thomas Dietrich, journaliste à Le media aurait été brutalisé alors qu’il couvrait la manifestation du FNDC, interdite la veille par les autorités guinéennes. Il aurait été victime d’intimidation et de menace de mort par des membres des forces de l’ordre pour avoir filmé un manifestant qui se faisait tabasser par ces derniers. Le lendemain de la manifestation, le journaliste Thomas Dietrich a été arrêté et expulsé de la Guinée après l’annulation de son accréditation.
Selon la Haute Autorité de la Communication (HAC) de Guinée, qui a annulé l’autorisation de reportage du journaliste, ce dernier en aurait outrepassé les termes.
Fatou Senghore d’ajouter : « ARTICLE 19 condamne cette intimidation flagrante d’un journaliste, qui constitue également une attaque contre la liberté d’expression, la liberté des médias et le droit des citoyens à l’information. Les États ont le devoir de prévenir, de protéger et de remédier à toutes les formes de violence à l’encontre des journalistes, des militants et des défenseurs des droits de l’homme. La Guinée doit respecter ses engagements et les principales normes en matière de droits de l’homme ».
Arrestations des membres du FNDC sans mandat ni notification
Le 6 mars 2020, aux environs de 19 heures des membres du FNDC, Koundouno Sekou et Ibrahima Diallo, ont été arrêtés au domicile de Diallo. Des proches rapportent qu’une vingtaine de policiers encagoulés et armés, de la brigade de recherche et d’interpellation, ont fait irruption au domicile de Diallo. Les deux hommes auraient été brutalisés et emmenés vers un lieu inconnu. Les proches de la famille n’ont eu de nouvelles d’eux que le lendemain de leur arrestation. Aux dernières nouvelles, ils auraient été déférés lundi 9 mars 2020, au parquet du tribunal de première instance de Mafanco et seraient poursuivis pour outrage à agents, production, diffusion et mise à disposition à d’autrui des données de nature à troubler l’ordre et la sécurité public ou à porter atteinte à la dignité humaine etc.
Fatou Senghore a souligné que : « La Guinée a l’obligation de créer un espace civique ouvert à tous ses citoyens. Nous exigeons que justice soit rendue aux victimes de la répression de l’État et demandons la fin de l’impunité qui est la cause première de ces graves violations ».
La répression des manifestations contre le référendum constitutionnel au cours des 05 derniers mois a fait des dizaines de morts et des centaines de personnes arrêtées selon les rapports des médias.