Législatives et référendum en Guinée : L’impossible hold-up de l’alternance politique !

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Le scénario qui se dessine en Guinée suite au couplage des élections législatives et du référendum pour la nouvelle Constitution, le 1er mars 2020, constitue un véritable tournant pour le pays. Si ces deux scrutins ont lieu, la Guinée va tout droit dans le totalitarisme avec un cycle d’instabilité généralisé. Toutes les prévisions en matière d’avancée démocratique et de développement socio-économique pourraient également s’effriter.

Mais ce qui est déconcertant dans ce processus, c’est le cynisme avec lequel les promoteurs du 3ème mandat et d’élections législatives non inclusives gèrent cette affaire. Si au départ il  y a eu  des hésitations à sortir le projet de nouvelle Constitution, depuis le 19 décembre 2019, Alpha Condé et son clan déroulent tranquillement leurs agendas..

Malgré les morts enregistrés çà et là et les destructions des biens publics et privés, le pouvoir multiplie les actes devant conduire au maintien des dirigeants actuels dans les hautes sphères de l’Etat. Ni les alertes des imams ni celles de la communauté internationale (Etats-Unis et Union Européenne) ni les manifestations du FNDC n’ont conduit à une prise de conscience des dirigeants actuels sur les dangers qui guettent le pays. La préservation du pouvoir est devenue leur seul objectif.

Dans le cadre des législatives et du référendum du 1er mars, toutes les prérogatives de l’organe de gestion des élections ont été confisquées. La distribution des cartes électorales et tout le matériel est mis à la disposition de la Président ou du Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation. Le matériel électoral a été acheminé au niveau des gouverneurs et préfets. Pour les uns, il s’agit de préserver ces cartes et kits de la volonté affichée par l’opposition d’empêcher la tenue du scrutin. Pour les autres, c’est tout simplement une stratégie du RPG AEC visant à bourrer les urnes.

En Guinée, nous nous acheminons inexorablement vers un hold-up de l’alternance démocratique. Les opposants qui sont allés au vote du 1er mars n’étant pas représentatifs, le Parlement issu de ces élections ne sera point représentatif. Ces partis sont, au fait, allés à ces législatives pour se « venger » des grandes formations politiques (UFDG, UFR, BL, PEDN, PADES….) qui avaient jusque-là eu droit à tous les privilèges dans les différents accords et consensus avec le gouvernement. Reste à savoir s’ils auront, une fois l’Assemblée mise en place, les coudées franches pour contrôler l’action gouvernementale et proposer des lois susceptibles de contribuer à l’évolution de la société guinéenne.

Cependant, les acteurs politiques réunis au sein de l’opposition plurielle et membres du FNDC, non pas encore dit leurs derniers mots. Les manifestations de résistance projetées pour les 11 et 12 février et d’autres qui pourraient intervenir avant le 1er mars et même le jour du scrutin seront décisives. Face aux conservateurs du pouvoir, ceux qui veulent le conquérir en préservant la Constitution de 2010 savent que si « ce coup d’Etat constitutionnel » passe, l’alternance démocratique et apaisée trépasse.

Même si le rapport des forces et inégales entre les deux entités, le jeu en vaut la chandelle pour que la Guinée retrouve une véritable place dans l’arène des nations démocratiques. Les opposants à la nouvelle constitution se disent que ce qui a été possible en Egypte du temps de Moubarak, au Soudan d’El Béchir, en Tunisie de feu Zine El Abdine Ben Ali, au Burkina Faso de Blaise Compaoré et en Algérie d’Aziz Boutéflika, pourrait se produire en Guinée. Il suffit juste d’un petit déclic, d’une arrogance de plus de la part des thuriféraires du régime, pour que la révolution guinéenne, comme celle de 2007, triomphe. Le hold-up de l’alternance démocratique en Guinée est impossible. Wait and see !

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