J’ai beau tourné et retourné mon regard, j’arrive pas à te retrouver. La terre aura beau tourné sur elle-même, elle parvient pas à te rattraper. Le soleil aura beau fait ses tours réguliers, il aura pas réussi de ta cachette à t’éclairer. On aura tous beau ton nom hurlé, on aura toujours pas atteint les décibels qui auraient pu te réveiller.
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Où es-tu, mon frère de l’Espace envié, parti cueillir quelques lampions de vérité pour nos esprits affamés ? Où es-tu frêle chasseur d’images dénudées dans un bled où l’on voudrait tout inhiber ? Où es-tu passé ce jour de pluies déchaînées dans une capitale oubliée et pourquoi as-tu décidé de plus rentrer ? Où es-tu foulèdi aussi fèlèkè fèlèkè que celui qui sur cette page, après moult réflexions, a décidé de se lâcher pour interpeller ?
Le temps s’est écoulé. Que de l’eau sous les ponts a coulé et des ordures débordant des égouts dégoûtés ont ponctué notre attente et notre espérance. Nous avons regardé l’horizon bleuté et ta silhouette a toujours pas rappliqué. Nous avons mis nos mains en visière sur nos yeux alarmés, tenu nos hanches dézinguées par la pauvreté, et toujours pas un pas chétif qui rappelle le Chérif de Labé. Nous avons aussi compté le temps et recompté. Pour décanter le miel de notre espoir de ce fiel qui a fini en nous par tout gangrener. Nous avons prié. Nous avons aussi damné. Entre nous je peux te l’avouer. Nous avons sur Lucifer prié. Sur Dieu pissé. Lui et tous les autres par qui nous avons l’habitude de jurer. Oui, nous en sommes arrivés au point d’inverser les ordres établis par ceux qui nous ont précédé. Parce que dans la désespérance absolue du cœur abandonné, l’homme ne garde finalement que la raison de la folie, de l’aliénation et de l’instabilité comme seul fragment du réel auquel il peut s’accrocher. Par ces temps de ta disparition prolongée, nous avons fini par faire un doigt d’honneur aux anges qui nous ont boudé et le serpent des enfers par nos peines a fini de s’installer. A nous de confier désormais ta destinée aux étoiles figées qui dans cieux restent infiniment allumées. Pour que la flamme de ton âme de jeune guerrier soit jamais abrégée. En fait, c’est ce que nous aurions souhaité. Si seulement, s’ils nous avaient dit ce qui t’étais arrivé. Pour que définitivement ton deuil soit porté et consommé…
Comme beaucoup de journaleux de nos médias perfusés, je t’ai connu sur le terrain de la poli-trique tourmentée. Toi d’un côté et mon poulain en face de ton œil acéré, vous deux séparés par l’objectif de ta caméra aiguisée. Je pensais que cette relation aurait duré. Qu’elle aurait longtemps duré. Que sa graine aurait fait pousser un arbre solide de confiance partagée. Des branches propres de proximité, fouettées d’une belle brise de fraternité. Quelle naïveté ! Même pas fichu d’avoir un rêve qui puisse frissonner d’une once de réalité. Sinon, j’aurais su que ce pays a horreur du talent qui a choisi juste de s’exprimer. Ne jamais embêter. Juste émerger, sans soûler. Ne pas contrarier. Juste s’élever. Combattre pour juste exister. Avec humilité. Pour sa dignité. Par la force de son talent confirmé et son goût inné pour le travail bien effectué. Mais à la fleur de l’âge on t’a fauché. T’es parti pour ne plus jamais te retourner. T’as remorqué ta gonzesse de caméra sur ta seconde concubine de moto qui aurait pu jalouser et à travers les trombes de Cona-crimes et les pets incendiaires de nos orages déréglés, tu t’es faufilé. Sans filet. Pour te protéger. Pour te ramener. Au cas où tu te serais égaré. Dans cette journée d’enterrement d’un confrère qui nous avait aussi été précocement arraché, toi aussi t’avais décidé de t’éclipser.
Oh ! Non, pardon. Mille fois pardon pour cette gaffe perpétrée. Tu t’es pas éclipsé. On a plutôt décidé de t’éclipser. Parce que personne ne court à sa mort quand il sait qu’elle l’attend au coin d’une ruelle mal éclairée. Personne ne vient se jeter dans les bras de cette garce de faucheuse si elle ne lui a pas préalablement offert sa danse aguicheuse de piégeuse prostituée et écarté son string en lui exhibant sa pieuvre de foufoune. Personne, je dis bien personne ne mange délibérément de la lame de la moissonneuse quand la jeunesse fringante danse dans son crâne et son caleçon de façon aussi entêtée. Alors dis-nous, frère, pourquoi tu t’es barré ? Dis-nous pourquoi tu t’es laissé biffer et rayer, sans nous laisser une seule trace, une image du forfait de ceux qui nous t’ont enlevé. Pas une petite pellicule qui puisse nous orienter. Pas un pixel qui soit le petit phare qui guide ceux qui ouvrent de pisseuses gueules d’enquête sans jamais avoir la force de les refermer. On attend toujours qu’on nous dise ce qui s’est passé. Pourtant nous devrions désormais être habitué. Il y a des choses ici qui sont dans l’ordre de la constance pour l’éternité : les politi-chiens sont incolores, sans distinction de sigles revendiqués ou de paroles proférées; les enquêtes sont inodores, aux gueules suintant de caca, sans distinction d’insignes ou d’écussons plein de criminalité et les nénettes sont évidemment sans saveur, sans distinction de poches trouillées ou de bagnoles plus ou moins usées. Oups !!! En espérant que ce soit pas une de ces nouvelles nymphettes aux chevelure et poitrine faussement plantées, mais à la braguette plutôt rigide que tapissée, qu’aurait réussi à t’embarquer, que surtout nos cœurs un jour s’apaiseront de la connaissance de ce qui t’est réellement arrivé à défaut de te voir rappliquer, je ferme ma gueule et je dégage !
Soulay Thiâ’nguel