Si Alpha Condé caresse le rêve réviser la Constitution guinéenne pour un troisième mandat, il trouvera sur son chemin la Cour Constitutionnelle. Si encore quelques esprits retords envisagent un « koudaïsme » comme ça avait été le cas du temps de feu Général Conté, le peuple veillera jalousement sur le respect des délais constitutionnelles en Guinée. Le Président de la République est élu pour deux mandats, un point final. Lors de la prestation de serment d’Alpha Condé pour un second mandat, le Président de la Cour Constitutionnelle a été, on ne peut plus très clair. Son message est allé droit au coeur de Denis Sassou N’Guesso, président du Congo-Brazzaville. Lisez plutôt ces extraits.
«Les Guinéens dans leur majorité et le Tout Puissant et Miséricordieux ont voulu que ce soit vous, Pr. Alpha Condé qui présidez aux destinées de notre pays. Telle est la loi de la démocratie : la gouvernance par la majorité et ce, dans le respect de la minorité.ous vous êtes engagé solennellement à respecter la constitution et les décisions de justice, à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale. Par cet acte, vous venez de faire une déclaration de loyauté et d’engagement signifiant que force doit rester à la loi et que nul n’est au-dessus de la loi. C’est cela un Etat droit, un Etat dans lequel aussi bien l’Etat que les citoyens sont soumis sans distinction à l’autorité de la loi’’, a-t-il fait remarquer au président Condé qui venait de prêter serment.
Vous avez été réélu le 11 octobre 2015 pour continuer la lutte du peuple contre la misère et l’immoralité. La confiance que nos concitoyens viennent de vous renouveler est une reconnaissance pour l’effort fourni et les résultats obtenus au cours d’un mandat marqué par une crise sanitaire inattendue et sans précédent et une série de manifestations politiques. Malgré ce contexte, vous avez pu réaliser des exploits. Pourtant, il y a 5 ans, en prenant en main les destinées de la Guinée, il y avait beaucoup à faire ou à refaire si bien qu’aujourd’hui encore, ce qui reste à faire est énorme.
A cet instant précis, je ne doute point que l’un de vos soucis est de laisser l’image positive d’un homme d’Etat visionnaire, talentueux et bâtisseur de la Guinée moderne. Vous êtes déjà entré dans l’histoire pour avoir amorcé avec succès le défi de l’électrification de la Guinée par la construction de barrage de Kaléta. Chantiers de l’éducation de qualité pour tous, de la couverture sanitaire universelle, de la lutte contre l’impunité, de la préservation et la récupération du domaine public et maritime, de la sécurité de nos concitoyens et de leurs biens, des emplois durables et décents, de la poursuite des investissements dans le secteur de l’électricité ou enfin d’une administration d’Etat figureront certainement parmi les priorités de votre quinquennat. En tant que président de la République, vous devez être le rassembleur, au-dessus des partis politiques et des contingences. C’est là votre défi.
La Guinée est une famille, nous le disons à toutes les occasions. Alors, unissons-nous dans la fraternité pour mieux nous connaître ; nous comprendre, nous apprécier, nous aimer et rester toujours solidaires. N’excluons personne. Encourageons et favorisons le débat inclusif dans la richesse que constitue, en plus de celle du sol et du sous-sol, notre diversité ethnique et culturelle. Faisons en sorte que désormais, gouvernants et gouvernés, membres ou non des partis politiques acceptent que les affaires de l’’Etat ne soient le bien de personne. Elles appartiennent au peuple qui en délègue la gestion temporaire, non pas à un maître comme on a souvent tendance à le peser, mais à un serviteur », a martelé le président de la Cour Constitutionnelle qui exhorte le chef de l’Etat à garder constamment à l’esprit que «quand on est devant, l’on doit être le référentiel mais quand on est derrière, que personne ne vous regarde.
La conduite de la Nation doit nous réunir autour de l’essentiel. Ne vous entourez pas d’extrémistes, ils sont nuisibles à l’Unité nationale. Evitez toujours les dérapages vers les chemins interdits en démocratie et en bonne gouvernance.
(…) Gardez-vous de succomber à la mélodie des sirènes révisionnistes car, si le peuple de Guinée vous a donné et renouvelé sa confiance, il demeure cependant légitimement vigilant».