Révision de la Constitution en Guinée : Alpha Condé prépare-t-il une transition militaire ?

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Dimanche, 15 mai 2016, le Président Alpha Condé a semé le doute dans la tête des guinéens  en refusant de promettez de respecter les deux mandats que lui confère la Constitution Guinéenne.  Le débat est lancé au niveau de la classe politique et de la société civile. L’analyse de la sortie du Chef de l’Etat guinéen ressort trois probabilités qui l’auraient poussé à réagir de la sorte.

 

La première, plus simple, est qu’Alpha Condé veut faire oublier les accusations de corruption dans le dossier Sable Mining qui éclabousse son fils Mohamed. Il s’est ouvertement attaqué à ceux qui « s’en prennent au fils à défaut d’avoir des choses sur le père ».  C’est un secret de polichinelle de demander si quelqu’un dans la salle de conférence de Sékouthoureyah connaissaient le visage de son fils. Pour vivre longtemps, et devenir de facto très dangereux, le serpent se terre toujours. En réorientant le débat sur la révision constitutionnelle, Alpha a un peu réussi.

La deuxième hypothèse, très sérieuse, est celle du constat de l’échec de son deuxième et énième mandat. Le Président Guinéen s’est rendu compte que les promesses qu’il a tenues ne seront pas toutes satisfaites en cinq ans. Pour lui, la solution est celle de faire tripatouiller la Constitution pour se tailler un troisième mandat. Il sait bien ce qu’il fait et a sans doute consulté Paul Kagamé et Denis Sassou N’Guesso. Ces deux ami,  Présidents respectivement du Rwanda et du Congo-Brazzaville, ont réussi, chacun en ce qui les concerne, à organiser des référendums pour déverrouiller les articles de leurs différentes Constitutions et qui les empêchaient de briguer un troisième mandat. C’est l’exemple qu’Alpha cite. Il oublie royalement de parler de son ami le beau Blaise Compaoré, l’ex-Président du Faso.

Alpha Condé se prend pour l’homme providence, despote des années 60, sans lui, c’est le chaos en Guinée. Au sein de la mouvance présidentielle et même dans les rangs du RPG-Arc-en-ciel, ceux qui avaient vite compris les velléités révisionnistes d’Alpha se sont rapidement éloignés du parti. C’est le cas d’Alhussein Makanera Kaké. Celui-ci savait bien de quoi il parlait, lorsqu’il a créé le Front Uni pour la Démocratie et le Développement (FUD) avec Papa Koly Kourouma.

La troisième hypothèse, la plus dangereuse, est celle de créer un climat de pagaille dans le pays suite à une tentative de modification de la Constitution. Alpha Condé qui estime que les opposants actuels, notamment Cellou Dalein Diallo, ne peuvent pas le remplacer à la tête de l’Etat guinéen. Il a toujours manifesté sa haine envers les anciens Premiers Ministres ( Sidya Touré, son Haut Représentant était visiblement gêné à cette conférence) qu’il accuse d’avoir contribué à mettre la Guinée à genoux.  

Pour quelqu’un qui a lutté quarante ans dans l’opposition et qui a utilisé tous les coups bas pour parvenir là où il est aujourd’hui, Alpha sait qu’en déclenchant le déverrouillage de l’article 154 de la Constitution, il engage la Guinée dans une spirale de violence. Naturellement, étant en fin de mandat, il n’aura rien à perdre lorsqu’un petit soldat s’autoproclamera le nouvel homme fort du pays, à l’issue de la pagaille qui sera créée. Il veut nous conduire à scénario à la Burkinabé ou au Malien (du temps d’Ahmadou Haya Sanogo).

En somme l’attitude d’Alpha Condé est machiavélique, anti-démocratique et dans les conditions normales, la Cour Constitutionnelle, devant laquelle il avait juré de respecter et de faire respecter la Constitution, devrait le poursuivre pour parjure.

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