Ces dernières années, il a été beaucoup question du vote ethnique, de partis communautaires dans le microcosme politico-social guinéen. Mon avis sur ce sujet, est qu’il s’agit d’une fuite en avant. Une excuse qui, à force d’être entretenue, risque de cacher la réalité qu’il faut regarder.
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Tout d’abord, posons-nous la question de savoir ce que c’est qu’un parti ethnique ou ethno-régionaliste ?Et pour répondre à la question, empruntons les définitions proposées par Wikipédia qui soutiennent que la plupart des états qui autorisent cette vision politique en Amérique latine, s’accordent à dire que leparti ethnique est une« organisation dont la majorité de la direction s’auto-identifie comme appartenant à un groupe ethnique non dominant, et sa plate-forme électorale inclut des exigences et des programmes d’une nature ethnique ou culturelle »
Du côté de l’Inde, un parti est considéré comme ethnique « s’il se représente ouvertement lui-même comme un défenseur de la cause d’une catégorie ethnique particulière et qui fait de cette représentation un point central de sa stratégie de mobilisation des électeurs ».
Peut être que ces définitions circonscrites dans des régions et pays donnés ne peuvent pas être transplantées littéralement en Guinée. Néanmoins, elles peuvent contribuer au débat à partir du moment où dans notre pays, il est clairement établi que constitutionnellement, il n’y a pas de parti ethnique en Guinée. Notre constitution l’interdit strictement dans son article 3. Et plus loin, l’article 4 de la constitution guinéenne punit quiconque, par un acte de discrimination raciale, ethnique ou religieuse, par un acte de propagande régionaliste ou par tout autre acte, porte atteinte à l’unité nationale, à la sécurité de l’État, à l’intégrité du territoire de la République ou au fonctionnement démocratique des institutions…
Cependant, la liberté du vote et de conscience donne la latitude à chaque électeur de choisir sur ces propres critères le parti ou le leader qui lui convient. À partir de là, le fait qu’un électeur décide même sur des critères qui nous paraissent irrationnels de choisir tel ou tel leader ou parti ne pose en soit pas de problème si l’on respecte la liberté de chacun dès l’instant que son choix ne viole aucune loi.
Dans la mesure où les lois guinéennes ne sont ni ethniques ni communautaires (art 3 et 4 de la constitution), il faut donc plutôt mener le débat sur l’essentiel: la gouvernance dans notre pays. Celle qui, au mépris de nos lois et de nos coutumes fait de la question ethnique un élément de division de la société. Pour être plus clair, ce qu’il faut plutôt dénoncer, c’est la violation de la loi par le président Condé et la majorité présidentielle, qui dans leurs faits et discours, montrent que seuls leurs électeurs (ethnique) comptent à leurs yeux.
Dès l’instant que le Président ou les membres influents de la majorité présidentielle montrent que ne peuvent accéder aux responsabilités du pays, ou ne peuvent bénéficier des financements publics que ses électeurs (majoritairement d’une seule ethnie), on installe l’ethnie au centre de la décision. L’ethnie ainsi devient le seul levier de promotion, de reconnaissance et par conséquent source de clivage et de division ethnique.
Quand le président du RPG ARC-EN-CIEL dit, qu’il donne la primature à la basse côte, la présidence de l’assemblée nationale à la forêt etc. Il consacre par ces actes l’ethnocentrisme et le communautarisme qui sont punis par nos loi.
Si au contraire, les gouvernants agissaient conformément à la loi qui bannit les références ethniques et communautaires, en s’occupant des problèmes des Guinéens indépendamment de leur vote, en traitant tous les citoyens de la même manière, alors non seulement le vote ethnique n’aurait aucun sens dans la décision, mais le citoyen trouverait une autre motivation pour choisir son dirigeant.
Autrement dit, le vote ethnique ou communautaire pose moins de problèmes que le comportement la gouvernance qui nous est servie par Alpha Condé et ses adeptes. Vous comprendrez alors que notre problème réside non pas dans le libre choix de l’électeur, mais dans la façon dont le dirigeant gère.
La parfaite illustration qu’on puisse avoir à ce titre, c’est l’élection du président Obama aux Etats-Unis d’Amérique en 2008. La quasi-totalité des noirs américains (et même des noirs du monde s’ils avaient la possibilité de voter) avaient choisi Obama, certainement pour beaucoup parce qu’il était noir et les ressemblait. Mais ce dernier gouvernant l’Amérique suivant les lois de son pays, les citoyens américains (y compris les blancs) ne voient aucune différence entre ses prédécesseurs blancs et lui. Même l’Afrique, le continent d’origine de son père, ne fait pas de différence entre le président Obama et le président Clinton (pour parler des démocrates).
Alors, si notre pays veut soigner ce mal, alors nous devons faire l’effort de gouverner par loi. Du coup, la gouvernance d’Alpha Condé étant tellement enfoncée dans cette dérive qu’il est impossible de le récupérer, lui-même s’étant montré imperméable aux principes de base de la démocratie, la seule et unique option qui nous reste, c’est de le changer. En d’autres termes, nous avons plutôt intérêt à nous attaquer, non pas à cette fausse idée de vote ethnique ou de parti communautaire, mais à la malgouvernance ethno-communautaire !
Ousmane Gaoual
Député de Gaoual
Vice-président de la commission défense et sécurité
Membre de la commission des lois.