Arrestations, menaces et intimidations : La Guinée vers un virage très dangereux !

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A quelques semaines du scrutin législatif et du référendum constitutionnel  du 1er mars 2020, la Guinée se trouve dans un virage très dangereux. Les arrestations extra-judiciaires des jeunes activistes opposés au projet de nouvelle constitution, les menaces à l’encontre des opposants politiques et journalistes et les intimidations des politiciens mêmes de la mouvance opposés à la candidature d’Alpha en 2020, sont des signes annonciateurs des dérives du pouvoir.

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Tierno Monénembo, écrivain guinéen, semble avoir bien compris la situation dans laquelle la Guinée risque de se retrouver. Dans « sa colère » une chronique qu’il tient dans l’hebdomadaire satirique Le Lynx N°1453 du 17 février, il écrit : « je tiens à dire ici que les Guinéens qui ont aidé Alpha Condé et la mafia qui le soutient à arriver au pouvoir, ont plongé leur propre pays dans une merde dont je ne vois pas le bout. Ces gens-là, quand ils prennent le pouvoir, ils ne le quittent qu’à la suite d’une très longue et très coûteuse guerre civile ». Pour qui sait que les écrivains sont des mages, cette conclusion de Monénembo doit être prise très au sérieux.

En effet, il est clair que le contexte actuel de la Guinée est inquiétant. Nous allons tout droit vers le règne du totalitarisme. Même si nous ne sommes pas dans le système de parti unique (le RPG AEC est tout de même devenu presque un parti-Etat), aujourd’hui le gouvernement ne semble s’accommoder avec aucune opposition organisée encore moins une société civile indépendante. Un peu partout à travers la Guinée, des activistes opposés au projet de nouvelle Constitution sont traqués, arrêtés et emprisonnés.

Des arrestations arbitraires ont ainsi été enregistrées la semaine dernière à Koloma où des jeunes ont été embarqués manu-militari par des hommes encagoulés. Une trentaine de personnes sont ainsi déférées au camp Soronkoni, une garnison militaire se trouvant en Haute Guinée. Le pouvoir espère qu’en procédant de la sorte, il peut étouffer les manifestations du FNDC programmées les 19 et 20 février et les jours suivants.

Le samedi 15 Février 2020, six gendarmes, à bord d’un pick-up, sans mandat, ni droit, débarquent dans un Café-Bar, aux environs de 9 heures, à Macenta pour contraindre monsieur Robert Kaliva GUILAVOGUI alias Junior Pkapkataki de les suivre. Il  a été conduit d’abord chez Mohamed Cheick DIALLO, Préfet de Macenta, qui a aussitôt ordonné son arrestation et sa déportation vers Faranah. Le seul crime de Robert Kaliva GUILAVOGUI se résume à son appartenance active au FNDC et à son militantisme contre l’adoption d’une nouvelle constitution.

Tout récemment encore, simples charretiers (y compris des fous) qui gagnent difficilement leurs vies ont été arrêtés au marché Niger.  Une grande partie sera transférée au camp Koundara de Boulbinet.  On soupçonne ces pauvres hères d’être des rebelles.

Dans toutes les préfectures du pays, des jeunes actifs dans les manifestations du FNDC sont ciblés et menacés d’interpellation. Beaucoup ne dorment pas chez eux par crainte d’être arrêtés et conduits vers des destinations inconnues. Les préfets, sous-préfets et membres influents du parti RPG AEC sont accusés d’être ceux-là qui indiquent et listent les noms des jeunes à interpeller.

La situation s’est exacerbée notamment à cause de l’incendie des cartes d’électeurs et autres destructions des sièges des CEPI à l’intérieur du pays. Un véritable règne de la terreur orchestré par le régime qui veut, coûte-que-coûte, maintenir Alpha Condé au pouvoir après son second et dernier mandat.

Dans cette spirale, les journalistes ne sont pas épargnés. Ceux qui osent s’opposer au 3ème mandat en critiquant les acteurs de la mouvance présidentielle sont menacés. C’est le cas de nos confrères Mohamed Mara d’Espace FM et de Thierno Madjou Bah de la radio Nostalgie. On n’en dira pas plus sur les nombreuses violations de la liberté de la presse.

Sans oublier les tentatives de manipulations des médias par des opérateurs économiques et autres ministres acquis à la cause du référendum constitutionnel. La plupart des journalistes qui disent la vérité sont considérés comme étant des marionnettes de l’opposition. Parfois, il suffit qu’on lise ton patronyme pour te ranger dans un camp auquel tu n’appartiens pas.

A l’allure où vont les choses, Alpha Condé risque d’arrêter et de faire arrêter tous les guinéens. Puisque la majeure partie du pays est contre son projet de 3ème mandat. Jamais une élection n’avait suscité de rejet et de manque d’engouement comme ce scrutin couplé des législatives avec le référendum constitutionnel. Jamais des citoyens ne s’en étaient pris à des commissions de distributions des cartes d’électeurs, bouder leurs pièces électorales ou encore détruit le matériel électoral, comme c’est le cas de nos jours.

Il faudrait donc que le Premier Ministre et son gouvernement tirent rapidement les leçons et prennent leur courage à deux mains pour faire arrêter la mascarade électorale. Sinon, la prophétie de Tierno Monénembo va se réaliser.

Bah Boubacar « Azoca »

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