Alimentation : une enquête se penche sur le concentré de tomate « qualité africaine »

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Dans une ouvrage intitulé « L’Empire de l’or rouge. Enquête mondiale sur la tomate d’industrie », édité chez Fayard et présenté dans le « Monde diplomatique », le journaliste Jean-Baptiste Malet passe au crible le marché du concentré de tomate. L’Afrique y apparaît comme un marché « poubelle », qui reçoit des produits de piètre qualité masqués par des emballages mensongers.

 

Il y avait eu, fin 2016, le scandale des carburants « qualité africaine », qui révélait comment certains négociants suisses ajoutaient des additifs toxiques au pétrole à destination de l’Afrique pour augmenter leurs marges. Dans son ouvrage L’Empire de l’or rouge. Enquête mondiale sur la tomate d’industrie, édité chez Fayard et doublé d’un article dans le Monde diplomatique, le journaliste Jean-Baptiste Malet décrit des pratiques similaires ayant cours selon lui sur le marché du concentré de tomate : en Afrique, écrit-il, les grands industriels de la tomate vendent du concentré coupé avec une grande part d’additifs, le tout dans un emballage qui n’en fait pas état.

Le continent africain représente pourtant un immense marché pour ce produit. Le journaliste rappelle qu’en 2014, le Ghana et le Nigeria − premiers importateurs africains de ce produit − ont importé respectivement 11% et 14% du concentré de tomate produit en Chine. La tomate représente 38% des dépenses en légumes de la population ghanéenne. Les boîtes de concentré importées de Chine concurrencent rudement les tomates fraîches cultivées dans le pays. En 2013, le Ghana a importé 109 500 tonnes de concentré, selon les données de la FAO, reprises par Jean-Baptiste Malet. La production nationale de tomate fraîche atteignait, elle, 366 772 tonnes en 2014.

45% de concentré de tomates, et 55% d’additifs

Le concentré de tomate arrive sur le continent par deux couloirs principaux. L’Italie exporte des produits finis vers les quatre coins du continent, mais c’est surtout la Chine qui fournit 70% du marché africain. En retraçant le cycle de production du concentré de tomate chinois, Jean-Baptiste Malet explique comment les barils de concentré partent du Xinjiang, en Chine, avant d’être réceptionnés à Tianjin pour être « retravaillés ». Là-bas, relate-t-il, le concentré est coupé avec de la fibre de soja, de l’amidon, du dextrose et des colorants, avant d’être ré-emballé. Les nouvelles boîtes exportées en Afrique ne mentionnent pas ses additifs. Sur les étiquettes, ne figurent que deux ingrédients : de la tomate et du sel.

Pour confirmer le caractère mensonger de ces emballages, le journaliste s’est ensuite rendu à l’édition 2016 du Salon international de l’alimentation, à Paris, où les grandes conserveries chinoises étaient présentes, en se faisant passer pour un acheteur. Alors que les conserves destinées au marché africain affichent généralement « double concentré de tomate », il réalise qu’elles n’en contiennent en moyenne que 45%, pour 55% d’additifs et colorants. Le journaliste évoque ainsi les concentré Gino, distribué par le groupe indien Watanmal, ou Tasty Tom, distribué par Olam qui « ont longtemps passé commande auprès des mêmes conserveries de Tianjin », d’après lui.

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