La journée du lundi 19 août 2019 restera à jamais gravée dans les annales de l’histoire de la presse guinéenne. Diallo Souleymane,Administrateur Général du groupe de presse Le Lynx-La Lance et de la Radio Lynx FM à été placé sous contrôle judiciaire par le doyen des juges d’instruction du TPI de Kaloum, M.Diela Barry. Il est inculpé de complicité de production, diffusion, mise à disposition d’autrui des données de nature à troubler l’ordre ou la sécurité publique ou à porter atteinte à la dignité humaine par le biais d’un système informatique. Ces faits sont punis par la loi L037 portant sur la cyber-sécurité et la protection des données à caractère personnel.
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Dans cette affaire Ministère Public contre Diallo Souleymane et autres, le plaignant n’est autre que Dr.Mohamed Diané, ministre d’Etat chargé des Affaires Présidentielles et Ministre de la Défense Nationale. L’émission incriminée est celle de Œil de Lynx du 31 juillet avec Mme Sano Doussou Condé. Elle était animée par Boubacar Algassimou Diallo (Abou Bakr) et Boubacar Bah (Azoca). Le juge d’instruction a maintenu la convocation de Abou Bakr, Directeur de la Radio Lynx FM. Il doit se présenter tous les mercredis et vendredis avec M.Diallo Souleymane devant le TPI du Kaloum. Ces évènements se sont déroulés entre 11h et 16h.
A 11h, M.Diallo Souleymane , Abou Bakr et Azoca Bah accompagnés des avocats Me Abdoul Kabélé Camara, Me Salifou Béavogui, Me Thierno Souleymane Barry et Me Mohamed Traoré ont été accueillis par un officier de la DPJ. Après quelques minutes d’entretien dans ce bureau, tout ce beau monde s’est retrouvé au niveau de la division d’investigations criminelles de la DPJ.
Les officiers Bachir et Conté en charge du dossier ont demandé à ce que ça soit seulement la personne convoquée et les avocats qui restent dans le bureau. Ainsi M.Diallo Souleymane en sa qualité de fondateur de la Radio Lynx FM et Administrateur Général du groupe de presse Lynx-Lance-Lynx FM est resté avec ses conseils.
Dès l’entame de l’interrogatoire, il a gentiment fait comprendre aux deux OPJ qu’il ne leur revient pas d’entendre un journaliste poursuivi pour un délit de presse. La procédure voudrait que l’audition soit faite par un juge d’instruction sur recommandation du Procureur.
Après, les officiers Bachir et Conté essaient de changer de stratégie en cherchant à convoquer directement les animateurs de l’émission Œil de Lynx Abou Bakr et Azoca Bah. Mais les avocats s’opposeront à cette façon de faire.
Finalement, aux environs de 14h, le dossier est déféré devant le TPI de Kaloum. Le Procureur a mandaté le doyen des juges d’instruction d’auditionner Diallo Souleymane. C’est aux environs de 16h qu’on lui a notifié sa mise sous contrôle judiciaire avec obligation de se présenter tous les mercredis et vendredis à 09 devant le TPI accompagné de Abou Bakr.
A la lumière de tous ces faits, il ressort aujourd’hui que les juges guinéens ignorent complètement la loi L002 portant liberté de la presse pour juger les délits de presse. Puisque cette loi dépénalise ces délits, ils privilégient la L037 portant sur la cyber-sécurité et la protection des données à caractère personnel. Celle-ci punit d’un emprisonnement de six (06) mois à cinq (05) ans et d’une amende de 20.000.000 GNF à 300.000.000 GNF.
Les hommes des médias guinéens doivent se battre bec et ongles afin que les juges reviennent sur la loi sur la liberté de presse qui est une loi organique alors que celle sur la cyber-sécurité n’est qu’une loi ordinaire. Les associations de presse sont déjà mobilisées pour se dresser comme un seul homme contre ces tentatives d’intimidations des professionnels des médias en Guinée.