En Guinée-Bissau, la situation est loin d’être claire. Alors qu’Umaro Sissoco Embalo auquel on avait accordé la victoire à la présidentielle avec 53,55¨% des voix, continue les sorties médiatiques, la CEDEAO vient de recommander la vérification des données du second tour de la présidentielle. Cette instance sous-régionale compte ainsi démêler le contentieux électoral afin de désigner définitivement le vainqueur du scrutin.
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!Le 1er janvier 2020, la Commission Nationale Electorale (CNE) a accordé la victoire à la présidentielle du 29 décembre au candidat Umaro Sissoco Embalo. Mais la Cour Suprême qui a été saisie à deux reprises par Domingo Simoes Pereira, le challenger de Embalo du Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) a demandé une vérification nationale des PV du scrutin. Craignant une recrudescence de la crise dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, la CEDEAO a dépêché une mission à Bissau le 30 janvier dernier. Elle était composée de Kalla Ankourao, ministre nigérien des Affaires étrangères, de Jean-Claude Kassi Brou, président de la commission de la Cedeao, et de Kiridi Bangoura, ministre d’État et secrétaire général à la présidence guinéenne et représentant Alpha Condé, médiateur de cette crise).
A l’issue d’une rencontre avec le président de la CNE, celui de la Cour Suprême et le Premier Ministre, ces émissaires ont recommandé à la Commission nationale des élections (CNE) d’engager une procédure de vérification de la consolidation nationale des données issues des commission régionales du deuxième tour. Selon un communiqué publié à cet effet, cette vérification se fera sous l’égide de la CEDEAO en présence des représentants des deux candidats. Plus loin, il est dit que le comité condamne les propos discourtois tenus à l’encontre de certains chefs d’Etat et de gouvernement qui oeuvrent à la stabilité du pays.
Mais de quels chefs d’Etat s’agit-il ? La réponse est simple : c’est Alpha Condé qu’Embalo accuse d’avoir tout fait qu’il ne soit pas élu. Le président guinéen auquel le président guinéen vient d’apporter son soutien, semble encore être à la manœuvre. Alpha Condé, qui sait compter sur Kiridi Bangoura, est loin d’avoir dit son dernier mot dans cette crise. Il a toujours eu des relations tendues avec Umaro Embalo. Ce dernier avait accusé en février 2017 le président guinéen de jouer un rôle négatif dans cette crise. Selon lui, à l’époque, des rapports des services de renseignement de Guinée-Bissau montrent qu’Alpha a appelé des hommes politiques à Bissau à bloquer le programme d’Embalo alors Premier Ministre.
Le futur Président Bissau-Guinéen est aujourd’hui victime d’un conflit de leadership entre plusieurs chefs d’Etat ouest-africains. Si Embalo si compter sur les soutiens de Macky Sall du Sénégal, Mamadou Buhari du Nigeria, Mamadou Issoufou du Niger et plus loin du congolais Sassou N’Guesso, il ne serait pas en odeur de sainteté auprès d’Ibrahima Boubacar du Mali et naturellement d’Alpha Condé. Quant à Alhassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire, il hésiterait à prendre position.
Toujours est-il que toute tentative visant à changer les résultats du scrutin du 29 décembre 2020 pourrait ramener la crise en Guinée-Bissau.