Un adage malinké dit : « la parole mange l’homme ». Un autre adage bien connu dit : « si tu n’as rien à dire, tais-toi ». Jamais un Président de la République n’a été acculé médiatiquement en Guinée comme l’est Alpha Condé en ce moment, à cause de sa parole. Nous vous livrons in extenso ces paroles qui rattrapent le Chef de l’Etat guinéen et qui suscite la colère des cadres malinkés qui l’ont toujours supporté.
« Mais je suis venu pour toute la République de Guinée. Ceux qui se tapent la poitrine aujourd’hui pour dire qu’ils sont Malinkés, ils étaient là, est-ce qu’ils avaient ce pantalon pour dire cela à l’époque en 1991. Quand je suis venu, vous (les Malinkés) m’aviez dit que vos bouches étaient dans le sac. Est-ce que vous osiez de parler ?
Aujourd’hui, vous dites Malinké, Malinké. Cela veut dire quoi ? Moi, je ne suis pas venu pour travailler pour une ethnie. Des gens les plus malhonnêtes de ce pays, ce sont des cadres Malinkés car, ce sont eux qui partaient voir le général Lansana Conté pour être nommés afin de combattre le RPG. Ceux qui s’agitent, laisser-les s’agiter. On ne peut être trahi que par ses amis et tel a été toujours le cas. Les gens ne savent pas, le RPG est habitué. Quand je suis venu, il y a des gens qui m’ont accompagné, telles que les coordinatrices, Aissétou Bobo, Bho Camara, Domani, Hadja Penda, Naténin Diallo (…). Nous avions fait toute la Guinée, vous connaissez les routes de la Guinée comment elles sont. Tous ceux qui ont mené la lutte clandestine, il y avait aucun Malinké dedans. Je répète aucun Malinké, c’était des Bagas et des gens de Lola. Ils mettaient les brochures dans les sacs de savon Omo (détergent, ndlr) après ils ajoutaient l’Omo pour le faire rentrer au pays. Pendant ce temps, aucun cadre Malinké n’a été arrêté sauf Kéréma. A cette époque, les Malinkés étaient où ? Ils (les Malinkés) m’ont dit, Alpha tu es Malinké, pour avoir le pourvoir, il faut le sang humain. J’ai répondu partout même dans les mosquées que je ne suis pas venu pour gouverner les cimetières. Pendant tout notre temps dans l’opposition, on n’a cassé aucun véhicule à plus forte raison tuer car, on ne marche pas sur les cadavres pour prendre le pouvoir. Je ne suis pas venu pour donner le pouvoir aux Malinkés, mon parti s’appelle, le Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG)…. ».
Aujourd’hui que certains caciques du parti essaient de minimiser ces propos est révoltant. Alpha Condé sait bien de quoi il parle. Ceux qui se sont sentis concernés n’ont pas tardé à réagir. C’est de bonne guerre. Si Alpha avait tenu ses propos avant qu’il ne soit au pouvoir, il est certain qu’une grande partie de la Haute Guinée n’aurait pas voté pour lui.
Maintenant qu’il pourrait ne plus candidater en 2020, il peut dire toutes les vérités. N’en déplaise à ceux qui souhaitent utiliser le bétail électoral de la Haute Guinée pour le remplacer en 2020.
Au-delà de la fierté ethno-communautariste que les uns et les autres démontrent en répondant à Alpha, il y a l’enjeu électoral de 2020. Désormais, chaque potentiel candidat malinké veut se présenter comme l’homme providentiel capable de sauver son groupe ethnique. C’est ce qui est dommage dans cette affaire.
Ce n’est quand même pas la première fois qu’Alpha s’en prend aux cadres d’une ethnie dans ce pays. Souvenez-vous de ses premières sorties à Kindia puis à Dixinn en 2010. Il avait qualifié certains commerçants peuls de tortues….Il n’avait pas, non plus, hésité de traiter ses opposants de « chiens ». Parmi ceux qui s’agitent aujourd’hui pour condamner Alpha, qui avait osé lever le petit doigt ? Qu’on arrête de se moquer des Guinéens.
Si Alpha Condé ne savait pas que la « parole mange l’homme », a présent, il est bien servi. Mais que ceux qui savent qu’ils n’ont rien à lui dire, se taisent.
