Le Belge Paul Put (61 ans) a été nommé ce vendredi à la tête du Syli national, suite à l’éviction de Lappé Bangoura. Le Flamand, qui a déjà dirigé trois sélections africaines (Gambie, Burkina Faso, Kenya) a en majorité laissé de bons souvenirs. Même si son nom est associé à une affaire de corruption dans son pays…
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!
« C’est quand même assez incroyable qu’on puisse nommer quelqu’un qui a été condamné par la justice de son pays pour une affaire de matchs truqués. Au niveau moralité, c’est tout de même assez surprenant », grince un des (nombreux) candidats au poste de sélectionneur de la Guinée. Cette tache sur le CV de Paul Put n’a pas pourtant pas semblé rebuter Antonio Souaré, le président de la Fédération guinéenne de football (Feguifoot), qu’il l’a nommé ce vendredi 2 mars.
Le patron du football guinéen avait reçu officiellement 80 candidatures et devait établir une short list avant de faire passer des entretiens à Conakry aux sélectionneurs concernés. Ce processus initial a finalement été changé : Paul Put a été choisi pour une durée de deux ans, succédant aninsi à Lappé Bangoura, licencié le 17 janvier dernier en plein Championnat d’Afrique des nations (CHAN).
Alain Traoré : « Il connaît bien l’Afrique et ses mentalités »
Paul Put venait pourtant de s’engager avec le Kenya, le 19 novembre dernier. Trois mois après, jour pour jour, il a démissionné pour « raisons personnelles. » En Guinée, il dirigera sa quatrième sélection africaine, après la Gambie (2008-2011), le Burkina Faso (2012-2015) et les Harambee Stars du Kenya, après un passage par la Jordanie (juin 2015-janvier 2016).
Tu avais intérêt à être à l’heure, sinon, tu prenais une amende
Du côté de Ouagadougou, le Belge a laissé une bonne image à Alain Traoré, un des cadres de la sélection nationale. « On voyait qu’il connaissait bien l’Afrique et ses mentalités. D’ailleurs, il passait la majorité de son temps au Burkina. Il savait se montrer à la fois autoritaire et flexible. Par exemple, il était très strict sur les horaires pour les réunions, les repas. Tu avais intérêt à être à l’heure, sinon, tu prenais une amende. Par contre, il avait parfaitement compris que pour les joueurs évoluant à l’étranger, les regroupements des Étalons à Ouaga étaient aussi l’occasion de voir la famille, ce qui est très important dans notre culture. On avait ainsi le droit, à condition de prévenir, de passer une nuit à la maison. En revanche, trois jours avant le match, il fermait l’hôtel aux amis, à la famille », explique l’attaquant d’Al-Markhiya (Qatar).
Réputé froid, Put avait pourtant noué de bonnes relations avec son effectif. « C’est vrai qu’il communiquait davantage avec les plus anciens de la sélection. C’est un coach qui aimait bien parler de ses choix avec les joueurs. Ce n’était pas un grand bavard, mais ça se passait bien. Il a beaucoup apporté à la sélection, notamment avec cette finale de la CAN en 2013 en Afrique du Sud [0-1 face au Nigeria, ndlr] », poursuit Traoré.
Au premier abord, il était assez distant. Mais ensuite, les relations sont devenues courtoises
L’entraîneur français Alain Michel a également croisé plusieurs fois Paul Put en Algérie, quand le premier entraînait le club de Belouizdad puis celui d’Hussein-Dey et le second l’USM Alger (USMA). « Au premier abord, il était assez distant. Mais ensuite, les relations sont devenues courtoises. Il n’a pas réussi comme il l’espérait à l’USMA, alors qu’il disposait du meilleur effectif de Ligue 1. Je crois qu’il n’a pas réussi à tisser un vrai lien avec ses joueurs, à créer une aventure humaine. Il devait aussi composer avec une direction assez interventionniste », explique Alain Michel.
Une image abîmée en Belgique
Ses démêlés avec la justice belge, dans une affaire de corruption et de truquage de matchs entre 2004 et 2006, n’ont étonnamment pas perturbé les supporters de l’USMA et la presse algérienne. « Les gens étaient au courant, mais ils semblaient ne pas y accorder beaucoup d’importance. Put a été critiqué sur ses choix tactiques et ses résultats, pas sur les affaires de corruption en Belgique », poursuit Alain Michel.
S’il a quitté le Kenya aussi vite, c’est que le salaire qu’on lui a proposé en Guinée était meilleur
Ancien joueur modeste, Put a en effet d’abord entraîné de petits clubs belges (Saint-Nicolas, Tielen, Harelbeke), avant de s’installer sur les bancs de formations plus réputées (Lokeren, Lierse). En juin 2014, le technicien flamand avait été condamné à deux ans de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Bruxelles, pour avoir joué un rôle dans des matchs truqués entre 2004 et 2006, alors qu’il entraînait Lierse.
« Il aime l’argent. Il serait capable d’aller entraîner n’importe où, tant que le salaire est bon. S’il a quitté le Kenya aussi vite, c’est que le salaire qu’on lui a proposé en Guinée était meilleur », ironise un agent. La Fédération jordanienne de football avait d’ailleurs suspendu Put, en décembre 2015, le temps que celui-ci clarifie sa situation avec la justice belge… « Il aura du mal à retravailler en Belgique. C’est un bon entraîneur, mais au niveau de l’image, avoir été condamné à de la prison, ce n’est pas bon. Et les présidents de club le savent », ajoute un journaliste belge.
Avec jeunafrique.com