Libre Opinion: Lettre Ouverte à Alpha Condé !

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Pendant quarante ans, il s’est présenté comme un « opposant historique ». Et enfin, en 2010, il devient président de la République de Guinée. Et pourtant, qui peut se targuer de connaître le vrai Alpha Condé ? Difficile. C’est l’inconnu le plus connu de la Guinée.

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Dès l’aurore du multipartisme en Guinée, M. Ibrahima Fofana, aujourd’hui âgé de 95 ans, ex ministre de la République sous Sékou Touré, avocat à la Cour, n’a ménagé aucun effort pour donner corps et vie au RPG (Rassemblement du Peuple de Guinée), le parti d’Alpha Condé.

NewsGuinee, à la conquête de l’information, a mené des enquêtes permettant de parvenir à la matérialité des faits, de dénicher l’histoire opaque de l’homme qui dirige la Guinée. Nonobstant la discipline de fer instaurée pour museler les forces démocratiques, les médias en l’occurrence, notre quotidien d’information, à  ses risques et périls, permet de tout savoir et de tout dire de la carrière politique d’Alpha Condé bien sûr, mais aussi de ses années de jeunesse et de ses activités opaques pendant la tumultueuse conquête du pouvoir.

Avec un sens minutieux du détail, malgré le poids de l’âge, sous un fond de mea culpa, M. Fofana éclaire tous les pans d’ombre de la biographie de son « ex compagnon», que disons nous,  du « professeur » président Alpha Condé qu’il met au jour des faits et des propos complètement ignorés.

Le lectorat tressaillit de révélations en révélations. Il s’étonne, il s’émeut, il sourit, se questionne, s’agace. Mais, surtout, il découvre les ressorts secrets de la vie d’un homme. Il retrouve enfin le plaisir du style serein, le souci ardent de clarté et de vérité …

  

LETTRE OUVERTE

A

– Tous les partis politiques de l’Opposition Républicaine ;

– Toutes les organisations de la Société Civile guinéenne ;

– Tous les patriotes guinéens de l’intérieur comme de l’extérieur ;

– Tous ceux que j’ai entrainés dans mon sillage et les ai amenés à adhérer au Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) et qui en ont pâti dans leur chair et dans leur esprit, victimes de l’inqualifiable et inhumain traitement que leur a infligé l’entrepreneur politique Alpha Condé dont ils ont concouru à l’accession au pouvoir en Guinée.

I.              POURQUOI CETTE LETTRE ?

J’emprunte le titre de l’introduction à ma lettre au titre qu’a donné à l’introduction à son livre Pierre Merlin, Polytechnicien, Ingénieur Général des Ponts et Chaussées, grand passionné de l’Afrique, à laquelle il a consacré « cinquante années passées à l’écoute des réalités africaines » et qui est l’auteur d’un remarquable ouvrage, Espoir pour l’Afrique Noire, dont Jacques Delors, préfacier, alors Président de la Commission des Communautés Européennes a dit beaucoup de bien, en très peu de mots, par une phrase lapidaire, à la fois attachante et engageante en sa promesse d’enrichissement de l’esprit d’une part et, d’autre part, frappante et admirable par sa concision : « Ce livre est un trésor ».

Je n’ai pu résister à la tentation de citer une partie de sa réponse parce que cette réponse, digne d’être partagée, donnée à la question de la renaissance de l’Afrique intertropicale, peut être donnée, mutatis mutandis, à celle de la renaissance de chaque pays d’Afrique Noire. Le défi à relever consiste donc à savoir et pouvoir remplacer le vocable Afrique par celui de n’importe quel pays de l’Afrique intertropicale, en l’occurrence la Guinée, pour que je me reconnaisse sans réserve, comme se serait reconnu tout patriote africain dans la passion qu’a Pierre Merlin pour l’Afrique et pour que la mienne pour la Guinée soit à l’identique de la sienne pour l’Afrique :

            « Ce qui m’a décidé à écrire ce livre, dit-il, c’est avant tout le sentiment de l’urgence, un sentiment qui peut se définir en trois mots, inquiétude, tristesse et espoir.

L’inquiétude m’habite quand je vois la situation économique de l’Afrique, si mauvaise et qui depuis une dizaine d’années ne fait que s’aggraver. Dans l’agriculture, l’industrie, le commerce extérieur, les budgets, il y a plutôt un recul que progrès. Ce déclin économique atteint forcément les structures sociales et risquerait, s’il continuait, de désagréger les communautés traditionnelles ou récentes.

La plupart des responsables occidentaux sont fort pessimistes quant à l’avenir à court terme et à moyen terme de l’Afrique Noire. Et, malheureusement, une certaine désespérance se propage dans les milieux dirigeants africains, et dans les masses villageoises ou citadines.

Devant cette situation, comment ne pas être envahi par la tristesse ?

– tristesse pour tous ces paysans qui voient leurs rendements stagner, ces terres disponibles se raréfier, le couvert végétal se dégrader, les prix de leurs produits s’effondrer ;

– tristesse pour ces jeunes étudiants, pour ces diplômés, dont certains me sont très proches, qui ont peiné pendant des années pour faire des études difficiles, ont finalement réussi, et se voient au chômage, sans travail, sans avenir ;

– tristesse pour ces jeunes paysans qui partent en ville à cause des difficultés de l’agriculture, attirés aussi par les « lumières de la ville », et qui bien vite sombrent dans le chômage, sont coupés de leurs attaches et vont un peu à la dérive ;

– tristesse de voir que persiste l’insuffisance de nourriture en quantité et en qualité, et des conditions d’habitat souvent pénibles.

Et pourtant, pour de nombreuses raisons, je garde espoir.

Espoir à cause des jeunes cadres africains, compétents et dynamiques.

Je pense souvent à tous ces directeurs de services de l’agriculture, de l’élevage, de sociétés de développement agricole, de banques, d’industries, que j’ai rencontrés ces dernières années ;

Espoir à cause des paysans et de leurs nouvelles initiatives, de leurs groupements spontanés pour créer une agriculture stable et riche ;

Espoir parce que depuis des années des dirigeants africains à tous les niveaux ont pris une conscience plus nette de la situation de leur pays, des erreurs passées et des changements à faire pour un avenir meilleur.

Voilà pourquoi j’ai rédigé ce livre, le redressement me parait indispensable et possible. Pour ma part j’ai souhaité contribuer dans la mesure de mes moyens à la recherche de solutions ».

Et pour bien montrer que sa passion pour l’Afrique n’est pas feinte mais réelle, Pierre Merlin réitère son engagement pour elle en écrivant :

« Je me suis dit que je pouvais apporter la vision d’un homme de terrain, qui parle de ce qu’il a vu, entendu et senti, avec toute la passion que peuvent donner cinquante ans de contacts humains et d’amitié avec les africains…

Il me reste à souhaiter que ces réflexions puissent contribuer, même modestement à la renaissance de l’Afrique intertropicale. »   

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Ce qui, à mon tour, m’a décidé à vous adresser cette lettre, c’est le sentiment de l’urgence, le même que celui défini par Pierre Merlin en trois mots, inquiétude, tristesse et espoir. Mais ce sentiment de l’urgence, à lui seul, ne saurait suffire à traduire l’état d’esprit dans lequel se trouve plongé aujourd’hui l’écrasante majorité du peuple de Guinée, état d’esprit défini par un ras-le-bol qui se résout en un sentiment de révolte et d’indignation devant le scandale d’une gouvernance dont la gestion patrimoniale, a atteint des sommets qu’aucune des deux gouvernances des deux précédents régimes politiques n’a pu atteindre.

Comme Pierre Merlin pour l’Afrique, je suis triste pour la Guinée-Conakry, quand cette tristesse procède du constat de la réelle trahison des clercs, de la trahison de la plupart des intellectuels ou cadres guinéens qui, devenus acteurs politiques, n’ont rien de plus pressé que de jeter par-dessus bord leur projet de société sur la base duquel leur accession au pouvoir s’est effectuée.

Leur préoccupation première, devant le vaste chantier de l’édification nationale dans tous les domaines, qu’il s’agisse de la production, de l’éducation et de la santé, ce n’est pas tant le souci d’aider le peuple à s’engager sur le chemin du développement, en commençant, bien sûr, par résoudre la question prioritaire de la nourriture qui est le souci premier de tout pays, que celui de s’approprier la rente minière, dans un pays minier, comme la Guinée, bénie des dieux, à cause de l’abondance et de la diversité de ses ressources naturelles.

Comment alors ne pas partager l’appréciation de Mamadou L. Diallo, Polytechnicien et Ingénieur des Mines de Paris, auteur de Les Africains sauveront-ils l’Afrique ?quand il écrit avec pertinence :

« La lutte pour l’appropriation des rentes devient une lutte politique pour le pouvoir car c’est le pouvoir politique qui permet de créer des situations de rente et faciliter leur appropriation. Dès lors, la lutte pour le pouvoir revêt un caractère stratégique pour les agents économiques. » pp 33,34

Je suis triste pour la Guinée-Conakry du « Professeur » Président Alpha Condé, devant la promesse du développement non tenue, devant les difficultés que rencontrent les étudiants et les diplômés en quête d’un travail ; devant celles des jeunes paysans, condamnés à un exode rural forcé, attirés pas seulement par les « lumières de la ville », mais par un besoin vital de survivre ; devant les difficultés des innombrables familles paysannes et citadines qui peinent à nourrir, habiller et instruire leurs enfants ; devant le drame poignant de cette jeunesse qui a sombré dans le désespoir et qui cherche, seule, à sa situation des solutions dans l’immigration, dans le mirage d’une vie meilleure, invinciblement attractive en la croyance naïve en une offre certaine de travail ou en des études assurées, dès son arrivée en Europe ou aux Etats-Unis d’Amérique.

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1958 -2017, près de soixante ans après… Soixante années d’indépendance au cours desquelles la Guinée-Conakry est devenue « l’un des pays les plus misérables et les plus corrompus de la planète », écrit François Bonnet, journaliste en ligne de Médiapart. Un autre journal de la capitale française, le Parisien, sous le titre « Enquête sur le fils du président guinéen », enquête relative aux activités et au train de vie de Mohamed Alpha Condé, fils du Chef de l’Etat de Guinée-Conakry, écrit :

« … En effet, voilà plusieurs mois que la justice française s’intéresse aux activités et au train de vie de l’un de ses plus proches conseillers : son propre fils, Mohamed Alpha Condé. Agé de 45 ans, l’homme qui possède la double nationalité guinéenne et française, et officie comme « chargé de mission » au sein de la présidence est l’objet d’accusations d’infractions financières, au premier desquelles des abus de biens sociaux et de détournements de fonds publics. Ces soupçons ont poussé le parquet financier à diligenter une enquête préliminaire depuis fin avril.

Les enquêteurs spécialisés cherchent à savoir si Mohamed Alpha Condé a bénéficié en France, de prestations de luxe (logement, transports, versement d’argent présumé…) payées par des entreprises françaises qui ont des intérêts dans l’industrie minière guinéenne.

Au centre des interrogations, la jouissance d’un vaste appartement du XVIIIè arrondissement de Paris, ainsi que l’emploi régulier, pour plusieurs dizaines de milliers d’euros, de compagnies de limousines de luxe pour ses déplacements dans la capitale. « On parle de prestations particulièrement coûteuses qui ne correspondent pas au salaire de 800 euros mensuels déclarés par Mohamed Alpha Condé en tant que « chargé de mission » déplore Gregory Mathieu, secrétaire général de l’ONG Fondation pour la gouvernance et la démocratie, et ancien porte-parole de l’ex-commissaire européen aux droits de l’homme, Alvaro Gil-Robles.

Gregory Mathieu indique aussi que de nombreux témoignages assurent que Mohamed Alpha Condé utiliserait régulièrement des jets privés afin de relier des destinations exotiques où il séjournerait au sein d’établissements hôteliers de grand luxe.

«  Il est fondamental que la justice française enquête sur un système de corruption qui n’a comme effet que de privilégier une minorité de personnes en Guinée et non l’ensemble de la population » explique-t-il.

Selon plusieurs sources deux hommes d’affaires possédant des parts dans des sociétés d’extraction minière, et ayant des intérêts en France et en Guinée, seraient au centre des investigations. « La question est de savoir si Mohamed Alpha Condé tire un bénéfice financier ou autre, notamment lors de ses voyages en France, de la part d’hommes d’affaires impliqués dans l’industrie minière guinéenne, et qui, de fait, bénéficieraient d’avantages auprès des décideurs publics guinéens » résume une source proche de l’affaire.

« En payant le fils on achète le père », conclut Gregory Mathieu, qui s’inquiète du niveau de corruption en Guinée-Conakry, ajoutant que le pays occupait en 2014 la 146ème place sur 174 pays du classement de l’indice annuel de la perception de la corruption, établi par l’ONG Transparency International…’’

Un autre journal, guinéen celui-là, Le Lynx, hebdomadaire satirique indépendant titre : « Le Prési Alpha Grimpeur à Freetown et à Ouaga ». Et développe : « Le ‘’roi’’ de l’Afrique aurait apporté, en guise de Condé…léans aux Léonais une misère de 100 000 dollars ricains et 50 tonnes de riz. Le 17 août, le Prési Grimpeur s’est envolé pour Ouaga avec le même montant dans sa gibecière… », laissant derrière lui, sans souci, sa capitale qui se meurt sous le poids de la famine et de la misère, et de la plus monumentale, de la plus monstrueuse poubelle, de la plus scandaleuse décharge qu’une capitale, digne de ce nom n’aurait jamais su abriter, depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuel locataire de Sékoutouréya, décharge qui n’a pu dissuader le « Professeur » président de faire de Conakry la capitale mondiale d’une foire du livre.

Telles sont les stupéfiantes révélations faites d’une part sur l’ampleur de la misère et de la corruption, qui place la Guinée dans le groupe des pays les plus misérables et les plus corrompus de la planète – situation qui n’inspire ni compassion, ni préoccupation au « Professeur » président de la République plus empressé de compatir à la douleur d’africains non guinéens qu’il comble, en « blaguant » avec les maigres ressources financières de la Guinée et – d’autre  part, sur le système de corruption en vigueur aujourd’hui en Guinée, son impact et ses conséquences funestes sur le développement du pays.

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Que le « Chargé de mission » au sein de la présidence, Monsieur Mohamed Alpha Condé, fils du Président de la République de Guinée, Monsieur le « Professeur » Alpha Condé, ait fait l’objet d’accusations d’infractions financières et que cela ait pu conduire le parquet financier de Paris à diligenter une enquête préliminaire, voilà qui est proprement scandaleux et nouveau et piquant et qui donne l’occasion, par sa nouveauté même, et par son caractère ignoble, à raison de ce que le délinquant est fils de président de la République, de rappeler que jamais fils et/ou fille de président des première et deuxième République, n’ont fait l’objet, ni en Guinée, ni dans un pays étranger de chronique pénale ou judiciaire aussi scandaleuse, aussi humiliante, aussi sordide et aussi révoltante que celle qui défraie la chronique par l’inqualifiable conduite de Mohamed Alpha Condé, portant ainsi un coup mortel à l’honneur et à la dignité du fier peuple du 28 septembre et 2 octobre 1958.

La question lancinante qui vient à l’esprit de tout patriote guinéen est : les services de renseignements, réputés les yeux et les oreilles d’un Chef d’Etat, étaient-ils au courant bien avant que le parquet financier de Paris diligentât son enquête préliminaire, des activités et train de vie du « chargé de mission » qui officie à la présidence de la République ; de ses prestations particulièrement coûteuses, au regard de son salaire mensuel de 800 euros ? Il eût été incompréhensible, voire impensable que lesdits services ne le fussent pas. En tout état de cause, il serait étrange que cette conduite scandaleuse du « chargé de mission », Mohamed Alpha Condé, ne fût pas portée à la connaissance du Chef de l’Etat guinéen, son père, ou ne fut portée à la connaissance de celui-ci, que bien tardivement, seulement après que le parquet financier ait décidé, à bon droit, de diligenter son enquête préliminaire sur cette conduite ignoble du citoyen français Mohamed Alpha Condé, qui se trouve être également citoyen guinéen, officiant comme « chargé de mission » au sein de la présidence de la République de Guinée.

Quelle a été la réaction du père devant une telle situation infâmante du fils ? On s’étonne du mutisme de l’opposition républicaine ou du peu de publicité qu’elle en a donnée, elle qui est sensée monter la première au créneau pour défendre les valeurs de la République. Cette défaillance de l’opposition est proprement blâmable et inacceptable et pourrait s’expliquer par quelque talon d’Achille de cette opposition, talon d’Achille qui fera l’objet d’un examen ultérieur dans cette lettre. Par ailleurs, devant semblable situation on sait ce qu’aurait fait l’homme d’Etat ghanéen, Jerry John Rawlings qui n’a pas hésité à ordonner que son propre neveu fût passé par les armes, lequel s’était compromis pour si peu, exécution qui valait à la fois déclaration de guerre à l’impunité et message à l’adresse de tout ghanéen qui serait tenté non seulement de porter atteinte à l’intégrité de la chose publique, qui est par excellence la chose du public, mais encore de ternir l’image de marque de la patrie du grand  panafricaniste, Kwame Nkrumah.

« En payant le fils, on achète le père », voilà qui donne à penser que l’honneur et l’image de marque de la Guinée du 28 septembre et 2 octobre 1958 ont bel et bien foutu le camp, à en juger à la manière dont le premier magistrat de la République honore son pays autrement qu’en devenant consciemment ou non – plutôt  consciemment – aux yeux de tout observateur de la gouvernance de la Guinée-Conakry, une marchandise-une vile marchandise– qui se vend et s’achète à vil prix sur le marché de la corruption de son propre pays, « l’un des pays les plus misérables et les plus corrompus de la planète ». On comprend mieux alors pourquoi le président guinéen, Alpha Condé, ne peut suivre l’exemple de l’ancien chef d’Etat ghanéen, Jerry John Rawlings, encore moins prendre la moindre sanction à l’encontre de son « chargé de mission » son fils dont on peut maintenant affirmer, avec certitude, après les révélations faites par le quotidien parisien, que la fonction, le titre enviable de « chargé de mission » officiant au sein de la présidence de la République dont on affuble si généreusement, si pompeusement, Mohamed Alpha Condé, se résout en réalité, en celle d’une minable mission de vulgaire démarcheur auprès d’éventuels corrupteurs, en réalité d’éventuels acheteurs de la vile marchandise Alpha Condé sur le vil marché de la corruption en Guinée-Conakry.

Ceux qui, avec légèreté, s’appliquent à trouver incongru, pour ne pas dire inadmissible, voire déplacé qu’un responsable étranger d’une ONG, en l’occurrence celui de la Fondation pour la gouvernance et la démocratie, se mêle de dire ce qu’il sait sur la conduite, qu’il juge scandaleuse, du fils d’un président de la République, devraient plutôt se demander pourquoi un président de la République, en l’occurrence Monsieur Alpha Condé, dont le fils fait l’objet d’une enquête préliminaire, sur la base d’infractions d’accusations financières, diligentée par le parquet financier de Paris, n’a pour toute réponse à une question, à lui posée, par Global Witness, que nier en bloc telles infractions d’accusations financières portées contre son fils. Or chacun sait que dénégation n’est pas raison suffisante pour convaincre. Pourtant le président guinéen dispose d’une meilleure réponse que celle qui consiste à nier en bloc. Il lui suffisait – et cela aurait suffit aussi et amplement au peuple de Guinée – d’un communiqué de presse de la présidence de la République par lequel il apporterait à l’intention de l’opinion guinéenne et internationale, un démenti à l’appui de la meilleure preuve d’innocence de son fils, qui consisterait en l’abandon pur et simple par le parquet financier de Paris, de son enquête préliminaire dont est l’objet Mohamed Alpha Condé, son fils. En tant que président de la République et, de surcroit, français, il lui était facile d’obtenir du parquet financier de Paris, à la diligence de son ambassadeur en France, auprès du ministère français des affaires étrangères, un procès verbal attestant que son « chargé de mission » est blanc comme neige, alors surtout qu’une telle enquête préliminaire a été diligentée du temps où Monsieur François Hollande, son ami était président de la République française, amitié renforcée par leur commune appartenance à l’Internationale Socialiste. Le président guinéen n’a pas jugé nécessaire de saisir cette opportunité parce qu’il sait que la France, pays de Montesquieu, étant un Etat de droit, où la tradition de la séparation des pouvoirs est près de trois fois centenaire, François Hollande, président de la République française s’interdirait d’une immixtion dans le domaine judiciaire, en faveur d’un ami, fût-il président de la République, en faisant pression sur le parquet financier afin qu’il change le cours d’une enquête préliminaire.

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Ce qui m’a décidé à écrire cette lettre et à vous l’adresser, ce n’est pas tant que j’aie eu à passer des dizaines d’années de ma vie à l’écoute des réalités guinéennes et qu’à cause de cela, je me sens plus doué qu’un autre à trouver des solutions pour la Guinée. C’est plutôt que j’aie eu à vivre ces réalités et que je fus plus un témoin de ce qui advint à la Guinée, sous le régime colonial, que davantage partie prenante de la colossale entreprise conduite par les gouvernants de la première République, après la chute du régime colonial et l’instauration d’une vie indépendante en Guinée pour qu’elle ait un avenir meilleur. Cette gouvernance s’est déroulée, faut-il le rappeler, dans un environnement intérieur et extérieur hostile, lequel était dominé par une conjoncture internationale caractérisée par la guerre froide, cette confrontation extrêmement tendue entre les deux superpuissances de l’époque, les Etats-Unis d’Amérique et l’Union Soviétique.

Ayant vécu, adolescent, sous le régime colonial, et ayant connu ce que ce régime a fait subir aux peuples coloniaux en général, guinéen en particulier, et ayant eu à traverser trois régimes politiques instaurés en Guinée, après la chute du régime colonial, j’ai le rare privilège d’avoir appartenu à la toute première génération de cadres intellectuels africains et antillais, accourus à Conakry pour se mettre au service du pays, en se mettant spontanément à la disposition du gouvernement du régime naissant de la première République, cela dès les premières semaines qui ont suivi la proclamation de l’indépendance, le général de Gaulle ayant ordonné le départ massif des cadres de l’administration coloniale, lesquels ont emporté jusqu’aux registres de l’état civil, toutes les archives nécessaires au fonctionnement d’une administration publique.

Ce qui m’a décidé à rédiger et à vous adresser cette lettre, c’est aussi et surtout parce que j’ai une dette – une dette immense-envers le peuple de Guinée, à qui est infligée, au quotidien, depuis l’accession au pouvoir du « Professeur » président de la République, Alpha Condé, une gouvernance faite de misère et de corruption.

En quoi consiste ma dette et quelle en est l’étendue ? La réponse me semble trouvée quand, succinctement, elle est donnée ou formulée de la manière suivante : Avoir manqué de tant de discernement, de clairvoyance au point d’avoir contribué à l’accession au pouvoir d’un individu dont on n’a aucune connaissance du personnage ni de son passé ni de son présent, en l’occurrence le « Professeur » Alpha Condé qui, devenu acteur politique et une fois au pouvoir dans son pays natal, lequel lui fut étranger pendant près de quarante ans, accession au pouvoir sur la base d’un projet de société clairement élaboré, du point de vue du développement, en donnant la priorité à l’agriculture et en en faisant le moteur du développement, a délibérément, sans hésiter, sans souci, jeté par-dessus bord le dit projet de société, ce qui a conduit son pays à être classé dans le groupe des pays les plus misérables et les plus corrompus de la planète, mauvais et humiliant classement qui, à lui seul suffit à me rendre débiteur envers le peuple de Guinée pour avoir eu la naïveté de croire en cet acteur politique.  

La priorité à donner à l’agriculture sur l’industrie, en tant que moteur du développement, dans un pays en développement procède de deux impératifs : le premier tient au fait que le souci premier de tout pays est de se nourrir. C’est cette nécessité qui s’impose et qui fait le Premier Ministre indien, Jawaharlal Nehru s’exalter en 1948, en s’écriant : « Tout peut attendre, excepté l’agriculture », paroles de l’homme d’Etat indien cité par N.S. Swaminathan, auteur de Evolution des stratégies de production alimentaire en Inde, au colloque pour les responsables africains de politiques agricoles, tenue à New Dehli, en mai 1986. La même priorité n’est pas démentie lorsque René Dumont, après avoir écrit vingt cinq ans plutôt, dans son ouvrage «L’Afrique est mal partie » : « Nous avons déjà exigé la priorité pour le développement industriel. La priorité à l’agriculture seule est une position typiquement réactionnaire », n’a pas hésité à revenir sur son jugement lorsqu’en 1986, dans son ouvrage « Pour l’Afrique, j’accuse », il écrit : « L’agriculture mérite la priorité absolue ».

Le second impératif est d’ordre historique. Il a été exprimé par Pierre Merlin qui rappelle les rôle et place de l’agriculture dans la richesse des nations, en écrivant :

« On ne trouvera donc pas ici une longue démonstration de ce qui est maintenant une évidence pour tous, mais simplement un rappel de quelques arguments :

– tous les pays devenus riches ont commencé par se doter d’une agriculture solide, notamment dans l’ordre chronologique les Pays-Bas, l’Angleterre, la France, le Japon ;

– les pays sous-développés qui ont choisi la priorité à l’agriculture (Côte d’Ivoire, Cameroun, Tunisie) ont connu un développement plus rapide et surtout plus solide que ceux qui ont donné la priorité à l’industrie ;

– actuellement en Afrique intertropicale huit personnes sur dix vivent de l’agriculture. Aucun développement ne peut être envisagé sans commencer par apporter à cette forte majorité de meilleures conditions de vie, par une promotion de l’agriculture ;

– toute industrie a besoin d’un marché intérieur prospère ; il faut pour cela, dans un premier temps, que les paysans aient des ressources monétaires importantes en plus de leur propre nourriture ;

– quand un pays peut se nourrir par ses propres moyens, il a fait un grand pas vers une vraie indépendance économique.

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L’agriculture, moteur du développement de la Guinée. Le fait que le président guinéen Alpha Condé n’ait pas donné la priorité à l’agriculture et ait, de ce fait raté le coche du développement, est la cause unique de la faillite de sa gouvernance, faillite illustrée par le fait que la Guinée « occupait en 2014 la 146ème place sur 174 pays du classement de l’indice annuel de la perception de la corruption, établi par l’ONG Transparency International… ». S’il est indéniable que la responsabilité de la faillite d’une gouvernance doit être imputée en premier au Chef de l’Etat d’un pays sous-développé, est-on fondé à ignorer cette autre dimension de cette responsabilité qui incombe à ceux qui ont contribué à l’accession de ce Chef d’Etat au pouvoir, lors même que l’inexistence de leur participation directe à cette gouvernance est avérée ? La responsabilité de chacun est fonction du rôle joué et de la place qu’a occupée chacun de ceux qui se sont volontairement impliqués dans cette entreprise politique de l’entrepreneur politique ayant accédé au pouvoir. Il est évident que celui qui a payé de sa personne en prenant le risque d’aller sur le terrain participer à l’implantation des structures d’un parti politique, dans les conditions de la clandestinité et sous un régime militaire, assume une plus grande part de responsabilité lorsqu’il lui incombe de cumuler en même temps les fonctions de direction du parti. Cette responsabilité prend une singulière dimension lorsque, coordonnateur national du parti clandestin, il a, de bonne grâce, sacrifié jusqu’à surseoir à l’exercice de sa profession pour pouvoir disposer de suffisamment de temps aussi bien pour l’implantation des structures du parti que pour l’obtention de son agrément, suite à la publication de la Loi organique portant Charte des Partis politiques.

Bien que je considère que le fait que j’aie assumé la direction du parti pendant sa clandestinité, que j’aie donc ma part de responsabilité dans l’accession au pouvoir du « Professeur » Alpha Condé et que cela, est, à mes yeux, constitutif de dette envers le peuple de Guinée, je crois pouvoir affirmer cependant que cela ne saurait me faire assumer une quelconque part de la terrible responsabilité de la clochardisation du peuple de Guinée, clochardisation sciemment voulue et devant être endossée par le seul Chef de l’Etat guinéen Alpha Condé qui a donné, en toute connaissance de cause une priorité absolue, non à l’agriculture, mais au secteur minier.

Il serait fastidieux d’exposer ce que, en tant que coordonnateur national, j’ai fait pour que naisse et se développe le Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG). Le plus important c’est de montrer le processus par lequel le RPG est né et s’est développé en Guinée, comment des cadres, d’anciens cadres du PDG ont mis en place les structures du RPG ; comment par exemple Ibrahima Sory Dioumessy et Karamoko Kouyaté en Haute Guinée, Moussa III Camara en Guinée Forestière, en pays Konian, ont implanté les structures du RPG.

Il faut donc savoir que le RPG n’a pas été une création ex nihilo nihil ; il n’a pas été créé à partir de rien. Il a été créé à partir d’un matériel humain existant. Il a été crée par d’anciens cadres du PDG. Ce sont par exemple Ibrahima Sory Dioumessy et Karamoko Kouyaté, tous deux natifs de la Haute Guinée, ayant de ce fait une meilleure connaissance des hommes, d’anciens cadres du PDG, et par conséquent plus d’attaches solides, qui se sont rendus auprès d’eux, souvent à leurs frais, pour les convaincre d’adhérer au RPG. C’est Moussa III Camara, natif du pays konian en Guinée Forestière qui s’est rendu, pour les mêmes raisons, la plupart du temps à ses frais, auprès d’anciens cadres du PDG, pour accomplir le même travail. Pour accomplir ce travail, il est à peine besoin d’indiquer qu’il faut être sur place, sur le terrain, qu’il faut vivre en Guinée. Pendant qu’Ibrahima Sory Dioumessy, Karamoko Kouyaté et Moussa III Camara parcouraient à leurs frais les villes et les villages, les campagnes de la Haute Guinée et de la Guinée Forestière pour implanter dans la clandestinité et sous le régime militaire les comités du RPG, où se trouvait Alpha Condé ? Il se la coulait douce dans son appartement de la plus haute tour de la place d’Italie à Paris, au prétexte qu’il mettrait sa vie en danger en vivant en Guinée, lui qui, pourtant « opposant historique » et théoricien de la lutte armée, naguère recommandait impérativement le recours à la force armée seule capable à ses yeux de chasser du pouvoir la classe dirigeante qui n’a jamais « abdiqué de son plein gré ».

En épousant ce qu’on croyait être la cause du RPG, qui se confondait, à nos yeux avec la cause de la Guinée, avec la cause de son développement, nous avions perdu de vue une donnée fondamentale. Soit que nous ignorions ce qu’était réellement le personnage d’Alpha Condé, soit que nous demeurions abasourdis par le « Wo fataara » de Lansana Conté, il était alors impossible de nous poser la très importante question : Et si Lansana Conté était moins mauvais qu’Alpha Condé ? Nous n’avions pas pris en considération ce fait capital : Alpha Condé est un pur produit d’un déracinement, pas n’importe quel déracinement, mais un déracinement à ce point qu’il était et est encore devenu tout à fait un étranger dans son pays natal. Il a été coupé et est encore coupé d’une très grande partie de ses racines, de ses attaches, au point que, pour qu’il soit à nouveau en état de reprendre racine profondément dans le sol de son pays natal, il lui faut le recours à de solides supports, à la manière d’un arbre déraciné par les forces de la nature qu’on fait s’enraciner à nouveau. Il lui aurait fallu pour cela faire un apprentissage, pas n’importe quel apprentissage mais un assez long apprentissage de la patrie sur le terrain, à son retour au pays natal en 1991. Mais au lieu de cela, il y a eu, chez lui, ce refus de l’apprentissage, obnubilé qu’il était et qu’il reste toujours par une sorte de « gout forcené du pouvoir », de ce même gout, qu’ « opposant historique », il a lui-même nommé et attribué à Sékou Touré. Cela devait le conduire inévitablement à faire le ménage, peu de temps avant son accession au pouvoir, en se débarrassant sans état d’âme de ceux parmi les meilleurs cadres à qui on doit l’implantation des structures, des comités du parti dans tout le pays pendant la clandestinité du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG).

On ne saurait donner meilleure explication de la faillite de la gouvernance du président guinéen, on ne saurait trouver meilleure réponse à la bonne question posée par le Comité Directeur du Parti Démocratique Sénégalais (PDS), à savoir « qui est réellement Alpha Condé ? » si l’on fait abstraction de son déracinement, de ce déracinement qui s’est produit à un moment crucial de sa vie, à l’âge de quinze (15) ans, à cet âge où l’adolescent fait son apprentissage de la patrie en se créant des attaches solides avec le pays natal. Alpha Condé né le 04 mars 1938 à Boké a quitté la Guinée à l’âge de quinze ans, en l’année civile 1953, ce qui a correspondu à l’année scolaire 1952 – 1953 pour se rendre à Toulouse en France où il s’inscrivit au Lycée Gambetta en classe de seconde à la rentrée scolaire 1953 – 1954. Il n’est retourné en Guinée qu’en 1991 après 38 ans de déracinementJe mets au défi Alpha Condé, en tant qu’il fut naguère premier responsable du RPG, de désigner un seul comité du RPG qu’il a implanté lui-même dans un quartier d’une ville, dans un village de Guinée.

Qu’est-ce qui explique le fait qu’en mars 1992, au moment de son agrément, le surgissement du RPG sur la scène politique guinéenne, en tant que premier parti d’opposition était un fait accompli ? Parce que le RPG était le seul parti de l’opposition qui avait ses structures, ses comités implantés dans les quatre grandes régions naturelles du pays, dans la plupart des  quartiers des villes, et des villages de la campagne guinéenne à la date de son agrément. Lorsqu’il a fallu déposer le dossier du RPG au Ministère de l’Intérieur par une délégation composée de MM Ibrahima Sory Dioumessy, Karamoko Kouyaté, Moussa III Camara et Mme Hadja Makoto Camara, que j’aie eu l’honneur de conduire, où était Alpha Condé ? Dans son appartement de la plus haute tour de la place d’Italie à Paris. Enfin de tous les hommes d’Etat qui furent Chefs d’Etat en Afrique francophone, Alpha Condé est le seul à avoir été déraciné, au point de vivre trente huit (38) années de vie adolescente, coupé de son pays natal. Et cela a forcément des conséquences désastreuses : depuis son élection en 2010, Alpha Condé n’a pas vécu le temps qu’il faut pour renouer avec les villes et les campagnes guinéennes. Alpha Condé n’est jamais allé à la rencontre des paysans, il n’a jamais vécu une, deux ou trois semaines en milieu rural, au milieu des paysans. Comment peut-il, dans ces conditions, faire de l’agriculture le moteur du développement de la Guinée ? Aimé Césaire, avec son grand poème « Cahier d’un retour au pays natal », a eu mal à l’Afrique, à travers sa Martinique natale. Je ne crois pas qu’Alpha Condé ait jamais eu mal à la Guinée, même avec son ouvrage « Guinée, l’Albanie de l’Afrique ou Néo-colonie américaine ». Il suffit de voir avec quel engouement débridé il arpente l’Afrique, avec sa présidence de l’Union Africaine, sans jamais se donner la peine de parcourir les campagnes guinéennes avec le même engouement, pour engager avec les paysans un dialogue sur la mise en œuvre du projet de société du RPG en vue du développement de la Guinée, fondé sur l’agriculture, sur la priorité absolue à donner à l’agriculture. On aurait bien aimé voir le « Professeur » Alpha Condé aller au-devant de ses concitoyens, lui dont le métier est d’apprendre aux autres et qui sait ou devrait savoir qu’on ne saurait apprendre aux autres que si l’on sait apprendre auprès d’eux, si l’on sait avoir une bonne écoute. On aurait bien aimé voir le président guinéen, le « Professeur » Alpha Condé, parcourir davantage les campagnes guinéennes plutôt que se confiner dans son cabinet au siège de la Présidence de la République à Kaloum ou sillonner plus fréquemment l’Afrique et le monde depuis son élection à la présidence de l’Union Africaine, car « on ne peut apprendre à connaître et à aimer un pays sans parcourir ses campagnes », rappelle avec pertinence, Joseph E. Stiglitz, Prix Nobel d’économie dans son grand ouvrage « La Grande Désillusion », que le président en exercice de l’Union Africaine, président guinéen, Alpha Condé, gagnerait davantage à lire s’il ne l’a déjà fait. Cela lui permettrait de se convaincre davantage de la  justesse du choix fait de l’agriculture comme priorité par l’homme d’Etat indien Jawaharlal Nehru ou de la pertinence et de l’actualité du jugement de Pierre Merlin sur ce choix.

Dans une chronique médicale qu’il intitule « Comment se portent nos chefs d’Etat », et qu’il consacre à seize (16) chefs d’Etat africains, Jeune Afrique N°2953-2954, du 13 au 26 août 2017, s’agissant du président guinéen, Alpha Condé, a beaucoup contribué à la connaissance du personnage, en donnant la réponse à la bonne et pertinente question : « Comment fait-il pour bouger autant, fatiguer son entourage et se jouer des décalages horaires à sept mois de ses 80 ans ? » Lisez plutôt : « Comme Abdoulaye Wade, Alpha Condé mange peu, dort bien et soigne sa forme. Au palais de Sékoutouréya, à Conakry, le président guinéen fait des exercices chaque jour avec un coach sportif venu des Etats Unis et, lorsqu’il s’octroie des vacances, en Tunisie ou en Italie (comme ce fut le cas en ce mois d’août, non loin de Pérouse, en Ombrie), cures thermales et remise en forme sont au menu.

Quand il passe par Paris, le « professeur » manque rarement de consulter son ami, le Dr Soly Bensabat, spécialiste de médecine préventive et patron de Paris Prévention, l’un des centres de check-up les plus courus de la capitale ».

Dommage qu’une telle débauche d’énergie et … d’argent de la Guinée ne soit pas mise prioritairement au service du développement de la Guinée, l’un des pays les plus pauvres et les plus corrompus de la planète, depuis l’accession au pouvoir du président guinéen Alpha Condé, qui ne trouve, n’a jamais trouvé du temps pour parcourir les campagnes guinéennes, avec autant d’engouement, de générosité et de dévouement qu’il met à sillonner l’Afrique et le monde ce, bien sûr, aux frais et aux dépens de la Guinée, du fier peuple martyre de Guinée-Conakry.

Le développement de la Guinée pourrait en dépendre. Le rôle de l’Etat dans ce développement est crucial. Je me suis dit que je pouvais apporter la vision d’un homme, ancien ministre du gouvernement de son pays, qui s’interroge sur la problématique de son développement et du rôle de l’Etat dans ce développement.

Voilà pourquoi j’ai écrit cette lettre que j’ai rendue ouverte et donc publique afin de susciter un débat public sur les responsabilités véritables et respectives des gouvernants successifs de la Guinée depuis l’indépendance, en particulier celles du « Professeur » Président de la République Alpha Condé démocratiquement élu. Je la rends d’autant plus publique que je tiens à porter à la connaissance de tous les guinéens ma détermination, aujourd’hui qu’une campagne pour un troisième mandat bat son plein et est insidieusement et sourdement menée, à défaire ce que, avec d’autres, j’ai fait, pour que le « Professeur » Alpha Condé accède au pouvoir en Guinée en 2010. Aujourd’hui, en Guinée Conakry, il est devenu à la fois urgent et prioritaire, non seulement de démonter et d’anéantir la machine infernale de cette descente implacable aux enfers du peuple de Guinée, mais plus encore, d’obliger le « Professeur » Président Alpha Condé, à quitter le pouvoir en 2020, y compris par la force, au besoin par la force des armes tel que naguère il le préconisait lui-même impérativement, voire le démissionner avant cette échéance, comme cela a été fait et bien fait au Burkina Faso ou comme la déferlante qui, au Togo est en train de faire abdiquer la classe dirigeante. C’est l’héroïque peuple burkinabè, celui de Thomas Sankara, on s’en souvient, qui a donné le ton et l’exemple en chassant du pouvoir, avec éclat, Blaise Compaoré, l’ami burkinabè du « Professeur » Président Alpha Condé, celui que l’homme d’Etat ghanéen, Jerry John Rawlings, rend responsable de l’assassinat de Thomas Sankara.

 

A suivre…

Par M. Ibrahima Fofana

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