Les attentats terroristes qui ont frappé Paris, la capitale française il y a quelques semaines et ceux qui ont touché Bamako dernièrement ont mis les autorités guinéennes en alerte. Le Mali et la Guinée étant les deux poumons d’un même corps, comme aiment à le répéter certains nostalgiques de la Révolution, Alpha Condé est monté au créneau cette semaine contre le port du voile intégral en Guinée.
Le Chef de l’Etat guinéen a demandé à ses compatriotes d’être vigilants dans les quartiers pour ne pas « que ce qui arrive au Mali n’arrive pas ici ». « Faites extrêmement attention dans les quartiers, chacun doit être policier. Toutes les écoles coraniques où les apprenants vont avec le voile intégral on va les fermer. Je ne veux pas ça dans le pays, parce que ce n’est pas dans nos coutumes. Il faut que ça soit très clair, on ne veut pas le terrorisme en Guinée », a martelé Alpha Condé.
En s’exprimant de la sorte, il tombe dans l’amalgame. Il confond le terrorisme au port du voile intégral. Ceux qui ont perpétré les attentats à Paris et à Bamako portaient des cagoules et non un voile. Ces terroristes sont des trafiquants de drogue, des bandits de grands chemin, des drogués. Attention à l’amalgame. Les clichés, les stéréotypes et autres ne sont pas de nature à arranger les choses. L’Etat devrait plutôt contrôler les frontières terrestres, notamment celles voisines du Mali où des djihadistes n’hésitent pas tirer sur tout ce qui bouge.
En menaçant de fermer certaines écoles coraniques où les apprenants portent le voile, Alpha Condé en rajoute à la psychose générale. Le mieux aujourd’hui, pour la Guinée, c’est de revoir complètement sa stratégie sécuritaire. Au lieu de gaspiller beaucoup d’argent en nourrissant la Grande Muette, le budget du Ministère de la Défense devrait être partagé pour doter les services de renseignement (police et gendarmerie) de moyens. Les frontières très poreuses devraient être surveillées avec des équipements de dernière génération. Il faut passer aux actes.
Mais la lutte contre le terrorisme étant devenu un fonds de commerce pour certains dirigeants africains, Alpha Condé sait compter sans doute sur le soutien des grands de ce monde.
