Aliou Bah : « Entretenir la psychose pour s’éterniser au pouvoir »

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L’approche de répression systématique face aux revendications légitimes des citoyens (syndicats, politiques), la politisation à outrance de tous les aspects de la société, le peu d’égard que le président et son gouvernement ont pour les souffrances des populations, ressemblent plus à une mise en coupe réglée qu’a une gouvernance portée sur le bien du peuple. L’agenda cynique du régime actuel se dévoile de plus en plus.

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Le RPG-arc-en-ciel étant dans l’incapacité de faire émerger un leadership présidentiable et renouveler par la même occasion ses instances dirigeantes (dont le président reste Alpha Conde depuis sa création) à moins de deux ans de la fin de son dernier mandat, en perte vertigineuse de popularité vu le manque de résultats de sa gouvernance dans la plupart des secteurs qui impactent directement les conditions de vie des populations, des extrémistes agissant dans l’antichambre du pouvoir, tirent les ficelles pour installer le chaos qui créerait l’option du glissement du calendrier électoral des présidentielles de 2020 à défaut de réussir le plan A qui consiste à modifier la constitution.

Les élections locales du 4 février 2018 et le processus d’installation des exécutifs communaux ont été le baromètre pour jauger encore de la popularité du RPG-AC. Elles ont révélé la mauvaise santé politique du parti et le ras-le-bol général des populations. En effet, même dans ses fiefs dit naturels, le parti est obligé de s’appuyer sur l’administration territoriale et les forces de sécurité   en utilisant la fraude, la manipulation et la violence pour soit “gagner” contre les candidats indépendants ou imposer des maires complètement impopulaires dans les localités.

Par ailleurs, il est logique qu’un président qui s’inscrit dans le respect de la limite du mandat constitutionnel prépare son départ avec sérénité. Il corrige les éventuelles insuffisances, travail son image, rassure sa population et contribue à renforcer la crédibilité du parti qui l’a porté au pouvoir afin de garder intacte ses chances de le conserver de façon démocratique. Bref il exerce un mandat plus technique que politique. Une attitude ou comportement contraire permet de déduire valablement que le maintien à n’importe quel prix reste l’option privilégiée. Et c’est malheureusement le signal que nous envoi le président Alpha Condé.

L’accalmie profite au débat donc à l’évaluation du bilan des gouvernants et des propositions alternatives. Empêcher ce débat en créant ou favorisant la psychose, profite surtout à ceux qui ne veulent pas se soumettre à cet exercice qui est pourtant l’essence de la démocratie.

Mais l’aspect le plus inquiétant de la situation actuelle demeure que plusieurs indices laissent croire que le président ne contrôle pas cette machination machiavélique et que ces extrémistes le conduiront à sa perte à terme.

Le recours à la « neutralisation physique » des opposants serait non seulement contre-productif pour le président Alpha Conde qui a déjà sur sa conscience de nombreuses victimes par balles des sbires de son régime, mais contribuera surtout à réduire à néant l’ensemble de son “combat“ et lui vaudrait beaucoup d’ennuis judiciaires dans sa retraite politique.

Quel peut-être l’objectif de ces extrémistes ?

Tout porte a croire que le but principal des extrémistes du pouvoir est de semer le chaos et mettre le président dans l’embarras: faire un forcing pour se maintenir au pouvoir tout en continuant d’empêcher la mise en place de la haute cour de justice afin d’éviter de répondre des crimes commis sous son régime (le cas des victimes des manifestations politiques et sociales), ou respecter la constitution et prendre le risque de s’expliquer sur plusieurs aspects négatifs de sa mandature.

Pour ces extrémistes, il faut accabler, noircir la fin de mandat et faire porter toute la responsabilité sur le président. Ce qui l’obligera à vouloir rester éternellement au pouvoir pour protéger ses intérêts et ceux du clan. Le système mafieux le maintiendra ainsi en otage pour continuer de profiter du statut quo jusqu’au jour où la situation sera intenable et basculera pour qu’ils soient les premiers a le lacher pour aller se sécher sous le nouveau soleil avec des arguments dont les Guinéens ont l’habitude pour justifier le recyclage et la transhumance politique.

Que doit faire la classe politique ?

Notre histoire politique proche et lointaine a montré essentiellement deux choses importantes :

Premièrement, le déficit du leadership visionnaire nous a fait perdre d’énormes opportunités de mettre la Guinee sur la voie du développement et de la consolidation de sa jeune démocratie.

Deuxièmement, le courage et les sacrifices fournis par les braves populations ne sont pas qualitativement capitalisés par les leaders politiques et sociaux. 

De ce fait, et dans le contexte critique actuel, les acteurs politiques et sociaux doivent systématiquement éviter toute improvisation car les attentes de la population ne se résument pas à l’obtention d’une victoire émotionnelle mais celle d’une issue prometteuse, c’est-à-dire une alternative crédible pour bâtir un avenir meilleur. 

Et pour y arriver, un préalable d’évaluation intelligente de l’équation politique s’impose (réflexion stratégique). Ce travail consistera à mener un certain nombre d’actions urgentes :

  • Identifier formellement ces extrémistes ( ils ont des exécutants connus ) ;
  • Exercer la pression sur le minimum institutionnel existant afin de les mettre hors d’état de nuire ( la poursuite des manifestations publiques, l’implication des organisations de défense des droits de l’homme, les investigations des médias, l’alerte par le lobbying et la communication auprès de la communauté internationale…)
  • Définir une démarche lisible et la rendre inclusive autant que possible (fédérer assez pour mieux agir).

 

Enfin, sauver l’essentiel avant qu’il ne soit trop tard représente l’enjeu principal pour l’avenir de notre jeune démocratie.

 

M. Aliou BAH

Président de l’organe provisoire de direction du MoDeL

 

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