S’il faut saluer l’élection historique (c’est la première fois pour un dirigeant guinéen) d’Alpha Condé comme président de l’Union Africaine, il faudrait déplorer la démagogie, la récupération politique et surtout financière de l’évènement en Guinée. Le parti présidentiel et ses alliés compte organiser, le 02 février prochain une grande manifestation à l’occasion du retour en Guinée d’Alpha Condé. Naturellement, cela va nécessiter la mobilisation de plusieurs milliards de francs guinéens et l’asphyxie pour ne pas dire la paralysie des activités.
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Le RPG Arc-en-ciel et le pouvoir dans son ensemble doivent avoir un problème de visibilité pour souhaiter qu’on déclare la journée du 02 février « chômée et payée » parce que tout simplement Alpha Condé a été élu président de l’Union Africaine. Le parti présidentiel et tous ceux qui soutiennent Alpha Condé ont le droit de manifester leur joie, mais de grâce qu’on n’impose pas à tous les guinéens de ne pas travailler ce jour-là, Alpha Condé fut-il le premier de tous les guinéens. Si cela arrivait à se concrétiser, ça serait une première sur le continent. Les tchadiens n’avaient pas, en tout cas, décréter une journée fériée parce qu’Idriss Deby Itno avait été désigné président de l’UA.
Dans un contexte où les routes urbaines et interurbaines sont dans un piteux état et que les populations tirent le diable par la queue, l’on devrait nous faire l’économie des mamayas couteuses. L’élection d’Alpha comme président de l’Union Africaine devrait au contraire servir de leçon pour nous gouvernants afin qu’ils mettent au-devant les priorités de la population.
Ce que les guinéens ne savent peut-être pas, c’est que c’est le pays qui préside l’Union Africaine qui prend en charge tout son cabinet pendant son exercice. La présidence est tournante entre les différentes régions du continent. Cette fois, c’était le tour de l’Afrique de l’Ouest qui avait auparavant unanimement choisi Alpha Condé.
Mais la réforme qui attend le plus le nouvel élu Alpha Condé, c’est le problème de financement. Les Etats membres de l’UA seraient plus enclins à débourser leurs contributions à l’ONU plutôt qu’à l’UA. Une donne qu’il faudrait complètement changer d’ici 2018. Le Nigéria, la Libye et l’Afrique du Sud, principaux bailleurs de fonds de l’UA ont aujourd’hui d’autres chats à fouetter, notamment à cause de la baisse du prix du carburant. Alpha Condé a donc du pain double sur la planche : réussir à la tête de l’Union Africaine et satisfaire rapidement aux besoins des guinéens.