Crise à l’UFDG : Pourquoi Cellou a été débouté au profit de Bah Oury ?

Bah Oury  exclu du parti Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) en février 2016, vient d’être réintégré dans cette formation suite à un jugement rendu ce vendredi par le Tribunal de Première Instance de Dixinn. Naturellement, les avocats de l’UFDG ont déclaré qu’ils vont interjeter appel de cette décision.

 

Les avocats de Bah Oury disent que c’est la justice qui a été dite et que désormais la Guinée peut se targuer d’être une véritable République. Les défenseurs de Cellou Dalein parlent, eux, d’une décision qui ne dit pas son nom. Ils comptent rapidement faire appel devant la juridiction compétente pour annuler cette décision.  Mais qu’est-ce qui s’est réellement passé ?

Il n’y a pas longtemps, c’était le camp de Bah Oury qui alertait l’opinion nationale et internationale sur le fait que la justice guinéenne était prête à valider son exclusion du parti.  Les pros Bah Oury dénonçaient entre autre la connexion très poussée entre Cellou Dalein et Alpha Condé. Quand ce dernier a reçu le chef de fil de l’opposition, Bah Oury avait cru tout perdre. La signature de l’Accord du 12 Octobre 2016 avait sonné presque le glas à toute chance de voir la justice guinéenne, qu’on dit aux pas, juger en défaveur de Cellou. Seulement voilà !

Les derniers évènements survenus à Conakry auraient tout chamboulé au détriment du parti UFDG accusé d’être « un partenaire d’Alpha Condé ». Le pouvoir en place a soupçonné l’Opposition d’être derrière les violentes manifestations qui ont secoué Conakry les 20, 21 et 22 février 2017. Alpha Condé en personne n’avait pas hésité d’appeler Cellou Dalein pour se plaindre contre Ousmane Gaoual Diallo, député UFDG, accusé d’être le financier des « loubards » qui ont barricadé les rues de la capitale.

 L’Opposition pilotée par Cellou Dalein Diallo a aussi été pointée du doigt pour ce qui est du déclenchement de la grève de l’intersyndicale professionnelle de l’éducation. Et comme si tout cela ne suffisait pas, c’est cette même Opposition Républicaine qui vient de brandir la menace d’une manifestation pacifique pour dénoncer l’impunité suite aux tueries survenues pendant le grève. Toutes choses qui auraient irrité Alpha Condé et son pouvoir.  

Auparavant, le parti UFDG avait aussi donné un coup de semonce au RPG Arc-en-ciel en récupérant  le parti UDG de Mamadou Sylla son ancien allié. Même les députés élus sous la bannière du parti présidentiel ont transhumé dans le groupe parlementaire  des Libéraux-Démocrates pilotés par l’UFDG. Si on ajoute à cela le départ de Dr.Ousmane Kaba  du RPG Arc-en-ciel, pour fonder le parti PADES, il y avait vraiment de quoi irriter Alpha Condé.

Ainsi, le pas a été vite franchi par certains pour accuser l’Exécutif d’avoir donné des ordres au judiciaire afin de remettre de l’huile sur les braises ardentes au sein du principal parti d’opposition en Guinée. Et le Tribunal de Première Instance de Dixinn serait tombé dans le jeu.

Apparemment, le seul « deal », la petite « trêve » qui avait conduit beaucoup d’observateurs à déclarer qu’il n’y a plus d’opposition en Guinée, c’était donc le vote du projet de loi portant Code Electoral Révisé. Maintenant que ce Code est adopté, les coups fourrés, les manigances politico-politiciennes peuvent reprendre du poil de la bête. Les élections communales pointent à l’horizon, tous les coups sont permis pour affaiblir son adversaire.