Evasion à la Maison Centrale de Conakry : Comment en sommes-nous arrivés là ?

0
296

La capitale guinéenne a été secouée ce lundi par une mutinerie au sein de la Maison Centrale de Conakry, le plus grand pénitencier du pays. Il y a eu des blessés chez les prisonniers et chez les agents de maintien d’ordre appelés pour un renfort. Dans la débandade généralisée dans la prison, cinq détenus seraient portés disparus pour ne pas dire tout simplement « qu’ils se  seraient évadés ». Leur identité n’est pas encore révélée.

Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!

 

C’est aux environs de 11h que le mouvement a démarré dans l’enceinte de la Maison centrale de Conakry. D’aucuns soutiennent qu’un petit groupe a voulu passer par un trou lorsqu’il a été dissuadé par des tirs de sommation. C’est ce qui aurait alerté les autres. Et bonjour la débandade !

Aussitôt, l’alarme est sonnée. Le Général Ibrahima Baldé envoie un renfort sur les lieux. Le secteur est complètement quadrillé par les forces de maintien d’ordre, notamment avec la présence de l’Armée. Aux environs de  15heures, alors que tout le monde pensait que la situation était maîtrisée, des tirs retentissent à nouveau à l’intérieur de la garnison. Des tirs qui ont éclaté en présence du  Premier Ministre Mohamed Saïd Fofana et d’autres personnalités venus s’enquérir de la situation. Des négociations sont engagées avec les prisonniers mutins sous la coordination du commandant des escadrons de la gendarmerie nationale. En attendant la fin des négociations avec les prisonniers grognards, les détenus  les plus vulnérables notamment des femmes (parmi elle Fatou Badiar) ont été transportés dans des camions militaires, vers d’autres lieux de détention.

  

 

 

Mais comment en sommes-nous arrivés-là ?

Le mécontentement proviendrait des mauvaises conditions de vie et de détention à la Maison Centrale de Coronthie. Dans ce pénitencier construit au départ pour abriter quelque quatre cent (400) personnes, ils sont aujourd’hui des milliers à y être détenus. Les conditions de vie sont à la limite de la survie. Les prisonniers sont entassés en centaine dans des cellules où il n’y a ni lumière ni suffisamment d’air pour respirer. A cela s’ajoute des nombreuses maladies contagieuses qui tuent certains par manque de médicaments. Les prisonniers ne mangent pas à leur faim. C’est la goutte d’eau qui a débordé ce lundi. Vivement la fin de la construction de la prison de Yorokoguia, dans la préfecture de Dubréka.

Pour être complet sur ce dossier, en 2014 déjà, l’ONU avait publié  son rapport sur la situation des droits de l’homme dans les lieux de détention en Guinée. Selon ce rapport, les condamnés et les prévenus sont détenus dans des établissements pénitentiaires surpeuplés et insalubres qui ne répondent pas aux normes internationales des droits de l’homme.

Sur la base des visites effectuées par le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme en Guinée dans 30 centres de détention et 53 postes de police et de gendarmerie, le rapport documente des violations des droits de l’homme commises à différents stades de la chaîne pénale, parmi lesquelles le non- respect des garanties procédurales lors de l’arrestation, de la garde-à-vue et dans la conduite du procès pénal.

« L’application des droits fondamentaux et des garanties procédurales, comme le droit au respect de l’intégrité physique et morale, le droit à la défense au cours d’un procès pénal et le droit de toute personne arrêtée d’être traduite devant un juge dans un bref délai et d’être jugée dans un délai raisonnable, souffre de sérieuses restrictions », indique le rapport. Le rapport recense également de nombreux cas de torture et autres mauvais traitements commis dans les lieux de détention.

Le rapport mentionne le « recours quasi-systématique à la détention provisoire » et l’absence d’audience régulière comme étant les principales causes de la surpopulation dans les prisons guinéennes. À la Maison centrale de Conakry, par exemple, sur un total de 1140 détenus en mai 2013, seulement 250 avaient été condamnés alors que 890 étaient en détention provisoire. La Maison centrale de Conakry a été construite à l’origine pour accueillir 300 prisonniers.

 

 

Commentaire