EDITO-En étant témoin ce mardi et mercredi du cynisme avec lequel les gendarmes narguaient les habitants de Kipé2, les yeux hagards pleins de larmes, devant les cris des bébés et les pleurs des femmes et témoins impuissants, je me suis demandé réellement à quoi tout cela sert. J’ai rencontré sur le terrain d’éminents intellectuels mais aussi de pauvres personnes parmi les plus pauvres de la Guinée. Tous se demandent pourquoi tous les malheurs de la Guinée retombent sur eux.
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!
La plupart dise ne plus savoir où donner de la tête. Ils ont tous le sentiment de subir une punition, d’être victimes d’une haine qui ne dit pas son nom. Cette opération a complètement effrité le peu qui restait comme sentiment d’appartenance à une nation capable de protéger ses habitants.
Les récriminations, les pleurs, les malédictions ont été les choses les mieux partagées depuis qu’Alpha Condé et Ibrahima Kourouma ont décidé de casser cette partie de Conakry. Même si la plupart des victimes s’en remettent à Dieu, lui confiant leur destin et surtout le châtiment à infliger aux auteurs de cette casse, les plaies sont béantes. Il n’y a pas de mots pour exprimer la rage et le dégoût que tous ont désormais envers Alpha Condé et tous ceux qui gouvernent la Guinée.
La casse de Kaporo-rails, Soloprimo et Kipé2 constitue une véritable bombe à retardement qui n’épargnera personne. L’opération est d’autant plus révoltante que même au niveau de l’assistance aux victimes dans la récupération de leurs biens, il y a du deux poids, deux mesures.
Nous avons été témoins d’une scène où des gendarmes sont entrés dans une maison en voie d’être décoiffée pour aider les occupants à sortir leurs biens. Un bel acte de solidarité, pourrions-nous nous exclamer, mais hélas, les victimes avaient été ciblées parce qu’appartenant à la même communauté que ces agents secouristes. Un peu plus loin, nombreuses autres familles entre tôles entassées çà et là, meubles éparpillés et habits sens dessus-dessous, à l’attente des véhicules pour les transporter vers des destinations inconnues, avaient aussi besoin de l’assistance de ces broyeurs de maisons.
Demain, on nous promet de construire sur les ruines des logements modernes et des centres commerciaux de haut standing. Mais ce qu’on ne dit pas, c’est que les terrains sont déjà revendus à des promoteurs privés guinéens et étrangers. Les parcelles qu’ont dit appartenir à l’Etat et sur lesquelles on chasse des pauvres, sont déjà reparties entre les membres du clan d’Ibrahima Kourouma, Alpha Condé et d’autres cadres du Ministère de la Ville et de l’Aménagement du Territoire. Chacun essaie de profiter des dernières heures de la fin de règne d’Alpha en 2020 pour profiter. Mais, comme le dit bien l’adage, biens mal acquis ne profitent jamais. A bon entendeur….
Azoca Bah