Lutte contre le Sida et la tuberculose en Guinée : MSF alerte sur la rupture des médicaments !

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 Les représentants de Médecins Sans Frontière (MSF) en Guinée ont animé une conférence de presse ce mardi. Il était question de la conférence des donateurs du Fonds Mondial contre le VIH, la tuberculose et la malaria. Elle vise à mobiliser des financements pour lutter contre ces maladies pour les trois prochaines années. Le cas de la situation de ces maladies en Guinée a été évoqué.

 

SArnaud Badinier, chef de mission de MSF en Guinée, a parlé du rapport  publié  ce lundi pour interpeller les bailleurs du Fonds Mondial qui réunissent ce mardi  à Lyon pour discuter des financements dans les prochaines années sur la prise en charge du VIH et de la tuberculose. Le message que nous voulons faire porter dans cette conférence c’est que si nous voulons accélérer la riposte de lutte contre le VIH et la tuberculose, alors les financements doivent être maintenus et je dirais même plus doivent être augmentés. En effet, dans ce rapport basé sur des études menées dans neuf pays, le MSF supporte des activités de prise en charge du VIH et de la tuberculose dont la Guinée. Nous démontrons que toute rupture de financement a un impact désastreux. On peut observer que la Guinée est d’ailleurs le seul pays où la mortalité, les décès liés au VIH ont augmenté alors que dans la sous-région ils ont diminué.

Pour sa part, docteur Christine Bimansha Macy, coordinatrice du projet VIH de MSF à Conakry a évoqué les difficultés auxquelles l’institution est confrontée en Guinée.« Tout d’abord en Guinée, la prise en charge est principalement concentrée à Conakry avec 62% de la prise en charge des services disponibles dans la ville de Conakry et le reste du pays en souffre déjà. Par rapport aux objectifs fixés par l’ONU-SIDA d’ici 2020, nous avons déjà un grand gap par rapport au dépistage. Seules 65% de personnes vivant avec le VIH connaissent leurs statuts actuellement. En raison du manque de fonds les actions de dépistage communautaires ont été focalisées sur la population clé et la TTME au détriment de la population générale, donc les tests de dépistage se sont avérés insuffisants pour permettre un dépistage de la population générale. Et sans dépistage précoce, il n’y a pas de mise sous traitement, et donc l’épidémie continue à évoluer, et donc la transmission continue à se faire et la vie de milliers de Guinéens est en péril. L’absence de dépistage et de connaissance de son statut entraîne des arrivées tardives dans les structures. Les patients arrivent dans un état de stade avancé de la maladie et malheureusement la prise en charge est beaucoup plus compliquée et ceci entraîne des coûts du côté de la santé beaucoup plus élevés que beaucoup de patients ne sont pas en mesure de s’offrir. Sur les 120.000 personnes vivant avec le VIH du pays, seules 48.575 ont été mises sous traitement, cela signifie qu’on autour de 40% seulement de mise sous traitement, 60% des patients ne sont pas mis sous traitement. Ce qui veut dire qu’il y a un risque de recrudescence de la maladie avec le nombre de nouvelles infections qui pourrait augmenter. Pour votre gouverne le nombre de nouvelles infections a été revue à la hausse. Jusqu’en 2018, on parlait de 6400 nouvelles infections par an. Aujourd’hui, nous sommes passés à 7200 nouvelles infections par an liées au VIH. Ce traitement à vie des antirétroviraux ne peut souffrir d’aucune interruption. Toute interruption du traitement entraîne des risques de résistances et d’échecs thérapeutiques. Malheureusement, la chaîne d’approvisionnement entraîne encore beaucoup de ruptures dans le pays et les patients sont exposés aux indemnités. Il faut mentionner que la Guinée a connu une augmentation de la mortalité de 7% alors que dans la région, la mortalité a reculé de 27% et dans toute l’Afrique elle a reculé de 37%. C’est pour vous dire combien la situation est catastrophique. A ce jour jusqu’en 2018 on comptait 4400 décès par an liés au VIH, ce qui signifie un décès chaque 2 heures d’un patient qui a le VIH en Guinée. Avec la baisse de financement, vous pouvez imaginer les conséquences qui seront encore plus dramatiques pour les personnes vivant avec le VIH en Guinée », conclu-t-elle.

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