Gouvernement du Premier Ministre Mamady Youla : Cent jours pour rien !

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Ce 31 mars, cela fait cent jours depuis la nomination du Premier Ministre, Chef du Gouvernement Mamady Youla et la formation du nouveau gouvernement. Malgré l’engouement qu’avait suscité la nouvelle équipe, les espoirs ont été vite déçus.

 

Le second quinquennat d’Alpha Condé a commencé à battre de l’aile dès son démarrage. Mamady Youla, nouveau Premier Ministre, termine par où il aurait dû commencer : l’organisation d’une retraite gouvernementale pour fixer les grandes lignes et donner des feuilles de route aux ministres.  Il a attendu 100 jours pour programmer la retraite  pour le 1er et 2 avril à Conakry. La rencontre, initialement prévue à Kindia, a été délocalisée faute de moyens logistiques. 

Les orientations stratégiques du deuxième mandat d’Alpha Condé n’étant pas connues d’avance, personne ne peut dresser un bilan.  Il s’agit de 100 jours pour rien. A peine nommé, Mamady Youla été confronté à une fronde au sein du RPG Arc-en-ciel.  Le parti présidentiel s’est plaint d’avoir été mal récompensé.  Les frondeurs étaient allés jusqu’à dénoncer le népotisme et le favoritisme dans le choix des nouveaux ministres.

Après cette fronde, vient la grève générale et illimitée déclenchée par les syndicalistes. Du 15 au 19 février 2016, toutes les activités ont été paralysées. Mais la principale revendication, à savoir la baisse du prix du litre à la pompe, n’a pas été réalisée.  En même temps, les guinéens ont été soumis à des nouvelles taxes : hausse de 20% de la TVA sur la farine, l’huile et les autres denrées alimentaires, sur taxation des appels , les surfacturations au niveau de la douane, la hausse des prix des connexions internet et autres datas.

Le pays ne pouvait pas ne pas sombrer dans la récession économique. La crise  continue de frapper tous les secteurs clés. Elle a été surtout exacerbée par les détournements des deniers publics, la corruption, la mal gouvernance et l’attribution des marchés par le gré à gré à des sociétés et entreprises proches d’Alpha Condé ou de son fils ou du Premier Ministre. Un réseau mafieux qui a fait main basse sur le secteur minier et énergétique. A cela s’ajoute l’endettement du Trésor Publique Guinéen à hauteur de 1800 milliards de Francs Guinéens auprès de la Banque Centrale.

Durant ces 100 jours, sur le plan politique, non plus, il n’y a pas eu des avancées. Les méfiances entre le pouvoir et l’opposition ont atteint leur paroxysme avec l’organisation des journées villes mortes les 30 et 31 mars par l’opposition, pour exiger la baisse du prix du carburant.  Auparavant, les questions électorales n’ont pas, non plus, abouties à un consensus. L’accord du 20 août qui prévoyait l’organisation des communales et locales en fin juin 2016 a été violé. La CENI propose un chronogramme pour octobre 2016.

Le dialogue politique interrompu depuis août 2015 peine à redémarrer.  Ibn Chambass, représentant de Banki-Moon en Afrique de l’Ouest est dans nos murs, pour colmater les brèches. Il a eu des séries de rencontres avec des représentants de la mouvance et de l’opposition. Reste à savoir s’il parviendra à renouer le fil du dialogue entre ces deux entités.

En attendant,tous les regards sont tournés vers Mamady Youla et son équipe gouvernementale. Les retraites du 1 et du 2 avril ne devraient point être des poissons pour les guinéens.

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